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Sire de Sei, la Normandie en toute liberté!
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19 septembre 2022

HISTORIQUES et PLANETAIRES: Les funérailles de la Reine d'Angleterre dans l'abbatiale de Guillaume Le Conquérant...

Billet de Florestan:

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Après une dizaine de jours de pompes et de circonstances extraordinaires pour la célébration nationale des funérailles de feue sa gracieuse majesté Elizabeth II Reine d'Angleterre, d'Ecosse, d'Irlande du Nord et souveraine en bien d'autres lieux et contrées y compris encore sur notre Normandie des îles, la dernière cornemuse vient de se faire entendre sous les voûtes en éventail fastueusement festonnées de la chapelle Saint George du château de Windsor, l'un des plus grands d'Europe, fondé par Guillaume Le Conquérant et qui fait office de seconde résidence royale officielle après le palais de Buckingham: la reine vient de rejoindre son prince consort pour l'éternelle attente d'une vie meilleure et éternelle dans le sein de Celui qui seul justifie, juge et pardonne.

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Le souverain britannique est la dernière tête couronnée d'Europe a faire l'objet d'un sacre: la cérémonie immémoriale se tient d'ordinaire en l'abbatiale de Westminster depuis le sacre du duc Guillaume de Normandie, le Conquérant comme roi d'Angleterre à la Noël 1066, selon un rituel qui n'a guère changé depuis près de 1000 ans. C'est ainsi que le roi ou la reine du Royaume-uni est plus qu'un chef de l'Etat ou un monarque constitutionnel ne faisant qu'inaugurer des plaques de rues: sacré tel un prêtre, le souverain incarne en sa personne la tête de l'Etat mais aussi l'unité de la Nation britannique toute entière dans un lien avec l'Au delà. La transcendance est assumée, célébrée, proclamée, chantée par tout un peuple: la raison qui dessèche tout ce qu'elle touche s'éloigne et les larmes paraissent au balcon de notre âme.

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Cette dizaine de jours mis à part, extraordinaires, furent moins ceux d'un deuil qu'un congédiement bienheureux et salutaire de la médiocrité contemporaine habituelle: il est même certain que ce soir, fierté et nostalgie mêlées habitent le coeur de nombreux citoyens britanniques, sujets de sa Gracieuse Majesté et qu'ils ont vécu cette séquence féérique quasi médiévale comme une parenthèse enchantée à vivre le plus intensément possible avant de plonger totalement dans la merde des réalités sociales, économiques, financières, énergétiques ou géo-politiques.

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Comme 4 milliards de télespectateurs dans le monde entier, j'ai suivi la retransmission en direct de la procession de Westminster Hall à Westminster Abbey puis à l'office funèbre admirablement chanté par les voix angéliques de la maîtrise des lieux avec ses éclats de trompettes, ses cantiques anglicans surannés et communautaires solides comme des châteaux normands, les mille-et-un feux des diamants des régalia posés sur le cercueil fleuri de roses, les uniformes rouges brocardés d'or de la garde des Yeomen qui veillent, d'ordinaire, sur les joyaux de la couronne à la Tour de Londres construite par Guillaume le Conquérant ou les habits des hérauts d'armes portant les couleurs blasonnées de la maison royale des Windsors aux trois léopards d'or normands d'Angleterre passant et gardant sur champ de gueules écartelés avec le lion de gueules d'Ecosse sur champ d'or et la harpe d'Irlande d'or posée sur champ d'azur...

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Comme l'a dit Pascal Praud sur Cnews d'une formule qui a fait mouche: "ces funérailles, c'est la rencontre improbable, fascinante entre le Moyen-âge et le smartphone." Et cette rencontre que l'on soit croyant ou non, monarchiste ou républicain a probablement fait du bien à tous en montrant de façon éclatante, édifiante, solennelle, émouvante, qu'il y a bien une hiérarchie des valeurs et des moeurs humaines. Par ces funérailles d'Etat à la fois simples et grandioses que la défunte Reine a voulu en l'abbatiale de Westminster, l'église nationale des sacres qui est pour tous les Britanniques ce que seraient pour les Français, tout à la fois, le Panthéon, la cathédrale de Reims ou la basilique de Saint-Denis, Elizabeth II a souhaité s'adresser à nous tous et à la partie la plus élevée, la plus noble et la plus aristocratique qui est en nous... En un mot, celle qui fut "tout pour tous" a souhaité par cette cérémonie préparée depuis des années et dont chaque détail avait été supervisé par elle, nous rappeler que nous avions tous une part divine en nous.

Alors, oui c'est vrai, certains furent plus ou moins à la hauteur de cette liturgie chorégraphiée à la minute et à chaque détails près et la principale faute de goût fut, d'ailleurs, française avec un couple Macron se baladant, désinvolte, en jeans basket et Ray Ban sur le nez dans les rues de la capitale anglaise quelques instants avant de se présenter au Westminter Hall, chef d'oeuvre de l'architecture normande du XIIe siècle, pour rendre un dernier hommage au corps de la défunte reine: la presse britannique n'a pas manqué de parler de ce couple à la notoriété usurpée qui a confondu funérailles d'Etat pour celle qui succéda à Guillaume le Conquérant sur le trône d'Angleterre après trente générations et petit week-end petit-bourgeois en amoureux à Londres...

D'ailleurs, ce temps suspendu par un charme venu du fond des âges, a sérieusement mis à l'épreuve nos journalistes français dont l'inculture religieuse et historique fut cruellement révélée: tandis que l'un confondait un psaume avec un évangile, un autre ne sachant comment dire la chose évoqua bizarrement un "théâtre au centre de quatre nefs" pour évoquer certainement, les transepts, la croisée et le choeur avancé sur la nef fermé par un jubé surmonté de ses deux orgues, au centre de l'abbatiale de Westminster... L'Angleterre n'ayant pas connu toutes nos fureurs révolutionnaires ou réformatrices, les jubés ont été conservés dans la plupart de ces grandes cathédrales jadis fondées et construites par les Normands. Sur France Info on poussa la pédagogie jusqu'à justifier la nécessité de dire à l'antenne des "textes bibliques" (sans préciser lesquels) en expliquant que "l'Angleterre n'était pas un pays laïc"... Quelle misère!

De cette cérémonie nous retiendrons longtemps en mémoire certains détails symboliques et émouvants:

La légère station des huit horse guards portant le cercueil de la Reine lorsque sur le pavé de la nef de l'abbatiale leurs pieds foulèrent le marbre noir de la tombe de Sir Winston Churchill, avant d'effectuer un léger détour pour contourner la tombe du soldat britannique inconnu incrusté plus loin dans le pavé de la nef...

Les trompettes au jubé sonnant le "last post" et son réveil dédiés aux morts pour le drapeau britannique et les deux longues minutes de silence qui figèrent une partie notable de l'humanité...

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Le chant d'une full anthem par la maîtrise de Westminster: une mélodie du compositeur Ralph Vaughan Williams que la défunte reine aimait beaucoup et qui plana angéliquement sous ces voûtes gothiques de 31 mètres de haut... Mais aussi, la musique du génial Henry Purcell, l'Orphée anglais chantée là depuis plus de quatre siècles... Mais surtout, deux pièces de musique contemporaine dont une totalement inédite composée par Judith Weir, maître de musique de la reine pour la circonstance sur le texte du psaume 42: "comme un cerf altéré brame pourchassant le frais des eaux." 

A la fin du service, en guise de "voluntary" à l'orgue, on entendit un prélude de Jean-Sébastien Bach, bien évidemment...

https://fr.news.yahoo.com/fun%C3%A9railles-delizabeth-ii-deux-morceaux-102810176.html

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Une Première ministre d'Angleterre toute de noire vêtue nous lisant un extrait bien connu d'une lettre de Saint Paul apôtre: "Mort où est ta victoire? Mort où est ton aiguillon?" (Imaginons Elisabeth Borne dans pareil exercice...)

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Le son de la cornemuse qui réveillait chaque matin la reine sous sa fenêtre et qui, dans les hauteurs de l'édifice gothique, résonnait (et non pas qui "raisonnait" comme on a pu le voir écrit sur les bandeaux déroulants d'une chaîne de télé dont on taira le nom par charité chrétienne...)

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Un rituel archaïque et mystérieux, tel le dépôt des regalia (la couronne, l'orbe et le sceptre) sur le maître autel au chevet de l'église ou encore le lord "chamberlain" de la maison royale brisant sa baguette de bois en deux pour symboliser le passage d'un souverain à l'autre.

Et, enfin et surtout, le chant puissamment communautaire de l'hymne national "God save the King" chanté avec toute la dévotion et l'emphase nécessaires par l'assemblée et la maîtrise tournoyant dans les aigus avec les trompettes éclatantes du jubé:

Le seul qui ne chantait pas et qui, protocolairement, ne pouvait pas chanter c'était le nouveau roi Charles III, les yeux perdus dans l'émotion avec, soudain, sur les épaules, le poids des siècles d'une monarchie qui existe, finalement, depuis un certain... Guillaume Le Conquérant.

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Capture d’écran du 2022-09-20 00-21-48

La dépouille de la défunte reine arrive au château de Windsor:

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Pour écouter et revoir en intégralité le service funèbre en l'abbatiale de Westminster:

https://www.youtube.com/watch?v=WbYfZ3iGwrs

 

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Commentaires
F
Très drôle en effet! Et il faut craindre que cette paronymie entre spectre et sceptre ne soit pas le résultat d'un simple hasard. De même, sur le bandeau d'une autre chaîne d'info en continu bien connu, on pouvait lire aussi ceci "L'hymne national raisonne à Westminster" ça fait effectivement réfléchir sur le niveau des journalistes.
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G
n'étant pas amateur de messes médiatiques, le soleil et le jardin m'appelant à l'extérieur, je n'ai rien vu, en revanche j'ai beaucoup ri en entendant la journalo-présentatrice d'Europe 1 d'un journal de la mi journée annoncer qu'on pouvait voir le "spectre" de la reine sur le cercueil... je n'ai pas réussi à savoir si c'était une erreur de lecture ou une ignorance crasse, en tout cas, c'était assez amusant vu les circonstances.
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