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Sire de Sei, la Normandie en toute liberté!
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Sire de Sei, la Normandie en toute liberté!
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29 novembre 2023

IL FAUT SAUVER LA LANGUE VIVANTE NORMANDE menacée d'être un nouveau... LATIN du français et de l'anglais!

Billet de Florestan:

Voilà un article ressemblant à une oraison funèbre paru dans l'organe officiel du "pouvoir doux" breton dans tout l'Ouest de la France qui devrait alerter du côté du Conseil régional de Normandie: Si Ouest France condescend à écrire un article relevant le témoignage ou, plutôt, l'appel au secours du dernier prof enseignant la langue régionale normande dans le dernier collège de Normandie où cette dernière est encore enseignée, c'est qu'il y a vraiment péril en la demeure normande!

Renaud Girard qui a repris avec courage et volonté le flambeau laissé par Mme Marie-Claire Lecoffre tragiquement décédée en 2021 se fait ici volontier lanceur d'alerte:

Si la situation institutionnelle reste en l'état avec une Education Nationale aussi sourde que jacobine face à cette particularité linguistique normande qui participe de l'authentique et historique diversité culturelle fondatrice de la civilisation française et de sa langue elle-même menacée dans son usage et son rayonnement par un certain affaissement syntaxique et un redoutable affadissement dans la banalité médiocre du globish, il ne restera plus rien ou presque de l'usage de la langue normande du Cotentin ou du Pays-de-Caux, les deux pays normands où elle se parle encore, après la disparation prochaine des générations nées avant la Seconde Guerre mondiale ou dans les années 1950-1960, époques où la langue normande ou "patois" était encore quotidiennement parlé dans nos villages et nos bocages, car aucune nouvelle génération de locuteurs ne sera suffisamment forte pour maintenir l'usage d'une langue vivante...

Le Normand risque de devenir définitivement un nouveau latin, à savoir une langue patrimoniale d'étude réservée aux scientifiques qui s'intéressent aux racines linguistiques du français mais aussi de l'anglais contemporain.

Ce serait bien dommage d'en arriver là même si certains experts ont déjà anticipé cette évolution: le patois normand du Cotentin ou du Pays de Caux pour évoquer les deux dernières expressions linguistiques normandes encore survivantes ne seraient donc plus que des langues à étudier pour enrichir d'une belle matière normande ses études universitaires en histoire, en droit ou en linguistique alors que la langue normande a joué un rôle majeur à partir des XII et XIIIe siècles dans la formation de l'anglais et du français modernes.

Il serait pourtant judicieux de faire connaître ce patrimoine linguistique normand à tous les collégiens de l'académie de Caen qui, actuellement, bredouillent la langue de Shakespeare avec l'incontestable succès que nous savons...


 

https://www.ouest-france.fr/normandie/bricquebec-en-cotentin-50260/le-college-marcel-grillard-de-bricquebec-est-le-dernier-de-normandie-a-enseigner-le-normand-8a9fc938-8a9f-11ee-84e7-8236901557e2

Capture d’écran du 2023-11-29 14-52-56

Renaud Girard est le seul prof de langue vivante normande en exercice dans toute l'académie de Caen-Normandie... On le voit ici en compagnie de Stéphane Laîné, enseignant chercheur linguiste de l'université de Caen chargé par la Région Normandie de l'étude de la langue normande et de Jean-Philippe Joly, le président de la FALE, la fédération régionale des associations qui font vivre la culture normande...

« La mort de la langue pourrait être inévitable » : ce collège est le dernier à enseigner le normand

Renaud Girard, professeur au collège Marcel-Grillard de Bricquebec (Manche), y enseigne également la langue normande. Il tire la sonnette d’alarme sur la situation des parlers régionaux en France.

Aujourd’hui, son collège serait le dernier de Normandie à proposer une initiation à la langue normande pour l’équivalent d’une heure par semaine aux élèves volontaires de 6e et de 5e.

Renaud Girard, professeur d’histoire-géographie et de normand au collège Marcel-Grillard de Bricquebec (Manche), tire la sonnette d’alarme sur la situation de l’enseignement du normand en France. (sic!)

« Des demandes de reconnaissance à l’État depuis plus de 50 ans »

Le normand est-il une langue, un dialecte ou un patois ?

Question cruciale pour la survie du normand ! Elle renvoie à trois niveaux de langage et donc à une échelle de valeurs. Dans un classement hiérarchique, la langue sera élevée au niveau supérieur et aura la reconnaissance et le respect de tous, À l’inverse, le patois sera classé tout en bas de cette échelle et considéré comme la langue de populations incultes. Dialecte est un peu moins péjoratif que patois, mais désigne tout de même une dégradation régionale d’une langue.

Linguistiquement, langue, dialecte et patois sont égaux : tous les trois ont un vocabulaire, une syntaxe et une conjugaison… Les élus de la moitié est de la Bretagne ont obtenu en 2008 une reconnaissance de leur langue (ndlr: le gallo) comme l’avaient déjà obtenue les Bretons de la moitié ouest pour leur langue d’origine celtique. En 2021, les Chtis ont eu gain de cause avec la reconnaissance du picard comme langue régionale.

Lire aussi : En Bretagne, deux langues pour une région

Et pour le normand, toujours rien ?

Non, pourtant, au travers de la Normandie, depuis plus cinquante ans, particuliers, associations culturelles et élus, de droite comme de gauche, font des demandes auprès de l’État.

« Apprendre le normand c’est renforcer un lien avec ceux qui nous entourent »

— Renaud Girard, professeur d’histoire-géographie et de normand

Alors, à quand la reconnaissance par l’Éducation nationale du normand comme langue régionale ?

Si, par passivité ou par ignorance, rien n’est décidé rapidement, l’agonie et la mort très prochaine d’une langue qui participe à la richesse et à la diversité culturelle de la Normandie, mais plus largement de la France, sera inévitable.

Pourquoi apprendre le normand ?

C’est établir ou renforcer un lien avec ceux qui nous entourent (parents, grands-parents, oncles, tantes, voisins…). C’est leur manifester de l’intérêt, du respect, de l’affection, parfois même de l’amour. Goûter la saveur des mots, des expressions, des textes, des contes, des chansons. Manifester sa curiosité et son appétit pour des connaissances nouvelles. Par son vocabulaire et ses expressions, la langue normande est riche et savoureuse !

Vous dites souvent qu’une langue exprime la nature profonde d’un peuple, son identité, son âme.

Oui, « La richesse vient de la diversité » a dit Jean Malaurie, fondateur de la collection Terre humaine. Ces mots m’ont marqué au fer rouge. De même, Gilles Perrault déclarait en 1985 qu’« il ne s’agit pas de jouer le normand contre le français. Il s’agit de sauvegarder un atout. De ne pas laisser s’abolir une différence. Et plus le monde va, plus nous comprenons que chaque pays sera riche de toutes ses différences. »


 

Commentaire de Florestan:

Renaud Girard a bien raison de mettre les choses au clair car c'est un cliché qui continue de traîner chez bien des esprits paresseux depuis les âneries proférées en la matière par le très malfaisant Abbé Grégoire auteur d'un sinistre plan d'éradication des patois régionaux au début de la très centralisatrice et très égalitaire révolution française:

La langue régionale, a fortiori, lorsque celle-ci est considérée comme un "patois", autrement dit la langue parlée par les autochtones du pays, n'est pas une forme dégradée ou dégénérée du pur français de Paris appris à l'école. C'est une autre langue, une langue historiquement plus ancienne voire l'une des langues racines ou souches du français moderne.

Et si l'on considère que le mot "patois" qualifie une forme linguistique dégradée qui ne mériterait aucun respect alors que ce mot est, au contraire, la marque d'une tendre et sensible appropriation de la langue maternelle du pays, alors que dire du français "shooté " au globish jusqu'à l'explosion que nous infligent des élites médiatiques parisiennes qui n'en sont pas ? Que dire aussi de la créolisation rampante de la langue de Corneille par une langue arabe qui n'est plus celle du bled dans certains quartiers urbains dits "sensibles"?

S'il y a bien une réelle menace planant actuellement sur la langue française, sa qualité, sa richesse, son uinité ou son rayonnement elle vient plus sûrement du sabir globalisé anglophile parlé par les racailles d'en haut mais aussi par les langues véritablement étrangères parlées par celles d'en bas plutôt que d' une subversion linguistique menée depuis les langues historiques et culturelles de nos provinces qu'elles soient d'Oïl ou d'Oc ou qu'elles soient plus éloignées de la centralité francophone, à l'instar du breton, du basque, de l'occitan, du corse, de l'alsacien ou du flamand qui sont, d'ailleurs sur le sol de l'Hexagone, les seules langues régionales reconnues du bout des lèvres par l'Education Nationale.

S'il y a une différence linguistique effectivement observable, nous préférons celle proposée par le linguiste Stéphane Laîné qui  distingue le français du français régional lui-même influencé par la présence encore vivante d'une authentique langue régionale sur son territoire.

Pour la Normandie, on pourrait dire qu'il y a un français régional de Normandie qui existe par l'emprunt de mots ou de tournures de phrases qui viennent directement de la langue régionale normande. C'est ainsi qu'en Normandie on ne dit pas une poignée de porte mais une "clanche". Prendre conscience de l'existence d'un français régional est un préalable indispensable: cela passe par l'usage dans la langue française quotidienne de mots authentiquements normands. Ensuite ou en parallèle, il faut écouter parler la langue régionale authentique ou apprendre à la lire...

Depuis 2016, la région Normandie réunifiée s'est dotée d'une politique publique visant à sauver les usages des parlers normands (essentiellement ceux du Cotentin et du Pays-de-Caux) mais aussi à étudier ce patrimoine culturel essentiel à l'identité de notre région: la méthode d'approche raisonnée (avec un conseil scientifique) et les initiatives prises (montrer l'usage linguistique normand sur les panneaux d'entrée de communes et subventions accordées à la FALE la fédération régionale qui regroupe les associations culturelles normandes ou à la LOURE qui s'intéresse plus particulièrement au patrimoine musical populaire normand) vont dans le bon sens...

Mais l'ensemble de cette politique culturelle et linguistique normandes, malgré son volontarisme ou sa générosité ou son intelligence ne pèse pas bien lourd face au défi immense de sauver un patrimoine linguistique régional que l'UNESCO elle-même estime être en danger d'extinction imminente...

Pour le dire plus clairement:

En Normandie, on est encore très loin du million annuel accordé dans d'autres régions pour la valorisation ou la sauvegarde d'un patrimoine linguistique régional qui est, il faut bien le dire, menacé dans toutes nos provinces puisque les langues d'Oc et, plus encore, les langues d'Oïl ne sont pas reconnues en tant que telles par l'Etat ou par l'Education Nationale parce que le français est une langue abstraite et universelle tombée du ciel de la Raison pure dont on continue à nier la permanence de ses racines: espérons que le château de Villers-Cotterêts transformé en "cité internationale de la langue française" et restauré à grands frais par le banquier "startopeur" qui nous sert de président de la République, ne sera pas "en même temps" le mausolée de la langue de Molière!

Bref! pour que l'action régionale normande menée et soutenue par Hervé Morin soit réellement porteuse d'avenir pour une langue normande véritablement menacée de disparition il lui reste à surmonter deux obstacles qui ne se surmontent qu'avec une volonté politique forte:

1) Trouver au moins un million d'euros par an pour la langue normande à l'instar de ce qui a été fait pour le gallo en Bretagne ou le picard dans la région dite des "Hauts-de-France"... Quand on voit que certaines subventions sont accordées par la région lors de ses commissions permanentes à des projets culturels plutôt douteux sinon militants, on se dit que cela ne doit pas être si difficile que cela!

2) Passer par dessus l'opposition de l'actuelle rectrice de l'académie de Caen-Normandie en négociant directement avec le ministre de l'Education Nationale un plan de développement de l'enseignement ou de sensibilisation de la langue normande dans les collèges et lycées du Cotentin et du Pays-de-Caux.


 

Lire aussi notre hommage à + Marie-Claire Lecoffre (Archive de l'Etoile de Normandie, 19 juillet 2021)

http://normandie.canalblog.com/archives/2021/07/19/39063416.html

 

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