L'humeur de Barreau: Dans l'Orne, la fibre du mépris... au pays des Pieds-Nickelés!
L'humeur de Barreau: La fibre du mépris
Quoi qu'il en soit, la mobilisation ne faiblit pas.
https://actu.fr/normandie/ceauce_61075/fibre-optique-en-aerien-la-contestation-enfle-dans-le-pays-de-domfront_60367818.html
« Des poteaux ont été installés, au milieu de haies brise-vent fraichement plantées, sans demander l’avis de personne.
Christian Boisgontier, agriculteur retraité de Ceaucé
D’autres agriculteurs, comme les frères Leroyer à Saint-Fraimbault, Marie-Claire et Philippe Derouault à Loré sont aussi montés au créneau.
Des haies bocagères vont être condamnées de par le coût d’élagage insupportable tous les 2 ou 3 ans.
Marie-Claire et Philippe Derouault de Loré
Un calendrier au 31 décembre
Selon eux, la seule solution est l’enfouissement du réseau. « Là, on sera tranquille, mais cela a un coût, expose Christian Boisgontier. Le problème, c’est que le Département et Orange se sont mis un calendrier au 31 décembre pour finir le chantier. Ils n’étaient pas obligés de signer un contrat au désengagement. Ils pouvaient très bien dire : prenons notre temps, et c’est ce que nous leur demandons. On n’est pas rassuré sur la fin, l’aboutissement, ce qu’on va gagner. On est convaincu que le problème va durer avec le réseau aérien qui est exposé aux tempêtes qui reviennent de plus en plus souvent, avec des coupures d’électricité et de téléphone qui peuvent mettre en danger la vie d’autrui ».
Avoir choisi cette facilité de l’aérien pour des raisons économiques et politiques, c’est priver des régions, des entreprises, des gens en télétravail de l’absence de solution. Il faut arrêter ce grand gâchis.
Christian Boisgontier
« Nous regrettons l’absence de communication en amont »
Le maire de Ceaucé, Michel Dargent fait bloc avec le groupe :
Nous n’avons rien contre l’installation de la fibre. Mais nous regrettons l’absence de communication en amont, pour savoir quand et comment cela allait se faire. Nous avons vu des cas particuliers de poteaux au milieu d’un champ, dans une haie ou devant la porte de la chapelle Saint-Laurent.
Michel Dargent, maire de Ceaucé
L’élu fait valoir les coûts de l’installation du réseau. « Enfouir les réseaux, c’est 750 millions et mettre les lignes en aérien, c’est 150 millions. Le choix a été vite fait par le Département.
Il précise : « Si le Département a gardé la maîtrise d’œuvre sur une partie de l’Orne, il a confié à Orange la maîtrise d’œuvre sur la partie Ouest. Orange a sous traité avec une société chinoise qui elle-même a sous-traité à une société tunisienne empêchant toutes revendications dans l’implantation des poteaux, voire en faveur de l’enfouissement de la fibre optique. Le député, Jérôme Nury est très embêté du fait qu’on s’adresse à lui pour quelque chose qu’il ne maîtrise plus ».
Une pétition pour demander un moratoire
Les contestataires ont rédigé une pétition qui sera remise à Jérôme Nury.
Nous demandons un moratoire dans le déploiement de la fibre et de renégocier les pénalités estimées à 3 millions d’euros que devra Orange et se donner 18 mois pour prendre du temps, avec un choix d’implantation, sous contrôle d’une commission départementale, composée d’élus locaux. Et le problème sera résolu.
Christian Boisgontier
Le maire de Saint-Fraimbault, Eric Leroux temporise : « Le fin mot du contrat est finalisé par l’ARCEP, le gendarme des Télécoms. C’est l’ARCEP, en contrat avec l’Etat, qui va boucler toutes les pénalités au 31 décembre 2023. Malgré la renégociation qui a été faite en septembre, si les travaux ne sont pas faits, ces pénalités tomberont. Ce n’est pas le Département qui est seul responsable, c’est un marché public avec un cahier des charges dont on ignore le contenu ».
« Ils n’ont pas pris en charge la spécificité du bocage », regrette une personne dans l’assistance.
« Il faut s’adresser au Bon Dieu »
Président des maires ruraux de l’Orne, François Carbonnell encourage les habitants à défendre la spécificité du bocage. « Pour trouver des solutions, il faut regarder du côté du Parc régional Normandie-Maine qui a une charte environnementale, avec des droits. Je pense qu’à l’intérieur, il y a des choses à gratter […] Il faut s’adresser aussi au Bon Dieu (NDLR : sous-entendu Jérôme Nury) qui est au courant de tout, pour comprendre, avoir le timing… ».
Conscient de l’intérêt économique des haies bocagères, Laurent Leray, élu à la Chambre d’agriculture, va proposer une motion lors de la prochaine session qui va se concentrer sur la réalisation de fagots (branchages) à la charge de l’opérateur et des collectivités.
Je pense que les gens vont sacrifier les haies à cause du travail que représente l’entretien. Si on résout ce problème, on va les sauver.
Laurent Leray, élu à la Chambre d’agriculture de l’Orne
Des pistes d’actions
La réunion s’est terminée sur des pistes d’actions comme, faire remonter les problèmes non pas sur des cas individuels, mais sur des kilomètres ou encore la création d’un collectif pour pouvoir engager un avocat et aller en justice, en s’entourant de l’expérience d’autres collectifs de l’Hexagone qui ont été confrontés aux mêmes problèmes.