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Sire de Sei, la Normandie en toute liberté!
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Sire de Sei, la Normandie en toute liberté!
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4 octobre 2023

VIA AETERNA, le festival de musique classique du Mont Saint Michel qui évite la Normandie et son Archange...

Billet de Florestan:

Pourquoi faire simple alors qu'on peut faire compliqué pour ne pas avoir à assumer l'évidence?

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"Via aeterna" en latin veut dire en français: "la voie éternelle"... Mais la voix éternelle de l'Archange qui, jadis contre Lucifer s'interrogea - qui est comme Dieu ? - nous interpelle:

Pourquoi avez vous oublié? Pourquoi voulez-vous oublier?

La fête de Saint Michel et de tous les archanges (n'oublions pas Gabriel et Raphaël) ce n'est pas entre le 6 et 15 octobre selon un calendrier qui arrange l'agenda d'un sous-chef de bureau au ministère de la Culture mais c'est le 29 septembre selon la voie éternelle d'une tradition très ancienne qui fait le lien cosmique et symbolique entre l'équinoxe de l'automne qui nous fait balancer du jour vers la nuit du maléfice dans laquelle il ne faut pas oublier la présence des anges pouvant veiller sur nous, et Michel, le plus grand d'entre eux, qui a vaincu l'orgueil de Celui qui prétendait porter la Lumière de Dieu, orgueil qui est la nature même du Mal. D'où la question que Michel cesse de nous poser : "Qui est comme Dieu?"

Au sommet du Mont-Saint-Michel, comme dans la contrée qui l'entoure, cette question doit être méditée de nos jours à nouveaux frais comme elle l'était par les milliers de pélerins qui empruntaient les voies d'un pélerinage montois qui, au Moyen-âge, rivalisait avec celui de Saint-Jacques de Compostelle: cette question de l'humilité qui accompagnait le pèlerin arrivé enfin en haut d'un "montjoye" pour admirer ce mont tant désiré dressé au milieu de son désert hostile de sable et de mer, est plus que jamais la nôtre dans une époque radicalement démiurgique qui a oublié que la maîtrise de connaissances divines ne nous fera jamais comme des dieux...

On s'en réjouira, l'antique pélerinage au Mont-Saint- Michel est en train de renaître  et la traversée à pied de la baie attire des marées humaines sur les grèves en direction de la fameuse pyramide de l'Archange: dans ce flot hétéroclite, la foi authentique de quelques uns se trouvre portée et confortée. Les jeunes en recherche d'un sens à donner à leur vie viennent ici nombreux. Les plus courageux montent jusqu'à l'abbatiale merveilleuse mais les lumières et la chaleur des coeurs en dévotion doivent se réfugier ailleurs, un peu plus bas à mi-pente dans la toute petite église paroissiale Saint-Pierre du village du Mont-Saint-Michel qui accueille officiellement le sanctuaire dédié à Saint Michel alors que la plus haute et la plus magnifique des églises abbatiales normandes lui est dédié, quelques dizaines de mètres plus haut.

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Un coeur plein et irradiant tente de remplacer par sa ferveur permanente et populaire le grand vide glacé du grand choeur pourtant flamboyant administré par l'Etat et le ministère de la Culture qui n'est pas celui des cultes: l'abbaye du Mont-Saint-Michel est un "monument de l'Etat" neutralisé dans la laïcité à des fins muséales, scientifiques et éducatives et les activités cultuelles et spirituelles qui ont fait pourtant toute la raison d'être de ces lieux fabuleux n'y sont que tolérées et doivent s'y faire discrètes ne serait-ce que pour ne pas gêner le flux des touristes qui ne seraient pas des pélerins.

De 1966 aux années 2000 on tenta, cependant, l'expérience de rétablir dans l'abbatiale et les bâtiments adjacents sous l'autorité du Père de Senneville d'une petite communauté de moines bénédictins dans la foulée du millénaire de la fondation du monastère montois. L'aventure fit, hélas, long feu face à l'impossibilité de maintenir une véritable vie monastique selon la règle de Saint Benoît dans le bruit et la circulation permanente des touristes mais surtout face aux multiples exigences d'une administration d'obédience... laïcarde!

Depuis, la Fraternité de Jérusalem qui rassemble des moines et des moniales habitués à une vie contemplative en milieu des foules urbaines, fait ce qu'elle peut en maintenant dans l'immense abbatiale une sorte de service spirituel minimum.

Sur la terre ferme, à quelques kilomètres du Mont-Saint-Michel, c'est l'ancien prieuré d'Ardevon qui accueille des pèlerins de plus en plus nombreux avec une hôtelerie et aussi un lieu pour méditer et réfléchir aux questions spirituelles et intellectuelles les plus essentielles:

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Les pèlerins ont, bien entendu, le droit de cheminer jusqu'au pavé de l'abbatiale perchée à 80 mètres au-dessus du niveau de la plus haute mer mais pour se reposer, méditer ou prier c'est mieux de le faire au prieuré d'Ardevon...

Sur la terre ferme, plus loin encore à 20 kilomètres du rocher montois vers la Normandie, on trouve la bonne ville d'Avranches: et pour les touristes ou les pélerins qui voudraient connaître l'histoire du Mont-Saint-Michel ou, mieux encore, contempler le véritable trésor d'une ancienne abbaye ducale normande puis royale française dédiée à Saint Michel, à savoir les extraordinaires manuscrits enluminés remontant pour certains au IXe siècle toujours conservés en la bibliothèque municipale située dans l'hôtel-de-ville d'Avranches, eh bien... Il faut aller à Avranches et oser pousser la porte de son Scriptorial caché dans une architecture contemporaine de béton qui fait penser à une sorte de parking souterrain.

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Revenons aux concerts d'un "festival" nommé "via aeterna", concerts programmés du 6 au 15 octobre 2023:

Nous pourrions faire le même constat d'une forme ignorant le fond, d'un esprit des lieux absent des lieux qu'il devrait hanter, d'une excellente idée qui devient mauvaise dans sa mise en oeuvre ou dans le moment choisi pour la mettre en oeuvre.

L'idée de créer un festival de musique sacrée, spirituelle ou contemplative mêlant tous les styles ou les époques au Mont-Saint-Michel et dans quelques lieux satellites liés à l'histoire du Mont fut longtemps à l'étude: elle fut finalement réalisée lorsque l'administrateur de l'abbaye pour le compte de la réunion des musées nationaux eut la bonne idée d'aller chercher l'inventeur des Folles journées de Nantes. Ce dernier proposa d'adapter au Mont Saint Michel, la sainte colline des Normands, la formule magique du théâtre classique qui a fait ses preuves à Nantes: unité de temps, unité de lieu, unité d'action une règle qui pourrait d'ailleurs parfaitement convenir à la vocation d'une ancienne abbaye ou d'une ancienne... prison!

La première de ce festival eut lieu fin septembre 2017 et fut une incontestable réussite de par le respect de la fameuse formule magique:

  • unité de lieu: la plupart des concerts eurent lieu dans les diverses salles du labyrinthe montois avec un concert de clôture dans l'abbatiale.
  • unité de temps: le festival eut lieu autour de la date du 29 septembre, fête de la Saint Michel.
  • unité d'action: les oeuvres musicales et les autres événements associés avaient tous, plus ou moins, un lien avec l'Archange.

C'était exigeant mais le résultat, exceptionnel, fut à la hauteur des efforts consentis.

Mais cela ne fut pas durable car... qui est comme Dieu?

Cinq éditions plus tard, le festival "via aeterna" s'est enlisé comme tant d'autres dans les sables mouvants de la politique d'animation culturelle subventionnée sur fonds publics:

- achat sur catalogue de prestations artistiques déjà existantes

- animation de prestige sans rapport les unes avec les autres

- dillution dans le temps et l'espace de l'agenda pour faire plaisir à toutes les parties prenantes au risque de perdre de vue le sens même de la manifestation: le lien dans le temps et l'espace avec Saint Michel.

Et, pour finir, l'occultation devenue tout aussi évidente que l'évidence qu'elle voudrait masquer:

Le lien spirituel, historique, artistique, culturel et politique essentiel entre le Mont-Saint-Michel et la Normandie dès la fondation de la duchée mais aussi avec la France après l'épopée de Jeanne d'Arc...

Moralité:

Thomas Velter est, depuis quelques années, le directeur d'un Etablissement public d'intérêt commercial (EPIC) du Mont-Saint-Michel qui tente, par de nombreux moyens (mais pas tous) de redonner un sens à la destination du Mont-Saint-Michel qui n'est pas que cette juteuse Tour Eiffel du Moyen-âge qui sert à renflouer les caisses de monuments nationaux moins courus et connus: les manifestations et expositions passionnantes organisées et proposées en cette année 2023 pour le Millénaire de la construction de l'abbatiale par les Normands en témoignent.

Mais, cela ne vous a pas échappé que M. Velter n'est pas à la tête du Château de Versailles et que le "C" d'EPIC signifie "commercial" et non pas "culturel" et encore moins... "cultuel"!

Ce serait tellement plus simple et finalement tellement plus satisfaisant pour tout le monde que l'abbaye du Mont redevienne, tout simplement, un sanctuaire religieux de plein exercice dédié à l'Archange Michel pour la bonne et simple raison qu'au Mont-Saint-Michel il y a de plus en plus de pèlerins et que tout touriste prenant la peine de gravir toutes les marches pour s'approcher au plus près de l'Archange est un pèlerin...

Festival "Via aeterna", édition 2023:

https://www.via-aeterna.com/

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