Dans nos bocages il y a, désormais, plus de pisseuses de lait que de vaches... normandes!
Billet de Florestan:
Nul n'est prophète en son pays! dit-on depuis que le Christ fut chassé de chez lui... Et notre vache normande? Sera-t-elle chassée de chez elle alors qu'elle fait la joie et la fortune d'éleveurs laitiers au Wisconsin, en Amérique latine ou en Azerbaïdjan?
Un autre "grand remplacement" est, effectivement à l'oeuvre, celui d'une vache de race normande trop rustique et dont le lait a trop de qualité "organoleptiques" pour pouvoir rivaliser avec la "pisseuse de lait" de race Prim'Holstein qui est capable de produire annuellement près de 40% de plus qu'une normande!
A court terme, c'est donc la solution facile d'une rentabilité immédiate pour une filière normande des éleveurs laitiers gravement fragilisée par toute une série de difficultés internes et externes. Mais avec un revenu agricole plus qu'aléatoire, un smic tout au plus arraché au destin au prix d'un travail qui reste harrassant, une démographie catastrophique (un éleveur normand sur deux va partir à la retraite dans dix ans) et une concurrence mondiale impitoyable (accord de libre échange entre l'Union européenne et la Nouvelle-Zélande, premier producteur mondial de lait de vache), la filière laitière normande, pourtant emblématique de l'identité de notre belle région, est littéralement condamnée...
A moins que le pari de la qualité et de l'authenticité pour un prix du lait plus rémunérateur pour les éleveurs ne soit pris dès maintenant : c'est tout l'enjeu d'une "renormandisation" du cheptel bovin normand tant pour le lait que pour la viande, d'ailleurs, à partir d'une politique volontariste engagée depuis 2016 par le Conseil régional de Normandie.
Mais en l'absence d'une mobilisation générale de tous les acteurs concernés, cette politique volontariste du conseil régionale sera-t-elle suffisante pour empêcher le grand remplacement de notre vache à lunettes par une pisseuse de lait hollandaise?
Ne faudrait-il pas sécuriser l'ensemble de la filière laitière normande par la création d'une nouvelle AOP/AOC appliquée directement au lait produit?
Le lait de Normandie de vache de race normande mérite la création d'un cahier des charges ad hoc. C'est urgent!
"C'est un comble sur ses terres, la vache normande est une vache... subventionnée!"
Quelques vaches normandes, reconnaissables à leurs lunettes, se sont glissées parmi les vaches noires. "Elles sont bien intégrées dans le troupeau", affirme Arnaud Fusée, éleveur. La ferme de la Luzerne a commencé à ouvrir le troupeau en 2017 et chaque année, de nouvelles normandes arrivent. Une vache noire, la Prim'Holstein, peut donner 40kg de lait par jour, imbattable. Même en Normandie, elle est la race dominante.
Une vache subventionnée
Les effectifs de vaches normandes, eux, reculent. La coopérative Isigny Sainte-Mère a été la première à tenter d’enrayer ce déclin. "Il était grand temps qu’on mette des dispositifs en place pour soutenir cette race locale qu’est la vache normande", déclare Arnaud Fossey, président de la coopérative Isigny Sainte-Mère. Les maîtres laitiers du Cotentin et une fromagerie ont aussi décidé d’encourager la "normandisation" des troupeaux, et la région Normandie apporte un soutien financier.
Commentaire de Florestan:
Vaches à lunettes ou pisseuses de lait?
Prière de ne pas les confondre!