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Sire de Sei, la Normandie en toute liberté!
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9 mai 2023

Réforme des formations professionnelles: quel impact pour la Normandie?

Billet de Florestan:

Dans la Macronie, tout vient d'en haut et tout tombe en bas depuis les hauteurs éthérées du palais de l'Elysée. C'est ainsi qu'on apprend l'existence et l'ampleur d'une réforme complète du lycée professionnel sans que les principaux concernés ne soient mis au courant. Proviseurs et professeurs apprennent les principaux éléments en lisant le journal ou en écoutant les matinales radiophoniques ou les plateaux télé des chaînes d'information...

La raison d'être  de cette énième réforme est le double constat d'une insertion professionnelle plutôt moyenne des jeunes détenteurs de CAP, Bac pro ou BTS et du niveau plus faible des élèves choisissant la voie professionnelle dans les savoirs fondamentaux, notamment en français et en mathématiques: ce sont là, effectivement, des constats d'échec mais dont le lycée professionnel n'est pas directement responsable puisqu'il agit tant qu'il le peut sur des conséquences dont il n'est pas responsable des causes, à savoir: l'effondrement du niveau scolaire dans l'école primaire et le collège et la désintégration économique, sociale, culturelle pour ne pas dire civilisationnelle du cadre familial des classes populaires et moyennes qui envoient ses enfants vers la filière de l'enseignement professionnel.

Une fois encore, au lieu de traiter des causes on prend le risque de massacrer plus encore les conséquences: politiquement c'est plus facile!

Les médias de grand chemin commencent à vendre cette réforme expéditive voulue par le gouvernement Macron en insistant sur la principale nouveauté qui est la plus consensuelle, à savoir: rémunérer les élèves du lycée professionnel pendant leurs semaines de stage en entreprise sous condition de leur assiduité. S'il faut rémunérer la motivation scolaire, faisons-le puisque cela semble être dans l'air du temps...

En revanche, le sujet dont on parle beaucoup moins et qui risque d'avoir un impact plutôt fort et pas forcément positif c'est que cette réforme envisage une totale et brutale refonte des quelques 500 diplômes proposés par la voie professionnelle avec des ouvertures mais surtout des fermetures de formation sous prétexte d'un taux d'insertion professionnelle insuffisant des jeunes six mois ou un an après l'obtention d'un CAP, d'un bac pro ou d'un BTS...

Les régions, les entreprises seraient concertées et consultées pour cette refonte en profondeur d'une carte des formations professionnelles adaptées aux besoins d'emploi de chaque territoire, nous dit-on...

Le problème c'est que cette carte des formations ne fait pas le tri entre le bon grain et l'ivraie, entre formations publiques et privées, entre ce qui est gratuit ou payant, entre ce qui est réellement de qualité et ce qui ne l'est pas vraiment...

Le problème c'est que l'Etat central prend l'initiative de cette refonte des formations selon l'habituelle logique de restructuration comptable des lycées professionnels publics avec pour conséquence la disparition de nombreuses formations initiales scolaires gratuites qui permettent encore aux jeunes de classes populaires défavorisées, urbaines et rurales, d'accéder à un certain niveau de diplôme.

Le problème c'est que les formations initiales scolaires gratuites des lycées professionnels publics permettent aux jeunes les plus en difficulté en matière de savoir-être et de savoir-faire de progresser notamment vers l'autonomie indispensable à la réussite d'une formation par alternance (apprentissage).

Le problème c'est que les premières projections et propositions sorties du ministère de l'Education Nationale illustrant région par région cette grande refonte nationale des formations professionnelles justifiées par les évolutions structurelles de la société et de l'économie de notre pays (la transition énergétique et climatique, la réindustrialisation, le vieillissement de la population) peuvent vivement inquiéter quand on connaît avec plus de finesse et de précision les besoins des territoires de nos régions: on craint, d'ores-et-déjà, des projections plutôt fondées sur des préjugés que sur des réalités. 

C'est ainsi que le lycée professionnel serait d'abord un lieu de formation pour les métiers de l'industrie au détriment des métiers du tertiaire: c'est oublier le lien entre les deux secteurs puisqu'un emploi industriel créé génère en moyenne deux ou trois métiers dans les services.

C'est oublier que l'ensemble des formations professionnelles quelle que soit sa spécialité, du CAP au BTS, concourent au bon fonctionnement d'une société humaine sur un territoire, a fortiori, lorsqu'un territoire se spécialise dans l'économie résidentielle pour le 3ème et le 4ème âge!

Pour l’avenir de ces territoires, il est même vital de préserver un minimum de diversité dans la formation et les emplois: l'INSEE vient d'ailleurs de nous alerter sur ce sujet.

Prenons l'exemple de la Normandie dont on nous dit qu'elle serait la première région industrielle de France avec, effectivement, une part de l'industrie dans le PIB régional largement supérieure à la moyenne nationale avec 25%... 

On apprend, par exemple, qu'il faut fermer la quasi totalité des formations industrielles normandes en... plasturgie! Alors que la Normandie est l'une des principales régions de France pour la filière automobile!

Cherchez l'erreur!

Capture

 

 

Autre fantaisie inquiétante publiée par le Ministère de l'Education nationale, la projection des formations professionnelles à ouvrir région par région:

La Normandie est en passe de devenir LA région française des formations professionnelles dans le BTP !

Qu'il faille former de nombreux opérateurs et techniciens en Normandie afin de construire les deux EPR programmés sur le site de la centrale nucléaire de Penly (10000 emplois à créer) cela semble évident mais delà à n'envisager de nouvelles formations professionnelles en Normandie que dans le secteur du BTP voilà qui manque singulièrement de vision et d'ambition pour l'avenir de notre région qui voit sa jeunesse la fuir massivement!

Capture

Autre inquiétude: c'est d'arbitrer l'évolution de la carte des formations professionnelles dans nos territoires régionaux uniquement que sur la base des besoins urgents et immédiats des employeurs au risque de renforcer une spécialisation économique subie des territoires.

A lire le document suivant, on peut craindre que la Normandie, déjà marquée par une économie résidentielle liée au grand-âge, ne se spécialise davantage dans cette voie au détriment des autres besoins de l'économie régionale normande...

Faut-il craindre une "éhpadisation" de l'économie régionale normande ou sa spécialisation dans la logistique en lien avec la région parisienne?

Bref! une économie normande pour femme de ménage ou pour chauffeur-livreur!

Capture

 

 

Pour finir avec un autre effet très concret de cette réforme aussi massive que brutale qui ressemble à un... bombardement, il est envisagé dans l'académie de Normandie une fermeture massive des formations professionnelles dans le commerce et la vente sous prétexte d'un taux d'insertion professionnelle qui serait insuffisant: alors que les centre-villes commerçants de nos villes normandes sont déjà à la peine, il n'est pas certain que ce genre de mesure soit perçue comme un bon signal pour l'avenir du commerce en Normandie!

De toute façon, il faudra que les conseils régionaux valident ou non ces évolutions proposées par l'Etat, la formation professionnelle étant dans leurs compétences, et qu'elles soient certainement retravaillées ou affinées par chaque Comité Académique de l'Education Nationale: ça tombe bien pour la Normandie puisqu'il s'agit d'un... CAEN!

Qui doit prendre son camp: celui de la Normandie et de l'avenir de sa jeunesse populaire et laborieuse qui a fait le choix courageux et pas forcément par défaut d'aller au plus vite vers les réalités du travail.

Pour en savoir plus:

dossier-de-presse---r-former-les-lyc-es-professionnels-faire-du-lyc-e-professionnel-un-choix-d-avenir-pour-les-jeunes-et-les-entreprises-155246.pdf

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Commentaires
V
Déterminer les formations à partir des constats n'est que la moitié du travail à réaliser. Il faut aussi prendre en considération des projets de diversification qui seront des potentiels de reconversion et une aménité pour attirer des nouvelles industries en recherche de capital humain pour s'implanter. Ce pourrait être aussi un facteur d'apport de horsains dans l'intérêt de tous.<br /> <br /> Regarder l'avenir dans le rétroviseur sans en tirer de leçons n'est pas digne de considération.
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G
Combien d'enfants d'enseignants vont dans l'enseignement professionnel public? <br /> <br /> J'ai l'impression qu'il n'y en n'a pas beaucoup, à part peut être dans l'enseignement professionnel agricole qui pour l'instant ne sert pas de dépotoir à l'éducation nationale, la tradition de l'essoreuse de l'éducation nationale n'est pas nouvelle, j'ai connu l'époque du CES et du CEG, les élèves en échec en primaire filaient au CEG pour des diplômes de valeur aléatoire qui servaient surtout à attendre qu'ils aient atteint les 16 ans d'âge légal. Aujourd'hui, on traine au collège ceux qui n'ont jamais vraiment appris à lire en primaire et ls élèves à problèmes comportementaux, donc arrivés en troisième, on les envoie en bac pro, parce que peu d'employeurs ont envie de les accepter en apprentissage. Les rares formations en bac pro qui marchent vraiment, ce sont celles des établissements privés ou au moins, les élèves ne viennent pas pour faire un happening permanent.
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