Le régionalisme normand refuse de confondre régionalisme et séparatisme pour ne pas être l'idiot utile du centralisme.

Billet de Florestan:

 A Collioure, dans ce charmant petit port de la côte du Roussillon, autrement dit, la Catalogne française (Pyrénées orientales), avait lieu l'université d'été de la Fédération régionaliste Régions et Peuples solidaires plutôt classée à gauche et sensible à la question écologique et à la question encore plus sensible de vivre et travailler au pays. Jusque-là tout va bien! Ces gens-là, nous les connaissons bien et nous eûmes même quelques contacts intéressants entre régionalistes normand et breton (l'Union démocratique bretonne pour ne pas la nommer) dans le cadre de ladite fédération.

Sauf que là où cela ne va plus c'est qu'au sein de la fédération régions et peuples solidaires, une ambiguité persiste telles les nuées orageuses sur la cîme des Pyrénées ou la brume de mer au large des caps du Finistère entre revendications régionalistes parfaitement légitimes à l'égard d'un état central parisien jacobin toujours aussi arrogant notamment sur la question des langues régionales, d'une part, et autonomisme à visée séparatiste, irrédentiste voire indépendantiste dans une confusion totale entre l'idéal régionaliste et l'idéal nationaliste: à l'instar d'une randonnée en solitaire sur les pentes d'un pic pyrénéen cette voie régionaliste là est emplie de dangers car aucune fin ne saurait justifier tous les moyens à commencer par l'emploi de la violence terroriste.

Pour être honnête, cependant, dans le cas catalan, côté espagnol des Pyrénées, la violence politique physique contre les personnes n'a jamais été utilisée du moins depuis la fin de la guerre civile espagnole des années 1930: il faut dire que la terreur et la répression de la dictature franquiste ne laissait aucune marge de manoeuvre à la moindre revendication culturelle ou politique régionale: les Catalans furent moins téméraires que les Basques à l'Ouest où s'est enchaîné dans les années 1960 un cycle infernal entre terrorisme basque et répression féroce de la dictature.

Face à cette tragique impasse, du côté de Barcelone, les autonomistes catalans surent avec intelligence jouer de toutes les possibilités légales et institutionnelles avec le retour d'une monarchie constitutionnelle démocratique en Espagne avec l'objectif plus ou moins avoué d'obtenir l'indépendance de la Catalogne au bout d'un long et patient processus démocratique.

Mais quand les autonomistes catalans crurent que le moment politique tant attendu d'organiser le fameux référendum d'autodétermination sur l'indépendance était enfin arrivé, c'est là que tous les malheurs qu'ils avaient cru pouvoir éviter avec tant d'intelligence leur tombèrent dessus avec une crise politique inédite divisant totalement la population de la Généralité de Catalogne au risque de destabiliser et de détruire les politiques publiques qui avaient permis l'affirmation de l'évidence culturelle, sociale et économique catalane tout en respectant l'unité du royaume d'Espagne:

Si Carles Puigdemont l'ancien président de la Généralité invité à cette université d'été de Collioure (décidément! on invite du monde dans certaines universités d'été...)  qui fut contraint, on s'en souvient, à fuir en Belgique après le désastre institutionnel et politique d'un référendum d'auto-détermination contesté avait été Normand, il s'en serait sagement tenu à une solution authentiquement régionaliste pour la Catalogne, à savoir de proposer une dévolution institutionnelle qui aurait fait, à nouveau, du Roi d'Espagne le Comte de Barcelone en tant que chef d'état particulier pour la Catalogne, au lieu de plaquer vainement sur les réalités catalanes, le modèle marxisant d'une libération nationale confondant lutte des classes avec lutte des peuples qui a littéralement effrayé tout le monde à Madrid...

Notre drapeau rouge... La Normandie!

Avec une telle solution qui nous aurait épargné une crème catalane trop brûlée, l'idée régionale serait davantage prise au sérieux comme authentique solution alternative efficace pour sortir de la crise de l'Etat central souverain que l'on observe, peu ou prou, dans tous les états-nation de l'Europe.

Mais hélas, sur bien des sujets, la gauche est actuellement encombrée d'une armée d'idiots utiles: on le voit avec l'écologie et la question climatique avec des écolos anti-nucléaires idiots utiles des gaziers, des pétroliers et des charbonniers! On le voit plus tristement encore avec l'islamo-gauchisme avec un rappeur qui dérape invité dans une autre université d'été. Mais on le voit aussi sur la question du régionalisme lorsque certains militants confondent régionalisme et séparatisme tout en posant des bombes au risque d'être les idiots utiles préférés des pires ennemis de l'idéal régional:

La leçon de la tragédie basque face au général Franco n'a semble-t-il toujours pas été retenue par certains et c'est bien dommage car, par exemple, c'est l'ensemble de nos réalités provinciales françaises qui se trouve toujours plongé dans la nuit volontaire du centralisme parisien...

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 A lire dans l'Indépendant, presse locale des Pyrénées-orientales (Roussillon) le 28 août 2023:

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Commentaire de Florestan:

Gilles Siméoni, le président "autonomiste" de la collectivité territoriale unique de Corse est sur la ligne de crête qui pourrait être aussi la nôtre pour définir une proposition régionaliste normande: ni centralisme parisien jacobin méprisant. Ni séparatisme confondant l'autonomie régionale et indépendance. Sur bien des sujets, Normands et Corses pourraient s'entendre: langue et culture régionales, différencialisation, subsidiarité, souveraineté économique régionale, tourisme...

Gilles Siméoni apprécié par ailleurs par Hervé Morin est le bienvenue en Normandie pour venir en discuter avec les Normands qui s'intéressent à leur région et à la question régionale.

Pour mémoire (28 septembre 2018):

https://www.francebleu.fr/infos/politique/congres-des-regions-le-premier-ministre-snoberait-il-la-corse-1538116131