A Honfleur, l'aventure collective de la Mora s'apprête à prendre la mer...

Billet de Florestan:

Le rêve de reconstruire à l'identique la Mora, le navire amiral de la flotte de Guillaume Le Conquérant qui lui a servi pour sa conquête de l'Angleterre à l'automne 1066 va se réaliser concrètement: la base du chantier, un ancien chantier naval situé sur le terre-plein du port de Honfleur vient d'être aménagé.

Voir le site internet du projet:

Accueil - La Mora - Guillaume le Conquérant (la-mora.org)

Le travail de charpente navale va donc pouvoir commencer dans le respect scrupuleux de toutes les règles de l'art établies par l'archéologie dans le but d'expérimenter concrètement les savoir-faire des ingénieux charpentiers scandinaves du Haut Moyen-âge...

Car les coques de bois de ces longs et fins navires avaient des qualités nautiques et de résistance exceptionnelles qui suscitent encore aujourd'hui la fascination des ingénieurs et architectes navals contemporains.

Le principal "secret" de cette réussite réside dans la mise en oeuvre de ces longues planches de pin par les anciens charpentiers normands : pour créer ces longues planches, on ne sciait pas le bois, on le débitait par quartier depuis le tronc d'origine pour ne pas couper la fibre naturelle du bois. Puis le quartier débité devenait une planche fine et lisse par rabotage successif des surfaces dans le sens de la fibre. Ainsi les anciens Normands avaient à leur disposition des planches aussi longues que souples réputées incassables. C'est la raison pour laquelle, un "langskip", une "esnèque" ou un "drakkar" pouvait comme tous les navires non pontés courir le risque de se remplir d'eau ou de chavirer. Mais jamais il ne se rompait par la seule faute de la mer. Ce qui renvoit à une autre source de fascination pour ces extraordinaires marins normands des IX- XIIe siècles: la fusion entre un collectif humain et son outil puisque le vieux mot norrois "skip" veut dire, à la fois, le bateau et l'équipage qui le manoeuvre, le fait vivre pour que l'équipage humain reste en vie.

Bien entendu, le mot français "équipe" et "équipage" vient directement du vieux mot normand "skip" signifiant navire et c'est une pitié que de voir le mot intrus "team" partir, de nos jours, à la conquête de la voile sportive!

Un dossier complet à lire dans l'édition du 16 juillet 2023 de Paris-Normandie:

Comments

[Guérin]

il va vraiment falloir qu'on vous offre un scanner car c'est quasi illisible même sur ordinateur, surtout avec la manie des profs de souligner ce qu'ils estiment important et qui aboutit à souligner tout rendant la lecture encore plus difficile.



Il y a eu ces derniers temps un documentaire sur la 5 ou Arte à propos de la construction des navires vikings avec force illustrations tirées de la tapisserie de Bayeux et des reportages dans les pays nordiques sur les méthodes d'archéologie expérimentale. On y retrouve un point commun avec les bâtisseurs de cathédrale : ils ne faisaient pas sécher les bois, ils les coupaient en sève descendante mais les travaillaient dans la foulée, ce qui permettait de séparer les planches ou d'équarrir les bois plus facilement avec les outils dont ils disposaient, et d'avoir des planches plus souples donc plus faciles à mettre en forme pour les coques, on retrouve d'ailleurs ça sur la fabrication des coques à clins.



Pour revenir à la Mora, peut être que le site internet peut intéresser les lecteurs



https://www.la-mora.org/