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Pécresse = Normandie détresse? Mais que diable Morin va-t-il faire dans cette... galère?
Billet de Florestan:
Hervé Morin le Normand, suivant une logique partisane aujourd'hui surannée mais qui s'impose encore à une classe politique nationale française en ordre de bataille pour une prochaine présidentielle de 2022 encore plus incertaine que la précédente, a décidé d'entrer pleinement dans le soutien actif à la candidature de Valérie Pécresse, actuelle présidente LR de la région Ile-de-France dont le nom signifie, étymologiquement, la "Petite France": l'étymologie est cruelle car elle renvoie à la réalité d'une présidence de l'Ile-de-France qui consiste, surtout, à présider un syndicat mixte de transports urbains...
On a donc envie de dire avec Molière: "Mais que diable Morin va-t-il faire dans cette galère?" Et ce, d'autant plus volontiers que tout le monde sait, en Normandie, que les Vikings étaient de grands marins et pas des galériens sur un bateau lavoir tentant de remonter la Seine jusqu'à Paris!
Nous posons la question: où est le service de l'intérêt général normand dans le soutien à Valérie Pécresse?
On entrevoit la réponse et elle est géopolitique.
La vallée de la Seine et son ouverture maritime mondiale donne à la Normandie son utilité d'intérêt national et il y a nécessité à une coopération étroite entre les régions normande et francilienne pour organiser le développement futur de ce qui reste le premier espace économique français.
Mais, les régions demeurent, politiquement et financièrement, des acteurs secondaires face à l'importance de l'Etat central parisien, à sa puissance, ou plutôt, hélas, à son impuissance décisionnelle actuelle en raison de sa complexité interne (le fonctionnement inter-ministériel de l'Etat français est très mauvais tant on se perd dans les taillis de sa forêt bureaucratique) et du manque de moyens financiers opérationnels en raison d'un endettement structurel et excessif.
A cela, il faut ajouter un manque de pilotage politique et une absence totale de vision suivie et continue de l'avenir de la vallée de la Seine et ce, au plus haut sommet de l'Etat. Enfin, pour boucler cette impéritie sur elle-même, ajoutons que la région francilienne est, surtout, la région parisienne, à savoir, la première région urbaine de l'Europe continentale avec la mégalopole d'un Grand Paris et ses quelques 12 millions d'habitants avec des problèmes de gestion interne (urbanisme, transports, sécurité, économie, environnement, social, culturel) devenus à ce point redoutables et inquiétants que près de 20% des Franciliens avouent leur désir de quitter l'enfer urbain grand-parisien...
Pour résumer ce que signifie, d'un point de vue géopolitique et territorial, l'attelage improbable Morin-Pécresse réuni dans l'espoir d'en finir avec Macron-Jupiter super- Techno qui a objectivement montré son mépris pour la décentralisation régionale pendant cinq ans, on a, vers l'aval et la mer, une Normandie qui, quoique réunifiée et renaissante depuis six ans seulement, pèse peu malgré la présence sur son sol d'intérêts stratégiques de premier plan et, de l'autre, vers l'amont, l'Ile-de-France dont la toute puissance confine à l'impotence...
D'un côté, un léopard normand que l'on espère agile. De l'autre, un mammouth francilien quasi immobile tant qu'il n'est pas fermement cornaqué sur sa tête...
Le léopard normand espère donc que le mammouth francilien sera, enfin, conduit avec fermeté avec une... chiraquienne: nous nous permettrons, hélas, d'en douter car en Chiraquie, "les promesses n'engagent que ceux qui les écoutent"...
Et le bilan bien maigre de la coopération entre la Normandie et l'Ile-de-France depuis 2016 est là pour en témoigner: le volontarisme normand d'Hervé Morin solennellement affiché avec Dame Pécresse aux "accords du château de Gaillon" en 2017 a, hélas, toutes les raisons d'être déçu, à moins qu'il ne s'arme de patience, une qualité bien normande face à une indifférence parisienne teintée de mépris pour tout événement ou enjeux pouvant se déployer en aval du pont de Puteaux ou de Mantes-la-Jolie!
On l'a noté, par exemple, sur la question très sensible du ferroviaire: la LNPN, le "bouchon du Mantois", le "saut-de-mouton" de la gare Saint-Lazare, la pénétration du Serqueux-Gisors dans le Vexin français, etc...
L'amélioration des liaisons ferroviaires entre la Normandie et l'Ile-de-France n'est, semble-t-il, une priorité pour personne à Paris!
Et lorsque les décideurs grand-parisiens s'intéressent, de temps en temps, à la vallée de la Seine c'est pour "avaler la Seine aval sans l'aval des Normands" comme nous l'avions dénoncé en 2010 face à la menace du projet de l'urbaniste Grumbach: notons, cependant, avec honnêteté que Dame Pécresse a critiqué Dame Hidalgo maire de Paris quand cette dernière avait des hallucinations géographiques sur un Grand Paris étendu jusqu'à la mer devant un Edouard Philippe qui ne disait mot...
Cette position de Dame Pécresse était confortablement partisane et personne ne sait finalement ce qu'elle pense vraiment de ce sujet qui est pourtant existentiel pour notre Normandie.
Car évidemment, l'autre enjeu du rapprochement Morin-Pécresse c'est aussi de contrer l'opération politicienne de mise sous contrôle des grandes intercommunalités de la vallée de la Seine entre Paris et Le Havre par Edouard Philippe qui se positionne, d'ores-et-déjà, comme l'homme incontournable d'un éventuel second mandat Macron, en attendant son tour: en l'absence de l'Etat central, le développement de l'économie de la transition énergétique dans la vallée de la Seine (hydrogène) est donc devenu un enjeu de rivalité entre Edouard Philippe, Hervé Morin et Valérie Pécresse.
La Haute-Normandie a toujours été une carpette pour déployer des ambitions politiques et partisanes à Paris...
Le réunificateur normand Morin qui a donc décidé d'unir son destin politique a celui d'une... chiraquienne ne doit jamais l'oubler!
Lire ci-après:
https://www.lefigaro.fr/politique/herve-morin-je-suis-sur-que-valerie-pecresse-sera-elue-20211226
Le point de vue d'Eric Valin:
VAS Y HERVE!
Le plus intéressant dans Le Figaro publié le 26/12/21 n'était pas la déclaration enthousiaste de Hervé Morin en faveur de Valérie Pécresse mais la réaction de 242 lecteurs (à ce jour) et l'analyse que l'on peut en faire.
Certes 242 lecteurs ne constituent pas un échantillon représentatif mais quand il n'y a (à la louche) que 10% d'avis favorables, cela signifie que l'opposition est aussi forte que mobilisée et, que ceux éventuellement favorables ne se sentent pas concernés ; sans oublier la quantité de ceux qui ne s'y intéressent pas. Bref un flop à l'image du micro-parti de Madame mais une information quand même.
Sur les 90% d'avis restants plusieurs critiquent l'ancien ministre de la Défense ou le centriste qui se compromet avec ceux qui, sur le modèle du Président, se préoccupent plus de l'Union Européenne que de la France dont Madame Pécresse qui est loin d'être l'ombre de la cheville du général de Gaulle. Personne n'a retenu le brillant président de la Normandie qui illustre bien la décentralisation dont on se contentera en attendant une régionalisation pertinente. Ce positionnement risque de faire deux déçus, la candidate et son soutien.
La candidate essaie de faire croire qu'elle est de droite alors que son naturel largement exprimé dans le passé prouve le contraire, en attendant qu'il revienne au galop. Ce ne serait qu'une trahison de plus, genre auquel les LR nous ont habitués : Jacques Chirac et l'appel de Cochin suivi du regroupement familial, Nicolas Sarkozy qui avait promis le karcher nous a refilé Kouchner et le déni de notre vote contre le traité de Maastricht, Edouard Philippe et consorts qui ont dénigré le programme d'Emmanuel Macron pour aller l'appliquer ensuite.
De plus, des craintes se sont exprimées au sujet d'éventuels conflits d'intérêts du fait que Monsieur Pécresse est un vendeur d'éoliennes chez Alstom où il est le seul dirigeant de l'ancienne équipe à être resté après la casse organisée par le ministre Emmanuel Macron.
Il paraît que le Président de la Région normande trouve qu'il y en a suffisamment sur son territoire, surtout que la fourniture d'énergie par la Région au profit du Grand Paris n'est pas suivie d'attentions compensatrices en retour (cf les problèmes SNCF et chatière de Port 2000 trop longs à résoudre entre autres).
Il y a quelques signaux faibles qui indiquent que soutenir Madame Pécresse est un pari probablement perdant. La mise en avant racoleuse des battus de la primaire, genre attractivité du catalogue de vente par correspondance, assortie d'un "Eric Ciotti sera mon Pasqua". On sait comment ce dernier a fini et qu'il avait dit que "les promesses électorales ne concernent que ceux qui les entendent". Alors bonne chance à celui qui est vu par les lecteurs comme monsieur la poisse, rappelant aux électeurs que Madame Pécresse a un tropisme centriste quand elle veut paraître de droite....
Et puis il y a une distinction à faire ; Hervé Morin a été brillamment réélu parce qu'il a fait le job que les Normands attendaient, pas parce qu'il était centriste ; donc son apport électoral pour la candidate ne sera pas aussi important que celui qui l'a justement ré-intronisé.
Pour conclure, il semblerait que la Normandie ait peu à y gagner et pas grand chose à perdre. Si l'actuel Président de la République est réélu, ce ne sera pas pire qu'avant et nous risquons des bonnes surprises, alors que les LR à l'Elysée c'est la forte probabilité d'être trahi un jour.
Faut-il pour autant pratiquer la politique du pire et reconduire Emmanuel Macron ? Comme l'a très bien dit Charles Maurras, ce serait la pire des politiques, alors vas y Hervé, mais en paysan madré comme on sait faire en Normandie.
Eric Valin 28/12/21
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