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LACTALIS, le GODZILLA du "camembert" en guerre contre la MOZARELLA...
AU SECOURS !!!
70 millions d'euros investis à la Fromagerie Lactalis de Domfront dans l'Orne pour installer un coagulateur géant de 77 mètres de long capable de produire dix camemberts chaque seconde. Le site historique de la fabrication du camembert Président a été inauguré ce jeudi 19 octobre 2023.
En août 1973, les premiers camemberts Président sortaient de la fromagerie Lactalis à Domfront dans l'Orne. 50 ans plus tard, la fromagerie rénovée a été inaugurée ce jeudi 19 octobre 2023. 70 millions d'euros ont été investis par le groupe. L'usine ornaise, qui emploie 450 personnes, a été équipée d'une nouvelle chaine de fabrication dotée d'un "coagulateur" géant, le plus grand au monde.
Le plus gros site mondial de fabrication de camemberts
Ce nouvel outil, long de 77 mètres, peut contenir 40.000 litres de lait. Il est capable de sortir dix camemberts par seconde. Soit une capacité de production de 550.000 camemberts par jour.
La particularité de ce coagulateur, c'est qu'il ne fabrique pas que du camembert. "Il est polyvalent, explique Vincent Rojat, directeur de la fromagerie, il est capable de faire d'autres types de fromages à pâtes molles, comme le coulommiers qui sera fabriqué ici à partir de 2024". Avec cette nouvelle chaine de fabrication, la production annuelle de l'usine va passer de 25 000 tonnes par à 40 000.
Des recrutements accompagnent ces investissements et ces innovations technologiques. 450 salariés travaillent actuellement à la fromagerie de Domfront. 157 ont été recrutés l'an dernier. 50 vont l'être recrutés l'an prochain.
Le camembert devance à nouveau la mozzarella
Malgré la concurrence de plus en plus féroce des autres fromages, type mozzarella, le groupe Lactalis ne semble pas inquiet pour son camembert. "Cette année, on a une croissance de consommation de 20%", explique Christophe Piednoël, porte parole du groupe. Il y voit la conséquence de l'inflation qui pèse sur le budget des consommateurs. Il vante à ce sujet "le prix du camembert Président qui reste inférieur à deux euros." Il pointe également la saisonnalité qui pousse selon lui "le consommateur à vouloir manger des salades tomates mozza au printemps, et revenir au plateau de fromage pour les fêtes".
"L'image de la Normandie ne peut être réservée à moins de 5% de la production"
Malgré cette inauguration en grande pompe, Emmanuel Besnier, le président du groupe, est resté dans son mutisme habituel face aux médias. Aucune interview accordée à Domfront. Juste un discours derrière un pupitre au cours duquel, il n'a pas manqué de donner son point de vue sur la guerre du camembert. "Tous les camemberts issus du territoire normand, c'est à dire produits en Normandie avec du lait normand, doivent pouvoir revendiquer fièrement leur origine. L'image de la Normandie ne peut être réservée à moins de 5% de la production".
Commentaire de Florestan:
Quand on parle de "camembert" de quoi parle-t-on? Et quand on parle de camemberts "issus du territoire normand, produits en Normandie avec du lait normand", ça veut dire quoi?
Si par "camembert" on entend une pâte molle pasteurisée fabriquée à partir du lait de vaches de race Prim'Holstein, on s'éloigne déjà beaucoup de l'authenticité de la Normandie...
C'est la raison pour laquelle il était urgent de préciser fermement dans le cahier des charges exigeant d'une A.O.C. qu'un "vrai" camembert de Normandie est une pâte fromagère fabriquée à partir du lait cru issu de vaches de race normande ayant ruminé en Normandie l'herbe ou le foin de leur pré.
Enfin, quant à savoir si "l'image de la Normandie ne peut être réservée à moins de 5% de la production" on pourrait inverser l'affirmation du taciturne Monsieur Besnier grand perdant sur toute la ligne et sur tous les fronts de la guerre du camembert à force d'avoir voulu le beurre, l'argent du beurre et le cul de la crémière, en disant que l'image de la Normandie ne doit pas être dégradée par 95% de la production... de faux camemberts!
Et pour s'en convaincre on lira le point de vue suivant:
Défendre les producteurs de camemberts artisanaux. C'est ce qu'a fait ce vendredi 20 octobre, Patrick Mercier, producteur du camembert au lait cru et bio le Champ Secret, sur France Bleu Normandie ce matin. Il a notamment alerté sur l'avenir, en péril, du camembert authentique et fait maison.
Le géant Lactalis vient d'inaugurer sa nouvelle ligne de production de camemberts à Domfront: elle lui permet de dépasser la production de camembert "Président" à plus de 500000 fromages par jour. Patrick Mercier, lui, prône l'inverse depuis 11 ans. Il est installé à La Ferme du Champ Secret depuis 42 ans et produit artisanalement son propre camembert, le Champ Secret, depuis 11 ans. Il était l'invité de France Bleu Normandie ce matin à 8 h 15, où le producteur a défendu pendant cinq minutes le camembert artisanal, les producteurs et l'avenir de ce produit emblématique de la Région Normandie.
Des inquiétudes sur l'authenticité du camembert
Patrick Merci est inquiet, puisque que le camembert est en récession : "On a produit 120 000 tonnes de camembert dans les années 70. Aujourd'hui, on est à la moitié, peut-être un peu moins encore. Le goût du camembert s'effrite tout doucement, à cause de la technologie qui avance. On remplace les belles vaches normandes qui ont une qualité fromagère extraordinaire, les pâturages qui sont capables de nourrir les vaches le mieux possible. La technologie ancienne disparaît, c'est-à-dire, le moulage à la louche et le lait cru. On remplace tout ça par de la technologie efficace, Aujourd'hui, on n'est plus sûr des vaches normandes, on est sûr des vaches extrêmement productrices, qui ne font plus comme avant du très bon lait. Du coup, on est obligé de trouver des technologies qui sont capables de compenser ça".
Classement 2022 des fromages consommés en France :
- 1ᵉʳ : Emmental avec 154 000 tonnes consommées
- 2ᵉ : Camembert avec 45 000 tonnes consommées
- 3ᵉ : Mozzarella avec 41 000 tonnes consommées
- 4ᵉ : Raclette avec 38 000 tonnes consommées
"Les industriels déstructurent le paysage"
Le producteur regrette le virage que prend la fabrication de ce produit typique normand : "On est sûr des gens qui ont fait des écoles de commerce. Donc l'objectif, c'est d'être les plus gros, les plus forts et les plus riches du monde. On est très loin de ce qu'on doit au consommateur sur des notoriétés comme le camembert, la Normandie. On habillera ça d'une grande publicité qui nous laissera croire que ça en est alors que c'est de l'ultra transformation. Moi, je suis paysan et j'ai un rôle : nourrir les gens le mieux possible. J'ai un rôle aussi de structurer le paysage, de protéger l'environnement et aussi de donner une nourriture spirituelle à nos clients qui ne doivent pas être déçus, qui ne doivent jamais être déçus".
Ouvrir les yeux sur l'avenir du camembert artisanal
Il a appelé ce matin à se réveiller, notamment au niveau de la Région Normandie, pour garantir un avenir au camembert artisanal : "On n'a pas, comme dans d'autres régions, gardé le savoir fromager. On est un peu responsables de ça. Les syndicats agricoles aussi, d'avoir laissé tomber la partie transformation. On n'a pas cultivé cet amour, cette culture du savoir faire. Ce que je dis souvent pour un raccourci, c'est que le secret est dans le champ. Il y a trois ou quatre ans, les industriels ont refusé de rentrer dans cette démarche qualitative. Ils se sont contentés d'une démarche commerciale, publicitaire, marketing et donc une tromperie. On va arriver sûr Noël, on verra des grandes marques de camembert en disant, c'est la recette d'il y a 200 ans. Bien sûr que non. Les consommateurs se seront trompés s'ils le croient et ils seront déçus et ils ne rachèteront pas".
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