Le président de la région Normandie, Hervé Morin, qui vient d'entamer sa troisième année de mandat, a évoqué avec Ouest-France plusieurs dossiers portés par sa majorité divers droite.
En cette période de rentrée, il revient notamment sur l'augmentation des formations en Normandie avec, entre autres, l'agrandissement ou l'installation de plusieurs écoles d'ingénieurs sur tout le territoire, mais pas seulement.
Lire aussi : Le forfait train envisagé par Macron laisse Hervé Morin, président de la Région Normandie, dubitatif
"La Normandie est magnifique"
Un enjeu de taille, pour celui qui a mis au cœur de son mandat le développement économique de la Normandie avec à la clef des créations d'emplois. Reste maintenant à attirer jeunes et moins jeunes sur le territoire. « La Normandie est magnifique, il y fait bon vivre et c'est d'abord aux Normands, dans la vie de tous les jours, de le faire savoir. »
Le mot de la fin d'Hevé Morin?
"Dire à nos compatriotes: regardez! en Normandie, il fait beau!"
Voir aussi cet entretien d'Hervé Morin accordé au Figaro:
Interview d'Hervé MORIN par Emmanuel GALIERO et Claire CONRUYT
Le Figaro, 8 septembre 2023
Lors de votre rentrée politique, vous avez souligné les qualités de David Lisnard. Quel est le message?
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François-Xavier Bellamy fut le ciment de ma rencontre avec le président de l’Association des maires de France. Je constate que David Lisnard a fait un travail de fond considérable. Il n’y a pas de superficialité chez lui, il n’est pas à la recherche de coups. Je me retrouve dans nombre de ses idées comme dans son analyse de l’impuissance publique. Pourquoi l’hôpital, l’école, la justice, la police… ne fonctionnent pas comme nous l’attendons alors que nous avons les impôts les plus élevés ou presque au monde? Pour l’école, c’est tout simplement parce que nous avons massifié un système sans avoir eu le courage de le moderniser. Il faut mettre fin à la verticalité de cette maison et mettre en oeuvre une véritable autonomie des établissements reposant sur la capacité d’initiative des enseignants. La capacité de transformer, sans crise sociale majeure, se fera aussi par la régionalisation et la décentralisation, comme l’ont fait tous les pays européens. Autant de sujets sur lesquels David me semble être le seul à avoir réellement travaillé.
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Mais en quoi les qualités du maire de Cannes feraient-elles de lui un présidentiable?
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David Lisnard est un homme de terrain, il n’est pas dans une ambition égocentrique comme elle transpire trop souvent chez les candidats. Je suis persuadé que les milieux économiques entendent déjà le discours du président de Nouvelle Énergie. Et si le projet de société nouveau sur lequel nous travaillons depuis plusieurs mois l’installe en position de peser, ce sera tant mieux.
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Comment cette idée de bâtir un projet est-elle née?
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J’ai proposé ce travail silencieux où nous serions accompagnés de quelques amis, pour qu’ils nous aident à bâtir un projet politique adapté aux réalités que vivent aujourd’hui nos compatriotes, sachant que rien de vraiment nouveau n’a émergé à droite depuis Nicolas Sarkozy. Il nous faut nous pencher sur les grandes questions de la société française, sans tabous. Quel modèle économique pour demain? Quelle est l’influence des ruptures scientifiques sur les transformations du monde? Quelle est la pertinence du modèle consistant à faire nation? Ce travail en profondeur et confidentiel, nourri de rencontres régulières avec des intellectuels, sociologues, économistes… ne cherche pas une clientèle électorale mais veut s’adresser aux Français.
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À droite, certains considèrent Laurent Wauquiez comme le «candidat naturel» de la droite qui pliera le match une fois descendu dans l’arène. Qu’en pensez-vous?
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Nous verrons bien. La France est dans un tel état aujourd’hui que personne ne peut savoir ce qui se passera. Je sais que Laurent Wauquiez a engagé lui aussi un grand travail loin des médias. Puis viendra le moment du choix du candidat, de sa capacité à incarner cette fonction, ce qui supposera de résister à la violence de la campagne de l’élection présidentielle.
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Nicolas Sarkozy défend l’idée d’une coalition de la droite avec Emmanuel Macron. Qu’en pensez-vous?
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Elle n’a pas de sens. La Ve République, avec son quinquennat et les élections législatives dans la foulée, est une plaie qui empêche la constitution de coalition large. Comment voulez-vous qu’un député de droite élu contre Emmanuel Macron, puisse ensuite aller dans sa circonscription et prôner une coalition avec le chef de l’État? C’est impossible. L’impossibilité d’une assise politique large est une des causes de l’impuissance politique comme l’est le mythe de l’homme providentiel que génère le quinquennat. Enfin, s’il y avait une coalition avec En marche!, la seule alternative pour les Français deviendrait l’extrême droite. Éric Ciotti a raison d’être réservé.
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Selon Nicolas Sarkozy, la droite devrait trouver un «leader» en mesure de «rassembler les amis de M. Zemmour, M. Macron et M. Ciotti»…
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L’idée n’est pas absurde: on peut tout à fait parler d’autorité et d’efficacité de l’action publique tout en parlant d’économie de marché. Notre électorat est chez Emmanuel Macron et au RN. C’est à lui qu’il faut s’adresser de toute façon et cela, Laurent Wauquiez l’a compris. C’est d’autant plus vrai qu’en 2027, l’électorat sera particulièrement mobile puisqu’il n’y aura pas de candidat sortant. Nous verrons, le moment venu, qui fait preuve de caractère pour cette élection.
Mais en tout cas, il sera difficile pour ceux qui sont encore au gouvernement d’apparaître comme une alternative après s’être vautrés dans le macronisme pendant dix ans.
(Commentaire de Florestan: et les grands naufragés du mirage macroniste sont Normands: Edouard Philippe, Bruno Lemaire et Sébastien Lecornu...)
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Même pour quelqu’un comme Gérald Darmanin?
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Gérald Darmanin, c’est 100% d’opportunisme et 0% de bilan. On n’a jamais exécuté aussi peu d’OQTF, l’insécurité galope et l’immigration n’est pas sous contrôle. Je l’ai attentivement écouté lors de sa rentrée politique à Tourcoing. Une phrase de François Léotard m’est revenue: «Quand vous êtes ministre, vous n’avez plus aucune idée.» On le compare souvent à Nicolas Sarkozy mais l’on ne devient pas président en opérant un exercice de mimétisme. Pendant dix ans, Gérald Darmanin aura été le complice de la politique d’Emmanuel Macron: comment peut-il espérer incarner l’alternative?
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Le RN et Reconquête! ont désormais leurs têtes de liste pour les européennes. François-Xavier Bellamy est-il un bon candidat pour la droite?
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Nous ne sommes pas d’accord sur tous les sujets de société, mais François-Xavier Bellamy a abattu un travail gigantesque servi par une intelligence exceptionnelle. C’est une voix qui compte au Parlement européen et il a une vision pragmatique de la construction européenne. Pour toutes ces raisons, je trouve que c’est un très bon candidat. Certains le créditent entre 8% et 10%, je rappelle que nous avions fait 4% à la dernière présidentielle…
(Commentaire de Florestan: François-Xavier Bellamy, contrairement à Hervé Morin, assume clairement la question d'une Europe en crise civilisationnelle et anthropologique face au progressisme libéral d'une part et face au progrès démographique et culturel de l'Islam d'autre part...)
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