Grand port FLUVIO-Maritime de Rouen : chronique céréalière et argumentation biaisée...
Par l'intermédiaire de l'AFP, un confrère médiatique vient, en ce début d'année 2023, et dans une Europe en guerre mais sans déclaration, de nous apporter des nouvelles fraîches sur le trafic céréalier du GPFm de Rouen :
Au port de Rouen, les grains, la guerre et l'année extraordinaire
France 24 Publié le : 26/02/2023 - 14:02 Modifié le : 26/02/2023 - 14:00 -avec AFP
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Rouen (AFP) – Une montagne d'orge est débarquée d'une péniche, une noria de camions vient livrer ses grains : premier port céréalier d'Europe de l'Ouest, Rouen a connu une année faste qui a vu la guerre en Ukraine propulser la France au 4è rang mondial des exportateurs de blé.
Une cargaison d'orge, transportée en péniche, déchargée sur le site de l'agro-logisticien Sénalia, le 27 janvier 2023 au port de Rouen © Lou BENOIST / AFP
Sur le quai du Boulevard maritime, le vacarme de l'aspirateur couvre les cris des oiseaux. A mesure que la cale se vide, les grains extraits du bateau filent sur un tapis roulant pour rejoindre une cellule de l'immense silo voisin.
Tout est piloté depuis la salle de commande de Sénalia, premier agro-logisticien du port : derrière ses écrans, le contrôleur orchestre les entrées et sorties de grains, stockés dans les tours de plus de 80 mètres de hauteur du terminal céréalier de Grand-Couronne (Seine-Maritime).
Sur son tableau de bord, des dizaines de cercles représentent les cellules de stockage : le colza apparaît en vert, le blé tendre est bleu et l'orge orange (fourragère) ou jaune (brassicole).
"Le port de Rouen représente la moitié des exportations françaises de céréales et Sénalia représente la moitié de cette activité", explique Alain Charvillat, responsable des exportations de céréales pour le prestataire qui a chargé plus de 4 millions de tonnes en 2021-22, soit un million de plus que la campagne précédente.
En 2022, la France a exporté pour 11 milliards d'euros de céréales (+60% sur un an) : "une année inédite", commente sobrement Jean-François Loiseau, le président d'Intercéréales, qui fédère les professions céréalières de France.
Vue aérienne du site de Sénalia, premier agro-logisticien, dans le port de Rouen, le 27 janvier 2023 © Lou BENOIST / AFP
Ce "contexte assez exceptionnel" est "lié à la guerre en Ukraine" qui a bouleversé les routes du blé et favorisé les exportations françaises alors que les prix de la céréale du pain sont passés de 200 à 400 euros la tonne de juillet 2021 à mai 2022, explique-t-il.
Les six terminaux céréaliers du port de Rouen ont tourné à plein régime : "Au début de l'été, il n'y avait pas encore le corridor maritime permettant les exportations d'Ukraine (ouvert le 1er août), de nombreux pays acheteurs ont eu des craintes de rupture d'approvisionnement et se sont tournés vers la France", relate Manuel Gaborieau, responsable du développement des céréales à Haropa Port, l'établissement public qui regroupe les ports du Havre, Rouen et Paris.
"Force de frappe"
"On a eu des destinations inhabituelles comme le Pakistan, l'Iran, l'Inde ou l'Arabie saoudite. Des pays comme l'Algérie, qui s'étaient plus tournés vers la mer Noire, sont revenus", détaille-t-il, soulignant un "record absolu" pour les chargements au premier semestre (5 millions de tonnes), traditionnellement le plus calme.
Comment ce port de fond d'estuaire, situé à 150 km de la mer en remontant les boucles de la Seine, est-il devenu cette place-forte des céréales mondiales ?
Des céréales sur un tapis roulant au site Senelia, le 27 janvier 2023 au port de Rouen © Lou BENOIST / AFP
"C'est une vieille histoire", raconte Manuel Gaborieau. "On y accoste depuis plus de 2000 ans. Dans l'Antiquité, le vin et l'huile d'olive y transitaient vers la Grande-Bretagne, les bois et cuivres vers le continent".
L'ancienne Rotomagus est devenue un marché : détruite par les Vikings, elle fut la capitale des Ducs de Normandie et longtemps le premier port du royaume. C'est à la fin du XIXè siècle que débute l'endiguement de la Seine, alors un fleuve libre comme l'est encore la Loire.
Après la Seconde Guerre mondiale, et la destruction d'une partie du port par les bombardements alliés, ce sont les grands céréaliers français qui pèsent pour rebâtir le port, préféré au Havre, et lui donner son premier silo (1958).
Commentaire de Sapeur de fond :
Pourquoi ? oui, pourquoi ?
Des silos à grains sur le site de l'agro-logisticien Sénalia, dans le port de Rouen, le 27 janvier 2023 © Lou BENOIST / AFP
"Notre énorme force de frappe est d'être accolé à la plus grosse région de production céréalière française", souligne Alain Charvillat. "Le calcul des Beaucerons a été qu'il est plus facile de faire bouger des grains par bateau que par camion. Un bateau de 30 000 tonnes, c'est 1000 camions".
Commentaire de Sapeur de fond :
Et le train, ils n'ont pas pensé au train, ou ils ont préféré l'ignorer ?
Le point de vue de SdF, c'est qu'ils ont préféré l'ignorer car cela aurait permis d'apporter un argument économique décisif au port... du Havre !
Car, pour permettre aux navires vraquiers d'accéder au port de Rouen par un chenal de 120 kilomètres de long, il faut draguer le fond de la Seine ; pour mémoire, la dernière campagne de dragage (1998-2000) a coûté près de 24 millions d'euros, financés en grande partie par l'Etat et des collectivités territoriales ! Et il faut y ajouter le coût du dragage d'entretien permanent sur la même longueur de chenal et le port...
(*) ... dans un rapport rédigé à l'automne 1995 pour le compte des pouvoirs publics, l'ingénieur général Gérard Franck avait estimé que l'intérêt économique d'un tel projet n'était pas " établi " et qu'il ne pouvait être considéré comme " une priorité nationale "... (Les Echos 27/04/96)
S'étirant sur 15 km, le port de Rouen, qui emploie aujourd'hui plus de 18 000 personnes des docks aux usines de transformation alentour, a un atout majeur : sa capacité de stockage (900 000 tonnes pour les céréales) et de chargement (110 000 tonnes par jour).
"En Europe, il n'y a que le port roumain de Constanta qui ait ces capacités", souligne Manuel Gaborieau.
Seul bémol, un tirant d'eau de 11,3 mètres, qui ne permet pas de charger plus de 55 000 tonnes : les plus gros vraquiers partent donc de Rouen pas entièrement pleins et complètent leur chargement dans un port en eaux profondes, comme Dunkerque ou La Rochelle.
Une cargaison d'orge, transportée en péniche, déchargée sur le site de l'agro-logisticien Sénalia, le 27 janvier 2023 au port de Rouen © Lou BENOIST / AFP
Sur les quais de Rouen, un tracteur racle le fond d'une péniche. Chaque grain compte. Ici, personne n'ose le dire, mais la poursuite de la guerre à 2000 km de là laisse augurer une nouvelle année faste "si la récolte est au rendez-vous cet été".
© 2023 AFP
Mais ne laissons pas le lecteur sur des propos péjoratifs ; voici quelques informations complémentaires sur l'évolution du trafic maritime céréalier en France :
... où l'on observe que les fluctuations de trafic de céréales du port de Rouen sont les plus spectaculaires !
... où l'on constate une perte de part relative du port de Rouen au profit du port de La Rochelle entre l'année 2000 et l'année 2022...
... ou l'on observe un statu quo en matière de parts relatives de trafic entre le port de Rouen et celui de Dunkerque...
Sapeur de fond s/c Sire de Sei