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Sire de Sei, la Normandie en toute liberté!
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20 février 2022

LE BOCAGE DU DEPARTEMENT DE LA MANCHE EST EN DANGER !

Il faut tirer la sonnette d'alarme!

Le bocage normand est en danger car il ne fait l'objet d'aucune gestion cohérente...

D'un côté les pouvoirs publics, département, région, état ou la chambre d'agriculture font la promotion de la replantation des haies et développent des programmes et proposent des aides financières.

De l'autre, un certain nombre d'exploitants agricoles pris dans la logique de leur modèle de production suppriment des haies qu'ils estiment gênantes ou parce qu'ils y trouvent un intérêt en vendant les copeaux de bois à des chaufferies urbaines soi-disant écologiques... Enfin, les méthodes de taille et d'entretien mécanisé avec des disqueuses et des broyeuses massacrent les branches et propagent les maladies: c'est ainsi qu'on apprend que le frêne qui est le seigneur de notre bocage est atteint par la maladie... Va-t-il terminer comme feu le roi Orme?

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On lira avec intérêt, l'article suivant:

https://actu.fr/societe/les-arbres-et-les-haies-sont-ils-menaces-de-disparition-dans-la-manche_48836786.html

Les arbres et les haies sont-ils menacés de disparition dans la Manche ?

Arboriste-grimpeuse dans la Manche, Karine Marsilly évoque son métier et partage son point de vue sur notre rapport aux arbres et aux haies dans le département.

Arboriste-grimpeuse dans la Manche, Karine Marsilly évoque son métier et partage son point de vue sur notre rapport aux arbres et aux haies dans le département.

Actu : Une enfance en région parisienne, une formation de professeur des écoles puis, un jour, vous changez de branche pour le métier d'arboriste en vous installant dans la Manche. D'où vous vient cette passion pour les arbres ?

Karine Marsilly : Je l'ai depuis toute petite. Ma grand-mère était une passionnée des arbres. Ma maman aussi. Ma grand-mère m'emmenait en forêt pour m'apprendre à reconnaître les différentes essences forestières. Les femmes de ma famille ont toujours aimé et respecté les arbres.

Dans votre livre, « Ma vie avec les arbres », les arbres sont vos patients. Expliquez-nous votre profession d'arboriste-grimpeuse ?

K.M. : Souvent, les gens assimilent l'arboriste-grimpeur à un élagueur. Avant 1985, l'élagueur était quelqu'un qui montait à l'échelle et qui coupait du bois, une branche qui gênait ou qui était cassée. A la suite de l'intervention d'une Anglaise, outrée par la manière dont les arbres étaient massacrés en France, la ministre de l'Environnement de l'époque, Huguette Bouchardeau, a créé un diplôme d'État pour ce nouveau métier arboriste-grimpeur, grimpeur-élagueur au départ. Le diplôme que j'ai passé s'intitulait : taille et soin des arbres. J'ai pris ces termes à part entière. L'arboriste-grimpeur est un généraliste de l'arbre : il sait tailler un arbre mais aussi diagnostiquer les maladies de chaque essence, connaît l'interaction qui existe entre les différentes espèces pour les préserver.

Les arbres sont-ils en danger dans la Manche ?

K.M. : La Manche est l'un des départements les moins boisés de France. Son maillage bocager extraordinaire est en train de disparaître à vitesse grand V, même si le Département ou la chambre d'agriculture plante 10 à 20 km de haies par an. 1 500 arbres disparaissent chaque année. Ce qui est aussi inquiétant, c'est ce qui se produit dans les communes où des plantations dont certaines datent de Bonaparte sont abattues pour refaire un trottoir, l'élargir, ou aménager un parking. Énormément d'arbres sont ainsi mis par terre au nom du principe de précaution. Les élus ont beaucoup de pouvoir et sans se baser sur des avis d'experts, ils prennent l'initiative d'abattre des arbres alors qu'il n'y a pas forcément de bonnes raisons.

« Un des départements les moins boisés de France »

On l'a vu à Torigni et dernièrement à Carentan, dès que l'on abat des arbres centenaires, ça soulève des colères. Vous partagez cette indignation ?

K.M. : Complètement. Je suis présidente de l'Association de défense du patrimoine arboré de la Manche qui s'est constituée après l'abattage de 300 tilleuls séculaires à Torigni sous prétexte qu'ils étaient morts. On a détruit tout ce patrimoine légué par la famille Grimaldi. Le mur de la propriété, construit après la plantation des arbres, est aujourd'hui menacé d'effondrement par la décomposition des racines. Si l'entretien des tilleuls avait été fait par un professionnel respectueux du patrimoine arboré, la commune ne connaîtrait pas cette difficulté.

20 km de haies replantées par an

Le département de la Manche mène une politique en faveur des haies, en lien avec la chambre d’agriculture. Au total, le plan bocage 2016-2021 a mobilisé 4 millions d’euros sur 5 ans à travers six actions. Cela va de l’animation territoriale avec le recrutement de techniciens bocage à l’entretien des haies.

Le Département soutient cinq associations de reboisement regroupées au sein d’une fédération départementale qui assure la maîtrise d’ouvrage collective des opérations de plantation de haies. « Entre 2016 et 2021, le conseil départemental a financé 101 km de haies pour un montant de 707 711 euros. » Cette politique a compensé environ 2 % de la perte linéaire annuelle sur les 60 dernières années.

La collectivité intervient aussi en soutien aux agriculteurs « pour l’achat de matériel facilitant l’entretien des haies ». Elle mène aussi une expérimentation de séquestration de carbone par les haies. En contrepartie d’un linéaire de haies entretenues et d’un engagement sur 10 ans, l’exploitant agricole touche une compensation financière de 2 400 € par kilomètre de haie conventionnée dans la limite de 10 km. Sept agriculteurs ont adhéré à ce programme pour un montant de 156 048 euros.

55 000 km. C’est, par ailleurs, une estimation du linéaire de haies dans la Manche, premier département bocager de France. En 1964, au début des remembrements, l’administration évaluait ce chiffre à 120 000 km. Plus de la moitié des haies a disparu en 60 ans.

À lire aussi:

Tailler un arbre, c'est tout un art...

K.M. : Je suis pour une taille raisonnée, c'est-à-dire que l'on réfléchit avant de couper. On ne coupe pas un arbre pour lui donner une forme, car il se déformera tout le temps. Il faut prendre en compte ses équilibres hormonaux de manière à ne pas le déstructurer et ne pas le fragiliser en aérien comme dans le sol. Une intervention en hauteur a des répercussions sur les racines. Or, ce sont les racines qui tiennent l'arbre.

Peut-on tailler toute l'année ?

K.M. : Il ne faut pas intervenir à n'importe quel moment. Souvent, les arbres sont taillés en hiver alors que c'est à ce moment-là qu'ils sont les plus sensibles à l'humidité et aux attaques pathogènes parce qu'ils ne peuvent absolument pas multiplier les cellules pour recouvrir leurs plaies. On ne fait pas de mal aux arbres en les taillant quand ils ont des feuilles. Bien au contraire. Le démontage des arbres, c'est-à-dire l'abattage des arbres par petits morceaux, se fait en hiver. A partir d'avril, on taille les résineux, puis les fruitiers, ensuite les fagacées, c'est-à-dire les chênes, les frênes, les hêtres... et en fin d'été, à nouveau les résineux, et les plus fragiles : les noyers.

Les haies sont-elles bien entretenues dans ce département ?

K.M. : A une époque, c'était magnifiquement entretenu. Les gens coupaient du bois pour se chauffer mais aussi pour nourrir le bétail avec des branchages à certaines périodes de l'année. Ces haies étaient aussi des abris naturels pour les animaux, en particulier pour les vaches cherchant l'ombre l'été. Elles ont fait la richesse des sols de ce département. Si on a un tel rendement en herbage, c'est parce que les arbres se sont décomposés pendant énormément d'années pour créer cette terre extraordinaire. Aujourd'hui, on supprime des arbres parce qu'ils font de l'ombre au maïs et, pour gagner du temps, on utilise de plus en plus de machines pour tailler les haies. Les « lamiers » ont été remplacés par des broyeurs qui déchirent tout, le bois est explosé et voué aux maladies. Ces broyeurs sont en train d'exterminer des essences d'arbres bocagères. Le frêne par exemple, en colportant ainsi le virus du Chalara. La principale cause de mortalité des arbres est due aux machines qui les fragilisent en les mutilant, les rendant ainsi plus vulnérables aux parasites.

« On ne coupe pas un arbre pour lui donner une forme »

Faut-il recréer des espaces forestiers dans la Manche ?

K.M. : Je pense qu'il faut recréer de la forêt dans ce département là où l'on veut s'approvisionner en eau potable, parce que plus on va élargir les zones de culture, plus on va générer des problèmes dans le sol. Quand on voit aujourd'hui le taux de pollution de l'eau du robinet, je pense que la santé publique va dépendre de la création de forêts.

Karine Marsilly est l’auteure d’un livre, intitulé Ma vie avec les arbres, publié en 2021 aux éditions Harper Collins. Dans cet ouvrage, elle explique son métier d’arboriste-grimpeuse, élagueuse ou encore « généraliste de l’arbre » et comment elle prend soin, comme un docteur, des arbres qu’on lui confie. « En appelant à considérer l’arbre comme un patient, comme un être sensible, elle invite à redéfinir notre rapport au vivant. » Née en 1974, Karine Marsilly consacre sa vie à soigner et embellir les arbres. C’est l’une des premières femmes à exercer cette profession en France.

 « Le paysage bocager est en danger »

Aux portes de Saint-Lô, à La Barre-de-Semilly, la Confédération paysanne de la Manche a organisé une visite sur une ferme laitière bio qui fait de ses haies des alliées d’une agriculture durable.

Le bois issu de l’entretien des 15 km de haies bocagères est déchiqueté et utilisé pour le paillage et le chauffage de l’exploitation. Les coupes à blanc « sont nécessaires », selon son exploitant Fabrice Bouin. « Les chênes, on ne les abat que quand ils commencent à crever. Cette coupe, tous les 30 à 40 ans, favorise la repousse. Au bout d’un an, les rejets sont là. » Un « cycle vertueux » montré en exemple par le syndicat.

En 60 ans, le département a vu sa biodiversité liée à cet écosystème se réduire de moitié. « Le bocage tel qu’il est aujourd’hui est en danger », estime Pierre Aubril, porte-parole du syndicat. « Le sauvetage des haies passe par celui des élevages de dimension modeste, favorisant le pâturage. Dans un contexte où l’élevage est en difficulté, des agriculteurs l’abandonnent pour faire de grandes cultures et de la méthanisation. La robotisation des élevages et l’agrandissement des troupeaux font aussi que les haies sont délaissées. »

Le syndicat pointe des dérives dans les politiques publiques. « D’un côté, la Région, le Département, les intercommunalités et les plans climat encouragent la replantation de haies et de l’autre, on continue à détruire. On assiste aujourd’hui à une incohérence économique et écologique. »

La Confédération paysanne défend son modèle d’agriculture bio et met en avant l’implication des exploitants dans l’entretien des haies. « Ça demande un investissement, du temps… Qu’il y ait des aides à cette fonction de service à l’environnement, par la PAC, serait un encouragement. »

 

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