CAEN, du 13 au 26 octobre 2021: 56ème congrès des sociétés historiques et archéologiques de Normandie

28 juillet 2021

La Normandie, province historique et patrimoniale perçue comme telle dès les années 1820 a la particularité de faire encore vivre un réseau très dense de sociétés savantes et d'académie qui, pour certaines d'entre elles sont vénérables puisque remontant aux XVIII et XIXe siècles.

C'est ainsi qu'en 2024, la Société des Antiquaires de Normandie fondée par Arcisse de Caumont et qui est l'une des plus anciennes sociétés savantes françaises, fêtera son bicentenaire...

Depuis plus de deux siècles, la Normandie et notamment son histoire et son patrimoine archéologique et architectural, fait l'objet d'études menées par des érudits, des historiens, des archéologues, chercheurs qu'ils soient amateurs éclairés ou professeurs.

Le 56ème congrès des sociétés historiques et archéologiques de Normandie se tiendra cette année à Caen, à l'auditorium du musée des Beaux arts, dans l'enceinte du château ducal et il aura pour thème l'histoire des villes normandes:

Que serait la Normandie sans ses villes puisque notre région, suivant le sage précepte d'Alphonse Allais (né à Honfleur), les a mises à la campagne? Avec une ville de 10000 habitants tous les 30km environ, la Normandie est la région des petites villes qui forment un maillage serré à partir d'une base gallo-romaine et mérovingienne qui a été fortement développée à partir du XIe siècle dans le cadre de l'essor de la Normandie ducale médiévale. Au XIXe siècle, de nouvelles villes normandes apparaissent liées à l'industrialisation (par exemple, l'essor du textile) mais aussi avec la naissance du tourisme balnéaire sur le littoral. Les villes normandes grandissent en taille mais aucune n'arrive cependant à la taille critique d'une véritable capitale régionale dont l'importance pourrait s'imposer à l'ensemble de la région: la ville de Rouen aurait pu jouer se rôle mais elle ne put s'imposer totalement face au Havre et son port transatlantique ou ravir son université à la ville de Caen...

Comme on le sait, la Seconde Guerre Mondiale fut un cataclysme épouvantable pour les villes normandes identifiées depuis longtemps par les touristes, les artistes et les intellectuels comme des villes d'art et d'histoire pittoresques. Sauf rares exceptions (Honfleur, Granville, une partie du vieux Rouen...) tout fut balayé et broyé dans la tempête de l'Histoire avec une grande hache: après les bombes de 1944 et le béton des années 1950-1960, la Normandie monumentale fut, à peu près, sauvegardée mais la Normandie urbaine fut en grande partie anéantie et les villes normandes entrèrent ainsi brutalement dans la modernité dont les aspects les plus significatifs et qualificatifs font, désormais, à leur tour, l'objet d'une patrimonialisation, 80 ans après le traumatisme. (ex: la ville du Havre d'Auguste Perret inscrite au patrimoine mondial de l'Unesco depuis 2005).

Mais certaines villes normandes ont encore bien du mal à tourner la page de la Guerre et de l'Après Guerre faute d'une reconstruction suffisamment qualitative: à Lisieux, par exemple, qui avait, avant 1944, le double avantage d'être la "capitale du pan de bois" et la ville de Sainte Thérèse, la ville n'a jamais pu retrouver l'attraction qu'elle pouvait autrefois exercer... Même remarque pour la ville de Saint-Lô.

Bref, la résilience des villes normandes après le traumatisme de 1944 n'est toujours pas achevée et c'est moins une question de moyens ou de méthodes que la question de lever des blocages institutionnels et idéologiques: par exemple, sur la pertinence de proposer, enfin, des reconstructions architecturales à l'identique dans le coeur de nos villes normandes pour une réparation symbolique définitive, solution amplement utilisée en Allemagne mais toujours refusée en France.