Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Sire de Sei, la Normandie en toute liberté!
Sire de Sei, la Normandie en toute liberté!
Publicité
Archives
Visiteurs
Depuis la création 46 039
Derniers commentaires
Sire de Sei, la Normandie en toute liberté!
Pages
1 avril 2024

Repeupler le désert rural par la rénovation de l'habitat agricole: voilà la solution! A condition de tenir la bureaucratie en respect!

Billet de Florestan:

Certes! cela vient d'Outre-Couesnon mais voilà une idée  très intéressante pour donner du charme et de l'attractivité à la ruralité normande tout en contournant l'obstacle de la loi ZAN:

Au lieu de poser des rangées de boîtes à chaussures dans les champs ou les prés de notre bocage en guise de lotissement à habiter, une solution beaucoup plus intelligente consiste à rénover, adapter, transformer ou agrandir les bâtiments déjà existants qui sont souvent ceux d'une architecture vernaculaire locale en pierres et matériaux du pays: ce patrimoine bâti est gravement menacé, il est en très mauvais état car il s'agit surtout de bâtiments d'exploitation agricole qui ne sont plus adaptés aux usages de l'agriculture moderne. Très souvent ce patrimoine essentiel et identitaire parfois vieux de plusieurs siècles tombe littéralement en ruines.

L'idée est donc de le transformer, dans la mesure du possible, en logements.

L'autre idée plus politique qui a permis de mettre en oeuvre cette idée de bon sens de remployer le bâti existant pour en faire des logements, fut de se tenir fermement à distance de cette bureaucratie mortifère qui détruit toute initiative venue du terrain et de la réalité: en effet, cette initiative n'est possible que s'il n'y a pas de Plan Local d'Urbanisme (PLU)...

Exemple à Gennes-sur-Seiche un village du pays gallo breton à la frontière de la Mayenne:

Une proposition à étudier et à mettre en oeuvre en Normandie?

https://www.ouest-france.fr/bretagne/gennes-sur-seiche-35370/reportage-en-renovant-ses-batiments-de-ferme-cette-commune-rurale-connait-un-nouveau-souffle-3518c032-2249-11ee-993a-21e63e51577a

REPORTAGE. En rénovant ses bâtiments de ferme, cette commune rurale connaît un nouveau souffle

 

En Ille-et-Vilaine, la commune rurale de Gennes-sur-Seiche voyait sa population décliner. Grâce à la richesse de son bâti et à une souplesse administrative, une cinquantaine de bâtiments agricoles ont été transformés en maisons d’habitation. De nouveaux habitants se sont installés, attirés par des prix attractifs et la qualité de vie de la campagne.

Aux portes de Bretagne, la petite commune de Gennes-sur-Seiche, 965 habitants au dernier recensement, s’est développée le long de la frontière qui sépare l’Ille-et-Vilaine de la Mayenne. Localement, elle est vantée pour ses belles et grandes bâtisses en pierres, des maisons imposantes qui se distinguent dans un paysage plat, fait de champs à perte d’horizon, et donnent un cachet certain à la commune.

C’est dans l’une d’elles que la famille Hisope a posé ses bagages il y a 30 ans. Elle, patronne d’un magasin, lui, chef de centre des pompiers et employé à la mairie de Vitré. Ils vivaient à la caserne « par obligation » mais cherchaient un pied-à-terre à la campagne.

« On est venu visiter un soir où c’était ensoleillé. Heureusement, sinon on aurait passé notre chemin… Ici, c’était une grande cave et là, une étable. En face, c’était une grange. Il faut être fou, jeune et inconscient pour se lancer ! » sourit Maryvonne Hisope.

Car s’ils vivent aujourd’hui dans une maison de caractère, bordée d’hortensias et décorée avec soin, c’est bien d’un bâtiment de ferme inutilisé qu’ils sont devenus propriétaires dans les années 90. Album photos à l’appui, la Gennoise d’adoption ressuscite la longue période de travaux qui s’est ensuivie : des murs qu’on démolit, des enfants qui grandissent, du camping dans le jardin et des toilettes de chat faites à l’aide d’un seau…

Un riche fief protestant

Le lieu est d’abord une résidence secondaire, dans laquelle la famille Hisope passe ses week-ends et vacances. Pourtant, le mari, Yves Hisope, est élu maire de la commune « tout à fait par hasard » en 2001. « Personne n’arrivait à se mettre d’accord, alors on m’a demandé de me présenter ! » sourit-il. Le Vitréen découvre alors pleinement la ruralité et la singularité de Gennes-sur-Seiche.

Quand je suis devenu maire, en 2001, la population du bourg était très âgée : dans la rue principale, il y avait 33 veufs ou veuves

— Yves Hisope

Ancien fief protestant, « c’est une commune riche, où les fermes étaient prospères », retrace-t-il. En 1912, la commune est chef-lieu de canton et dépasse pour la première fois les 2 000 habitants. Mais elle fait ensuite face à une « période de déclin » : « Il y a eu le départ des protestants, la guerre 14-18 qui a causé la mort de 62 jeunes de la commune, puis la disparition de nombreuses exploitations agricoles. » Résultat : la population chute et dépasse péniblement les 700 habitants dans les années 90. « Quand je suis devenu maire, en 2001, la population du bourg était très âgée : dans la rue principale, il y avait 33 veufs ou veuves », raconte Yves Hisope.

Ici, pas de Plan local d’urbanisme

Cette grandeur perdue léguera à Gennes-sur-Seiche les clés permettant d’enrayer son déclin. En effet, la richesse originelle de la commune s’est répercutée sur le bâti. Permettant à de nombreux corps de fermes abandonnés d’être rénovés en maisons d’habitations, à l’image de celle de la famille Hisope. « Les bâtiments annexes étaient de qualité, avec des murs de pierre. On n’a jamais autorisé la rénovation de structures en parpaing ou de hangars en bois », explique l’ancien maire.

Si ces projets de rénovation sont portés par des particuliers, la municipalité pousse en faveur des permis de construire. Une initiative facilitée par le fait que la commune a toujours refusé de se doter d’un Plan local d’urbanisme (PLU), un document régissant l’aménagement du territoire, jugé « beaucoup trop strict ». « Ne pas en avoir nous a évité de nous imposer des contraintes et nous a permis de trancher au cas par cas. Sans cela, on n’aurait pas pu mener toutes ces rénovations », assure Yves Hisope.

Les élus s’étaient toutefois fixé une ligne rouge : ne pas nuire à l’agriculture et ne pas prendre de terres agricoles. Des intérêts défendus fermement au conseil municipal, dans lequel se trouvaient plusieurs agriculteurs. Dont Henri Béguin, aujourd’hui retraité et qui a pris la suite d’Yves Hisope comme maire en 2020. « Au début, on a hésité, reconnaît-il. Pour les habitants, vivre à côté de fermes pouvait générer des nuisances, et pour les agriculteurs, cela pouvait être une contrainte pour les épandages. Il a fallu cohabiter mais aujourd’hui, on ne le regrette pas. »

L’école est sauvée

Au total, plus d’une cinquantaine de bâtiments ont connu une seconde jeunesse en étant transformés en maisons d’habitation, sur les 350 que compte la commune. Des hameaux où ne vivait qu’un couple accueillent désormais une quinzaine d’habitants. La politique de rénovation ne s’est pas arrêtée aux bâtiments agricoles : elle a aussi gagné le bourg. Mais ici, impossible de faire porter les projets à des particuliers – étant contrôlés par les architectes des Bâtiments de France, ils auraient été trop onéreux.

Aujourd’hui, nous sommes propriétaires de 20 logements, tous loués. C’était un investissement, mais ça rapporte désormais 90 000 € par an à la commune

— Henri Béguin

La mairie a donc acheté les lieux, profitant d’une « période faste » en matière de subventions. C’est ainsi que l’ancienne école ou l’ancienne mairie ont été transformées en logements, des appartements de type T3-T4. « Aujourd’hui, nous sommes propriétaires de 20 logements, tous loués. C’était un investissement, mais ça rapporte désormais 90 000 € par an à la commune », se réjouit l’actuel maire, Henri Béguin.

Avec cette vague de rénovations est arrivé un nouvel élan indubitablement bénéfique pour la commune. Depuis le début des années 2000, sa population remonte progressivement. « On va bientôt dépasser les 1 000 habitants », assure Henri Béguin. Parmi les nouveaux arrivants, on trouve tant de jeunes couples que de jeunes retraités, ainsi que quelques Parisiens venus se mettre au vert.

Un temps menacée, la survie de l’école est aujourd’hui garantie, notamment grâce au turn-over amené par le locatif. « C’était indispensable, l’école est un véritable ciment social. Elle crée des liens et des racines », salue l’ancien maire, Yves Hisope. Gennes a également pu maintenir un nombre de commerces honorable pour une commune rurale : on y trouve un restaurant, un coiffeur et un garage. L’épicerie a en revanche fermé il y a quelques années, et les habitants vont faire leurs courses à celle de Cuillé en Mayenne, à 2 kilomètres du bourg, ou au supermarché d’Argentré-du-Plessis.

Des prix attractifs

Marylène et Matthieu Tessier font partie des derniers arrivés à Gennes-sur-Seiche. Originaire de Janzé, le jeune couple a fait « 35 agences immobilières, du nord au sud-est de l’Ille-et-Vilaine », avant d’enfin trouver la perle rare : ce terrain de 13 hectares où se trouvait autrefois la plus vaste exploitation de la commune. Le lieu est ensuite devenu un élevage de chevaux, fermé il y a peu.

Marylène et Matthieu Tessier, eux, avaient un autre projet en tête. En plus d’y habiter, ils voulaient créer « une ferme pédagogique, planter des arbres fruitiers et proposer un gîte touristique au calme ». Le tout dans une démarche de rénovation écologique, en n’utilisant que des matériaux recyclables et durables. Une nouvelle proposition qui contribue au dynamisme de la commune : la trentenaire s’est même inscrite comme bénévole à la bibliothèque et fait partie de l’association des parents d’élèves.

À quelques centaines de mètres de là, la famille Croyam, elle, a mis en vente sa maison, elle aussi créée dans un ancien bâtiment agricole. Ils étaient arrivés en 2008, attirés par les prix attractifs et le terrain vaste. « On cherchait une maison à la campagne et les lotissements ne nous plaisaient pas », se souvient Noël Croyam.

C’est lui qui avait réalisé la maçonnerie et la charpente. « C’est de la super pierre, ça tenait tout seul. C’est vraiment fait dans les règles de l’art », salue l’agriculteur de 42 ans. S’ils quittent aujourd’hui les lieux pour s’installer sur le siège de leur exploitation, des visiteurs se sont déjà montrés intéressés par le bien, « plutôt des retraités », indique-t-il.

« On n’a plus la même liberté »

Vingt ans après que cette politique a été entamée, il reste encore des bâtiments à rénover à Gennes-sur-Seiche. Les projets se poursuivent : l’ancienne boucherie, fermée depuis dix ans, est en train d’être transformée en logements. « On a également plusieurs bâtiments agricoles en cours de rénovation car de nombreux agriculteurs prennent leur retraite », souligne le maire, Henri Béguin.

Comme c’est le cas de seulement deux communes sur les 46 que regroupe Vitré Communauté, Gennes-sur-Seiche n’a toujours pas de Plan local d’urbanisme (PLU). Le village d’irréductibles Bretons résiste encore et toujours. « On va sans doute devoir finir par y passer… grince Henri Beguin. Il faudra alors bien recenser tous les bâtiments agricoles pour permettre leur rénovation. »

Lui qui a toujours vécu à Gennes s’attriste de voir les petites communes perdre des compétences au profit des communautés de communes. « On n’a plus la même liberté », regrette-t-il. Une liberté qui permettait l’émergence de particularisme et d’expérimentations menées à l’échelle hyperlocale, à l’image des rénovations gennoises.

L’exemple a pourtant été érigé en modèle, notamment face aux difficultés rencontrées aujourd’hui pour concilier besoin de logements et nécessité de protéger les sols. En pleins débats sur la Zéro artificialisation nette, l’ancien ministre de l’Agriculture et maire de Vitré, Pierre Méhaignerie, voit là une piste pour offrir un avenir aux hameaux.

Ici, les habitants n’ont pas juste un toit. Ils vivent dans des maisons qu’ils ont pensées et qui les rendent heureux

— Yves Hisope

Une autre vision de l’urbanisme

« Notre modèle n’est pas transposable », estime quant à lui Yves Hisope. Il est le fruit d’une histoire, d’opportunités et surtout d’un bâti ancien riche dont ne disposent pas toutes les communes. Mais aller vers plus de rénovations n’a que des avantages à ses yeux : « Ça un intérêt écologique, on n’enlève pas de surfaces agricoles, il n’y a plus de ruines laissées à l’abandon qui ternissent l’image des communes, cela améliore la mixité sociale… », énumère-t-il.

Pour l’ancien maire, le succès de celles menées à Gennes atteste aussi de la nécessité d’une alternative aux politiques d’urbanisme actuelles. « Elles semblent faites par des personnes n’ayant jamais vu une zone rurale. Pourquoi faudrait-il concentrer tous les logements dans et autour des villes ? » s’interroge-t-il.

Lui-même citadin repenti, il n’échangerait contre rien au monde sa maison, où il peut « regarder pousser ses géraniums » durant sa retraite, pour le bouillonnement d’un centre-ville. Fustigeant les lotissements pavillonnaires aux parcelles restreintes, dans lesquelles il voit des « HLM horizontaux », il plaide pour réhabiliter l’art de vivre à la campagne. « Bien sûr, il y a des problèmes de mobilités, et il faut que ce soit un choix. Mais ici, les habitants n’ont pas juste un toit. Ils vivent dans des maisons qu’ils ont pensées et qui les rendent heureux », assure-t-il.

--------------------------------------------------------------------------------

Commentaire de Florestan:

Cette solution de la rénovation du bâti agricole accompagnée d'une politique foncière communale dynamique évite d'avoir recours à deux solutions qui n'en sont pas pour garantir les revenus et la vie d'une commune:

1) Faire, effectivement, des "HLM horizontaux" entre les quatre haies d'un pré.

2) Implanter un parc éolien.

Tout cela illustre l'impérieuse nécessité de garder vivante la commune, cellule de base de notre démocratie.

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité