La LNPN de la réalité!
Billet de Florestan:
La LNPN est à nouveau au coeur du débat politique régional normand, on vient de s'en rendre compte lors de la dernière plénière du Conseil régional de Normandie lundi 25 mars dernier.
Mais derrière les hourvaris ou les déclarations assassines de Madame 5% à la dernière présidentielle, il y a une réalité très complexe qui invite à raison garder et à penser ce projet d'intérêt national dans toutes ses dimensions: une approche strictement localiste, de type nimbyste voire politicienne sinon clientéliste de ce projet est tout simplement.... débile!
On lira cet article paru le 22 mars dernier sur le site spécialisé "Transportail":
LNPN : l’amorce d’une détente ?
La section francilienne du projet LNPN se trouve bien malgré elle au cœur de débats tendus entre la Normandie et l’Ile-de-France.
Rappelons qu’elle comprend principalement une section nouvelle, en partie souterraine, entre Nanterre et Epône-Mézières, ressortant du tunnel à l’ouest de la forêt de Saint-Germain pour se placer ensuite le long de l’autoroute A13. Elle doit rejoindre la ligne existante entre Aubergenville et Epône-Mézières. Au-delà, les travaux EOLE en cours d’achèvement ont prédisposé une 4ème voie jusqu’à l’entrée de Mantes-la-Jolie.
Pour les Yvelines, le bénéfice serait assez évident : la séparation des flux autoriserait une étape supplémentaire de développement de la desserte du RER E, avec 8 trains par heure au lieu de 6 jusqu’à Mantes (4 omnibus et 4 express). Il serait même possible d’avoir encore 4 trains de plus jusqu’aux Mureaux.
Côté normand, la section francilienne ferait gagner environ 7 minutes entre un tracé un peu plus court et une circulation à 200 km/h au lieu de 120/130 (entre Nanterre et Maisons-Laffitte) ou 160 (à partir de Maisons-Laffitte). Le bénéfice serait surtout à chercher du côté de la régularité par la séparation des flux, le tunnel LNPN débutant à Nanterre avant que le RER ne rejoigne les voies du groupe V.
Depuis un peu plus d’un an, la Région Ile-de-France avait surpris en affichant subitement une position opposée à LNPN. C’est un peu se tirer une balle dans le pied, car maintiendrait le RER E dans une situation précaire : cohabitation délicate avec les trains vers la Normandie avec jusqu’à 18 trains / heure / sens entre Epône et Mantes (zone à 3 voies), et 16 sur les sections à 2 voies (notamment Houilles – Vernouillet), et impossibilité de développer la desserte.
La Normandie n’est pas exempte de reproches avec son opposition à la desserte de Mantes-la-Jolie sur les dessertes d’Evreux et de Rouen, pourtant indispensable à la continuité de service dans la vallée de la Seine : il y a pourtant plus de déplacements domicile-travail entre l’Eure et les Yvelines qu’entre l’Eure et l’ensemble Paris – Petite couronne, mais ils sont moins visibles car se font très majoritairement en voiture… faute d’offre de transports en commun efficace !
Quant au fret sur la ligne nouvelle, le débat est sans objet : s'agissant d'une ligne sans autre connexion au réseau existant qu'à ses extrémités, et donc non connectée à la Grande Ceinture, il est évident - sauf à vouloir agiter certaines peurs - que le fret continuera de passer sur les lignes existantes, et plutôt en rive droite de la Seine.
La position de la Région Ile-de-France semble s’assouplir, ayant obtenu de l’Etat des avancées sur l’exclusion de l’infrastructure nouvelle du périmètre « Zéro Artificialisation Nette » (car une infrastructure ferroviaire est-elle vraiment imperméable ?) et du CPER, la participation francilienne étant renvoyée à un plan de financement spécifique. Néanmoins, elle maintient la pression sur la Normandie et ne desserrera l’étau qu’à condition d’obtenir satisfaction sur la desserte de Mantes-la-Jolie.
En attendant, rien ne garantit qu’il n’y aura pas de nouvelles constructions sur le faisceau étudié pour la section le long de l’A13, de sorte à forcer la réalisation de la ligne nouvelle en tunnel : un excellent moyen de torpiller le projet, au regard du coût supplémentaire engendré par un tel scénario du pire.