L'avenir incertain de la pêche artisanale normande dans la baie de la Seine vu par Ouest-France qui ne voit pas les éoliennes!

Billet de Florestan:

Les journalistes de la rédaction caennaise de Ouest-France s'inquiètent de l'avenir de la pêche artisanale normande dans la baie de la Seine et du littoral du Calvados. Fort bien.

Mais en lisant le dossier proposé à notre réflexion citoyenne on s'inquiètera aussi pour l'avenir d'une autre profession artisanale:

En effet, que restera-t-il du métier de journaliste quand la marée haute du déni du réel se sera retirée?

Car dans cette "vague de défis pour la pêche dans le Calvados" les journalistes de Ouest-France ne disent absolument rien du fait essentiel qui prendra possession des eaux marines au large des plages du Calvados: la réalité à venir des futurs parcs d'éoliennes marines et leurs impacts négatifs tant sur la ressource halieutique que sur la sécurité maritime ou les conditions concrètes d'exercice du métier de marin-pêcheur, un métier déjà bien assez pénible comme cela, est occultée dans la vision de journalistes borgnes qui n'ouvriront l'oeil que lorsque la réalité niée s'imposera dans sa toute puissance à l'instar de l'armada de l'opération Overlord secrètement rassemblée au large des plages du Débarquement qui s'est imposée dans l'oeil des vigies de l'occupant allemand au petit matin du 6 juin 1944.

Charles Péguy résume en deux phrases le difficile métier artisanal de journaliste marin pêcheur de faits dans l'océan du réel:

"Dire ce que l'on voit et voir ce qu'il y a à voir." (Notre Jeunesse, 1914)

Doit-on parler de naufrage du journalisme lorsqu'un "angle" éditorial (ici les conséquences du changement climatique sur la ressource halieutique) sert surtout à camoufler un... angle mort idéologique? (L'impact négatif des parcs d'éoliennes marines sur la pêche artisanale elle-même).

En effet, trois grandes inquiétudes sont évoquées par les professionnels de la mer dans ce dossier:

- Le recul du trait de côte et les submersions marines.

- Le réchauffement des eaux marines et son impact sur la ressource halieutique.

-L'impact de l'installation des parcs éoliens marins (celui de Courseulles-sur-mer) sur l'activité de la pêche artisanale.

Les deux premiers points sont traités de façon exhaustive avec tous les renvois nécessaires vers les autorités scientifiques indispensables.

En revanche, le 3ème point d'inquiétude évoqué par les professionnels de la mer du littoral du Calvados n'a pas eu l'heur de stimuler la curiosité intellectuelle des journalistes de Ouest-France... On se demande bien pourquoi!

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Une vague de défis pour la pêche dans le Calvados !

Dans ce dossier consacré aux liens entre pêche et dérèglement climatique, nous dresserons un état des lieux et de la ressource dans le Calvados, en nous appuyant sur des données scientifiques mais aussi sur les données des professionnels de la mer. 

Dans ce dossier consacré aux liens entre pêche et dérèglement climatique, nous dresserons un état des lieux et de la ressource dans le Calvados, en nous appuyant sur des données scientifiques mais aussi sur les données des professionnels de la mer.

Comment travaillent ces derniers à l’aune du changement climatique ? Les consommateurs ont-ils un rôle à jouer pour limiter ce dérèglement quand ils achètent leur poisson ? Et puis, quelles solutions ? Est-il possible d’équiper les chalutiers de moteurs moins polluants et moins gourmands en gasoil ? En clair, comment faire pour aller vers une pêche durable ? Vaste programme !

Bénédicte Charles et Jean-Philippe Gautier

Dérèglement climatique. Une vague de défis pour la pêche : retrouvez l’intégralité de notre dossier

Quels impacts le changement climatique et la pollution ont-ils sur la pêche dans le Calvados ? Et la pêche a-t-elle un impact sur la biodiversité ? Voilà les deux questions auxquelles nous nous sommes attaqués et auxquelles nous essaieront de répondre dans ce dossier spécial, réalisé par les rédactions du Calvados de Ouest-France.

Dans ce dossier consacré aux liens entre pêche et dérèglement climatique, nous dresserons un état des lieux et de la ressource dans le Calvados, en nous appuyant sur des données scientifiques mais aussi sur les données des professionnels de la mer.

Comment travaillent ces derniers à l’aune du changement climatique ? Les consommateurs ont-ils un rôle à jouer pour limiter ce dérèglement quand ils achètent leur poisson ? Et puis, quelles solutions ? Est-il possible d’équiper les chalutiers de moteurs moins polluants et moins gourmands en gasoil ? En clair, comment faire pour aller vers une pêche durable ? Vaste programme !

L’état des lieux et la ressource dans le Calvados

Les effets du changement climatique ne se limitent pas à l’augmentation de la température, à la multiplication des phénomènes météorologiques et à l’élévation du niveau de la mer. Il bouleverse les écosystèmes terrestres et marins. Au fond des mers, certaines espèces tarissent, quand d’autres prolifèrent ou se déplacent. En janvier 2023, un Giec normand (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) a dressé un état des lieux de la pêche et la conchyliculture en baie de Seine.

Cet état des lieux pose aussi la question des répercussions du champ d’éoliennes en mer, prévu à Courseulles-sur-Mer (Calvados), sur l’activité des pêcheurs. Du côté des professionnels, des craintes s’expriment.

Quid des politiques publiques ? L’élu régional et départemental Cédric Nouvelot est président du Groupe d’action local pêche et aquaculture (Galpa). Il assure que les collectivités se sont engagées dans une politique environnementale destinée à lutter contre les effets du changement climatique.

Comment travaillent les professionnels de la mer ?

Pêcheurs, consommateurs, scientifiques… Face à la diminution de la ressource halieutique, chacun a un rôle à jouer. « Les pêcheurs ont pris des coups », estime Dimitri Rogoff, président du Comité régional des pêches, qui dresse un constat et évoque quelques pistes.

Du côté de la criée de Port-en-Bessin (Calvados), premier port de pêche de Normandie, les économies d’énergie se sont érigées en question brûlante. D’importants travaux de rénovation sont programmés pour 2024 dans ce bâtiment très énergivore.

Nous sommes aussi allés à la rencontre des professionnels de la zone ostréicole de Meuvaines (Calvados), qui vont être confrontés à trois problématiques : le recul du trait de côte, l’installation d’éoliennes au large et le réchauffement des eaux de la mer de la Manche.

Le poisson : du bateau à l’assiette, quel circuit, quel parcours ?

Sur les marchés, les consommateurs font-ils attention à la provenance des coquillages, crustacés et poissons vendus sur les étals ? Favorisent-ils les produits de la mer de la Manche ? On a rencontré des gourmets croisés au hasard sur le marché hebdomadaire de Condé-sur-Noireau, commune déléguée de Condé-en-Normandie.

Faut-il taxer les sociétés d’autoroutes au nom de la transition écologique ?

D’ailleurs, comment choisir un poisson ou des crustacés vertueux pour l’environnement ? Olivier Gautier, poissonnier installé à Vire Normandie (Calvados), nous a répondu. Enfin, nous sommes allés chez Aldo, dans les coulisses d’un « grossiste de la mer » à Courseulles, qui fait l’intermédiaire entre les bateaux de pêche et les poissonneries ou les supermarchés.

Quelles solutions ?

Pour les patrons de pêche rencontrés à Trouville et Honfleur, la pêche artisanale est la solution par rapport à la pêche industrielle pour différentes raisons. Ils mettent en avant le circuit court et la préservation de la ressource.

Côté matériel, depuis le 1^er janvier 2021, les bateaux construits ou transformés, et exploités en Manche et la mer du Nord doivent être équipés d’un moteur IMO III, une norme antipollution imposant une diminution des émissions d’oxydes d’azote (NOx). Mais visiblement, il n’y a pas beaucoup de demandes de la part des patrons de pêche du Calvados.

À Ouistreham, trois armateurs ont fait le choix de bateaux plus petits pour travailler près des côtes, mais aussi pour avoir de plus petits moteurs, qui consomment moins.

Côté formation, le master Sciences de la mer vise à former des cadres ayant une large polyvalence sur l’ensemble de la filière pêche-aquaculture. Baptiste Vivier a suivi cette voie. Aujourd’hui, il travaille pour une entreprise de bâtiment et travaux publics. Il conçoit et teste des matériaux respectant la vie sous-marine.

Quel avenir pour la pêche ?

Au large de nos côtes normandes, comme un peu partout dans le monde, le fond des mers subit les conséquences du dérèglement climatique. S’ils sont les premiers touchés par la baisse des ressources, les pêcheurs ont aussi la possibilité, à leur niveau, d’inverser la tendance. Voici les pistes qu’il faut privilégier, selon Didier Gascuel, enseignant et chercheur en écologie marine.