Le port de ROUEN interdit d'exporter ses céréales hors de l'Union européenne: qu'en est-il?
Billet de Florestan:
La bureaucratie qu'elle soit nationale ou supra-nationale court folle, la bride sur le col faute d'être fermement conduite par un véritable gouvernement. Le président Pompidou s'était fermement opposé à ses haut-fonctionnaires qui voulaient raser tous les alignements le long des routes nationales pour des raisons de sécurité routière, avec ce mot devenu célèbre: "arrêtez d'emmerder les Français!"
Depuis Pompidou, ce cancer bureaucratique de nos poumons politiques n'a cessé de grandir au point de détruire la réalité elle-même avec une action publique devenue littéralement toxique!
Nous en avions parlé ici dès que le problème fut porté à notre connaissance à savoir l'interdiction du traitement des cargaisons de céréales à la phosphine dans les ports français au risque d'interdire à nos navires l'accès aux pays et aux ports où ce traitement insecticide est encore exigé avec, pour conséquence, un impact considérable pour l'activité de nos ports, à commencer par le grand port maritime de Rouen qui est l'un des premiers ports exportateurs européens pour les céréales.
Quinze jours après cette alerte où en sommes-nous?
Eh bien, nous en sommes, comme d'habitude, réduits à être les spectateurs consternés du sport favori pratiqué par les bureaucrates dès qu'ils sont fondamentalement remis en cause et qui est un sport de balle et de raquettes qui s'appelle: "c'est pas nous c'est eux!"
En attendant que le gouvernement se retire les doigts du c... depuis son sous-sécrétariat d'état à l'amer en découvrant certaines réalités de l'économie maritime que l'on peine à voir depuis le bassin des Tuileries de Paris, ici à Rouen en Normandie c'est l'inquiétude qui règne sur les quais et autour des silos au point que la CGT pourrait bientôt s'emmêler! c'est dire...
Un insecticide fait polémique : le port de Rouen "en danger de mort" ? | 76actu
Une décision des autorités sanitaires pourrait, selon ses détracteurs, mettre en péril les exportations de céréales, vitales pour le port de Rouen. Qu'en est-il réellement ?
Avis de tempête sur les silos à grains du port de Rouen (Seine-Maritime) ? Le premier port céréalier d’Europe de l’Ouest serait « en danger de mort » selon Guillaume Pennelle. Le délégué départemental du Rassemblement national et président des élus RN au Conseil régional, pointe dans un communiqué le risque d’« une chute d’activité vertigineuse » sur les bords de Seine.
À l’origine de ses propos alarmistes, un article du journal L’Opinion publié le 7 avril 2023. D’après nos confrères, à partir du 25 avril, « il ne sera plus possible, pour la France, d’exporter des céréales hors de l’Union européenne ».
Imbroglio sur l’interdiction d’un insecticide
En cause, selon L’Opinion, une décision de l’Anses. Le quotidien soutient que « l’agence nationale de sécurité sanitaire alimentaire française, a décidé, le 26 octobre 2022, de ne plus permettre l’usage d’un insecticide, la phosphine (techniquement, PH3), en contact direct avec les céréales ».
Ce produit est utilisé sous forme de tablettes à mettre parmi les grains. Il libère un gaz toxique qui protège les cargaisons de céréales, pendant leurs voyages dans les cales des bateaux, contre la présence de ravageurs (insectes, rongeurs…). C’est ce qu’on appelle la fumigation.
L'Anses se défend d'avoir interdit la phosphine
Jointe par 76actu, l'agence de sécurité sanitaire assure que le fabricant de l'insecticide ne lui a pas demandé le renouvellement de son homologation en France. Et qu'il ne lui a donc pas fourni « les données nécessaires permettant d’évaluer le risque sanitaire potentiel lié à l’usage en contact direct avec les grains ».
« Cet usage n’a, par conséquent, pas été évalué, notamment en termes de présence de résidus de phosphine et de sel de phosphure, ajoute l'Anses. Or, la preuve d’une absence d’effet nocif pour les consommateurs est un prérequis des règlements européens [...] pour la délivrance des autorisations de mise sur le marché. »
De son côté, le fabricant de la phosphine dément auprès de L'Opinion avoir renoncé à ce que son produit soit homologué pour un usage en contact direct avec les céréales.
« Perte de marchés »
Sans ce traitement, les céréales françaises ne pourraient plus être expédiées vers des pays qui exigent la fumigation en contact direct avec les grains.
Cela signifierait « la perte d’un certain nombre de marchés notamment en Afrique », affirme à 76actu Christelle Tailhardat, secrétaire générale du Synacomex, le syndicat national des exportateurs de céréales.
« Ce serait plus que fâcheux », ajoute-t-elle, au vu des volumes exportés par la France vers le continent africain : environ 7 millions de tonnes sur un total de 11,5 millions en moyenne annuelle.
Les ports de Rouen, La Pallice [à La Rochelle, NDLR] et Dunkerque seraient les plus impactés : ils perdraient plus de la moitié de leur activité voire 80 % comme cette année où certaines destinations comme le Maroc et l'Algérie sont revenues en force en raison de la guerre en Ukraine.
Christelle Tailhardat Secrétaire générale du Synacomex
« L’impact serait phénoménal » pour le port de Rouen
À Rouen, « les exports sur les pays tiers (hors Union européenne) représentent en général 90 à 95 % des exportations de céréales », soit près de 8 millions de tonnes, indique Haropa ports. Une activité qui pèse lourd dans les 66 millions d’euros de chiffre d’affaires réalisés par le port en 2022.
« Rouen est le premier port français exportateur de céréales, l’impact d’une telle décision serait phénoménal », s’étrangle Fabrice Lottin. Le secrétaire général de la CGT travailleurs portuaires de Rouen craint que « les industriels passent par d’autres pays où ils pourront continuer d’exporter, comme la Belgique ».
En effet, « nos voisins européens ont tous reconduit l’homologation de la phosphine en contact direct avec les grains, on serait les seuls à ne pas le faire », déplore Christelle Tailhardat. Elle dénonce « une distorsion de concurrence qui serait inacceptable ».
Dès lors, Rouen pourrait perdre une bonne partie de son trafic portuaire – la moitié dépend des céréales selon Fabrice Lottin. « Vous vous coupez une jambe et un bras », image le syndicaliste.
Or, chaque navire à quai paie un droit de port, rappelle-t-il. « Ce seront des rentrées financières en moins pour le secteur portuaire, avec des répercussions sur son développement et ses salariés. » Ils sont aujourd’hui plus de 18 000 à y travailler, des docks jusqu’aux usines alentour.
La CGT « ne se laissera pas faire »
« Notre fédération a déjà interpellé le gouvernement, on attend sa réponse », poursuit Fabrice Lottin. Aux dires du cégétiste, son syndicat se tient « prêt à réagir si ça ne rentrait pas dans l’ordre ».
À la CGT, on ne se laissera pas faire si on continue de nous embêter avec ça, car ce sont des emplois à la clé. Il y aura peut-être des grèves, des actions dans les ports.
Fabrice Lottin Secrétaire général de la CGT travailleurs portuaires de Rouen
Du côté d’Haropa ports, on se dit « attentif à la situation » sans plus de commentaires. L’établissement renvoie vers les opérateurs céréaliers (Sénalia, Soufflet…) et les représentants de la filière.
Les promesses du gouvernement
Pour l’heure, le Synacomex « reste serein » même si la date fatidique du 25 avril « se rapproche ». Christelle Tailhardat « attend un papier officiel réautorisant l’utilisation de la phosphine en contact direct avec les céréales ».
C’est en tout cas la promesse du gouvernement, pressé de questions sur le sujet par plusieurs députés, le 11 avril dernier. « La France va continuer à exporter des céréales. Elle le fait dans le cadre du droit européen qui permet de déroger à l’interdiction […] à la demande des pays d’import », a répondu Marc Fesneau, ministre de l’Agriculture, selon des déclarations rapportées par l’Agence France-Presse.
Son homologue au Commerce extérieur, Olivier Becht, est allé dans le même sens : « Il y a encore des clarifications juridiques à apporter, mais je puis vous garantir que d’ici au 25 avril, des décisions seront prises pour que les exportations puissent se poursuivre. »
L’Anses, pour sa part, nous confirme que l’exécutif « pourrait passer outre [le non-renouvellement de] l’autorisation de mise sur le marché » en s’appuyant sur les règles européennes.
« Le droit communautaire autorise des dépassements de limites maximales de résidus dans certains cas pour l’export […] sous réserve qu’il soit ‘prouvé d’une manière satisfaisante que le pays tiers de destination exige ou accepte ce traitement particulier afin de prévenir l’introduction d’organismes nuisibles sur son territoire’ », explique l’agence en citant le règlement européen en question.
Pour la Métropole, « on ne peut pas avancer tout seul »
Si une porte de sortie se dessine, celle-ci ne satisfait pas complètement Charlotte Goujon. « On parle d’un produit toxique pour la santé humaine et l’environnement, qu’on n’utilise pas pour nous mais qui ne poserait plus problème dès lors qu’il est utilisé à l’exportation », pointe la vice-présidente en charge de la transition écologique à la Métropole Rouen Normandie, représentée par son président Nicolas Mayer-Rossignol au sein du conseil de surveillance d’Haropa ports.
La maire du Petit-Quevilly reconnait néanmoins que « les inquiétudes des syndicats et des acteurs économiques sont évidentes en l’absence d’alternative immédiate ». Tout en appelant, « à plus long terme », à « s’interroge[r] sur notre incapacité à changer de modèle économique, on le voit par exemple sur la betterave ».
« C’est une discussion à avoir à plus grande échelle, estime l’élue locale. On ne peut pas avancer tout seul, il faut que les décisions soient identiques au niveau européen. »
Commentaire de Florestan:
Après la contestation juridique en cours de la ZFE, cette affaire autour de l'interdiction de la phosphine dans les cargaisons du premier port exportateur européen de céréales, démontre que personne ne veut à Rouen d'une "capitale du Monde d'Après" fondée sur l'Ecologie punitive... Sauf peut-être les quelques hiérarques dévots et inquisiteurs de cette nouvelle religion qui squattent l'hôtel-de-ville!
ZFE. Un recours juridique déposé contre la Zone à faibles émissions de Rouen - Paris-Normandie
Voir aussi:
Lancement du site internet de l'association Industrielle UPSIDE » Sénalia (senalia.com)