Le régionalisme serait-il un séparatisme? Ben voyons! Le Béarnais Feltin-Palas répond à Morel le Jacobin...
Billet de Florestan:
Les Jacobins de stricte observance comme jadis l'Abbé Grégoire, se trompent de cible:
Si la République française une et indivisible peut être actuellement menacée dans son unité nationale ou dans sa langue c'est moins par la revendication et l'action légitimes de régionalistes qui défendent, à bout de bras, la véritable diversité historique et culturelle de la France qui ne veut pas mourir que par la présence démographique, de plus en plus forte, de populations réellement étrangères à notre civilivisation par la religion, les moeurs ou la langue.
La langue française de France n'est pas menacée par le breton, l'alsacien, le corse, le basque, l'occitan, le flamand, le poitevin, le picard, le gallo ou le normand. Elle l'est plutôt par la généralisation d'un frangliche mondialisé par le haut et par un sabir franco-arabe par le bas.
Benjamin Morel rate sa cible en entretenant à dessein la confusion entre régionalisme et séparatisme nationalitaire linguistique, un phénomème poltique aussi marginal que violent dans notre cadre commun français.
Mais fort heureusement, Michel Feltin-Palas, notre héros/héraut béarnais des langues régionales de France rectifie le tir...
Le français, langue unique ? Benjamin Morel et les pompiers pyromanes
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L’universitaire à succès Benjamin Morel pourfend les régionalistes en qui il voit de dangereux séparatistes. Il fait fausse route.
C’est une charge. Une charge apparemment argumentée, comme il se doit pour un maître de conférences en droit public à l’Université II - Panthéon-Assas, ce qui n’empêche au demeurant ni les erreurs d’analyse ni les inexactitudes factuelles (1). Quelle est la cible de Benjamin Morel, puisque c’est de lui qu’il s’agit ? Les défenseurs des identités régionales, rebaptisés ici "ethnorégionalistes", pour bien montrer ce qu’ils ont de nuisible à ses yeux. Oh, certes, l’auteur l’assure : "Ce livre n’est en rien un pamphlet contre les langues et les cultures régionales" (p 27). Mais il n’est pas besoin d’être grand clerc pour comprendre qu’avec lui, elles n’auraient pas un avenir radieux. Un seul exemple : il ose dans ce domaine rendre hommage à Jean-Michel Blanquer, dont le passage au ministère de l’Education nationale s’est traduit par un effondrement des effectifs des élèves apprenant l'occitan, le breton ou le catalan, et par le torpillage de la loi Molac - la seule jamais votée sur ce sujet sous la Ve République ! Aussi me paraît-il nécessaire de répondre ici à la thèse qu’il soutient dans son dernier livre La France en miettes, dont le sous-titre est plus explicite encore : Régionalismes, l’autre séparatisme (2) - thèse qu’il a pu l’exposer à loisir dans un grand nombre de médias. Commençons par une concession. Oui, l’amour que l’on porte à sa langue et à sa culture peut alimenter des courants indépendantistes. Les exemples de la Catalogne, en Espagne, ou de la Corse, en France, suffisent à le montrer. Mais s’arrêter là, comme le fait Benjamin Morel, est un peu court, et cela pour plusieurs raisons. Faut-il souligner que la situation est la même pour l’auvergnat, le franco-provençal, le normand et l’immense majorité des autres langues de France ? C’est, au contraire, en respectant les sentiments d’appartenance complémentaires de chacun qu’il renforcerait la cohésion nationale – comme le prouvent nombre de nos voisins européens, du Luxembourg à la Suède en passant par l’Italie ou le Portugal, où les langues minoritaires disposent de statuts bien plus favorables que chez nous. |