La Maison Marrou en état de péril à Rouen: pire que la mérule? Les... bureaucrates!
Billet de Florestan:
La mérule est ce champignon terrifiant qui peut réduire en poussière et de l'intérieur toute l'ossature en bois d'un bâtiment ancien, une belle demeure patrimoniale, un manoir classé au titre des Monuments Historiques.
Mais le cas dont il sera question ci-après nous démontre, hélas, qu'il y a pire que la mérule pour détruire ou mettre en péril un bel édifice, une belle architecture patrimoniale officiellement protégée...
Pire que la mérule, il y a les bureaucrates! Et nous n'exagérons pas.
Exemple avec l'extraordinaire maison de Ferdinand MARROU, rue Verte à Rouen qui est une folie en forme de pavillon de style néo-renaissance bâti en 1890 dans le but d'exposer, à deux pas du train venu de Paris, tous les savoir-faire de ce maître rouennais de la ferronnerie et de la métallurgie...
Cette maison à l'architecture exceptionnelle avait eu le bon goût d'échapper aux bombes de la Seconde guerre mondiale qui sont tombées régulièrement sur la capitale historique de la Normandie. Malheureusement, le conseil régional d'ex-Haute-Normandie avait jeté son dévolu sur l'extraordinaire bâtisse pour en faire un banal dépôt d'archives et de bureaux à l'usage des fonctionnaires en charge du patrimoine régional de la Normandie orientale.
La Maison de F. Marrou (1890)
Ferdinand Marrou (26 janvier 1836 à Vaucluse hameau de Montjay (Hautes-Alpes) – 15 mai 1917 Rouen ) est un ferronnier français.
Il est l'auteur des clochetons de la cathédrale Notre-Dame de Rouen, du clocher de l'église Saint-Romain et des épis de toiture du Gros Horloge et de la tour Jeanne d'Arc à Rouen et de ferronneries au Palais Bénédictine à Fécamp. Le plus « pharaonique » de ses travaux est la pose de quatre clochetons entourant la flèche de la cathédrale. Les dimensions de l'ouvrage sont exceptionnelles : chaque clocheton a 25 mètres de haut et pèse la bagatelle de 27 tonnes dont 7 sont ouvragées. En 1886, il est l'un des membres fondateurs de la Société des Amis des Monuments Rouennais. Lors de l'Exposition universelle de 1889, Marrou obtient la médaille d'or pour une fontaine en fer forgé. Son atelier périclite avec la Grande Guerre. Ses obsèques seront l'occasion d'un discours dithyrambique sur l'artiste. Il repose au cimetière monumental de Rouen.
À Bonsecours, il construit les coupoles du monument commémoratif en hommage à Jeanne d’Arc.
Il était l’ami de Gustave Flaubert. Il devient célèbre dans son art à Rouen à partir de 1874 où il réalise l’épi de faîtage formant girouette de la Tour Jeanne d’Arc.