Où l'on reparle encore de la fusion des orchestres régionaux normands...

Il serait temps de dire sérieusement à Madame Morin-Desailly que la plomberie et la tuyauterie institutionnelles ne sont pas des genres musicaux et que ce n'est pas parce que le médiocre compositeur allemand Stockhausen a osé écrire, dans les années 1990, une partition pour quatuor à cordes dont chaque musicien était embarqué à bord d'un... hélicoptère qu'il faudrait tout se permettre avec la musique classique dite sérieuse!

Alouette_III_Grasshoppers_Ramstein_1984

https://fr.wikipedia.org/wiki/Helikopter-Streichquartett

Un EPCC n'est pas un instrument musique! Même si Dame Morin-Dessailly en est l'interprète virtuose incontestable. En revanche, les ondes Martenod ou le Gaffophone en sont...

Une fois de plus, les musiciens professionnels normands qu'ils soient de Caen-Mondeville (ORN) ou de Rouen (Opéra régional) réclament qu'on les respecte du côté de la région et, au-delà, que l'on respecte les réalités territoriales, sociales et culturelles normandes.

Et à la question s'il faut un véritable orchestre symphonique national de région en Normandie, il faut, bien évidemment répondre par l'affirmative. Mais ce projet ambitieux de faire rayonner plus encore le patrimoine musical européen, français et normand (Saint-Saëns, Paray, Dupont, Caplet, Honegger et tant d'autres...) sur l'ensemble de la Normandie n'aurait de légitimité qu'à partir d'une extension à l'échelle symphonique de l'actuel Orchestre Régional de Normandie qui fait déjà depuis quarante ans ce travail de diffusion!

La polémique vient donc de reprendre car entre les belles paroles et belles promesses de nos élus et le réel objectif poursuivi, il y a, comme d'habitude, la quinte du loup qui se fait désagréablement entendre...

https://www.ouest-france.fr/normandie/fusion-entre-les-orchestres-de-caen-et-de-rouen-les-musiciens-desapprouvent-le-projet-de-la-region-7e73d874-4fc3-11ed-9919-8fbf073b2344

Fusion entre les orchestres de Caen et de Rouen : les musiciens désapprouvent le projet de la Région

La Région Normandie a lancé un appel d’offres pour recruter un cabinet d’ingénierie qui l’accompagnera dans… la « fusion des deux orchestres » de Caen et de Rouen. Ce que ne manquent pas de relever les musiciens opposés à « cette fusion-absorption. »

Un appel d’offres de la Région sème le trouble chez les musiciens de l’Orchestre régional de Normandie (ORN) basé à Mondeville, près de Caen. La Région, partenaire majoritaire des deux structures, souhaite fusionner l’ORN de dix-huit musiciens avec l’orchestre de l’opéra de Rouen de 40 musiciens dans un seul orchestre symphonique de 60 musiciens, avec une seule direction et un seul chef d’orchestre mais le maintien des deux sites de Rouen et Mondeville.

Devant la levée de boucliers des musiciens de Caen, mais aussi de Rouen, opposés à cette « fusion qui serait en fait une absorption de Caen par Rouen », en juin la Région ne parlait plus de fusion mais d’un « rapprochement des deux orchestres dans un même établissement public de coopération culturelle (EPCC) ».

« Comment être plus explicite ? »

Sauf que les musiciens et leurs syndicats sont tombés sur l’appel d’offres de la Région pour recruter le cabinet d’ingénierie technique et intellectuelle qui l’accompagnera dans le processus de… fusion. L’intitulé exact est « l’accompagnement à la mise en place opérationnelle de la fusion de l’Orchestre régional de Normandie et de l’opéra de Rouen en vue de constituer une structure unique ». « Comment être plus explicite ? » relèvent les musiciens et leurs représentants syndicaux SAMHN-Snam-SN3M pour l’orchestre de l’opéra de Rouen et Samuc Snam CGT, de l’Orchestre régional de Normandie.

Quelle présence sur le territoire ?

Les musiciens ont lu attentivement l’appel d’offres qui « stipule que l’objectif est une direction générale unique, une seule direction musicale et une unification de l’ensemble des personnels. Ce qui induira inévitablement l’effacement du projet artistique et culturel de l’ORN. » Pour eux « il s’agit très clairement d’une fusion-absorption de l’association ORN par l’EPCC qui devra être opérationnelle dès janvier 2024 ».

Les musiciens estiment que « ce scénario s’appuie sur une étude partiale et peu structurée qui n’apporte pas de réponses aux nombreuses questions posées depuis des mois : temps de travail des musiciens, équilibre de la diffusion et de la présence des orchestres sur le territoire régional, organisation des deux sites de Mondeville et de Rouen… »

« Un vivier de musiciens dans lequel on piochera »

A l’ORN, on se demande « comment fonctionnera le site de Mondeville avec une mise à disposition des musiciens de l’ORN à l’opéra de Rouen plusieurs semaines par an ? Quelle diffusion pour un orchestre symphonique de 60 musiciens, dans quelles salles en Normandie et à quel prix ? » Les musiciens s’inquiètent qu’« aucun projet artistique de fond n’ait été présenté et envisagé pour cette nouvelle structure. Les conditions de la qualité artistique dans cette fusion ne sont absolument pas démontrées. Nous craignons la suppression de l’identité des deux orchestres au profit d’un vivier de musiciens dans lequel la direction de la nouvelle structure piochera à sa guise. »

Ils craignent que « la mise à disposition des musiciens de l’ORN pour les projets de l’orchestre de l’opéra de Rouen programmés au théâtre des Arts à Rouen (aient) des conséquences sur l’activité et l’irrigation du territoire qui inévitablement connaîtront une baisse sévère. » Les musiciens s’interrogent aussi sur « les coûts de cette fusion. De l’aveu de la Région, elle présentera des surcoûts par rapport à l’existant. »

Pas de garantie de nouveaux contributeurs

La Région souhaite que les cinq départements normands, la métropole de Rouen, l’agglomération de Caen et la Ville de Mondeville abondent financièrement le futur EPCC. « Aucune garantie n’est actuellement apportée sur de nouveaux financements ou l’augmentation des subventions », ont relevé les musiciens qui notent au contraire que « l’État a déjà indiqué qu’il n’augmenterait pas sa contribution à la future structure ».

Les musiciens demandent « de réunir tous les acteurs, politiques, équipes de direction, musiciens, personnels administratifs… pour construire réellement ensemble un projet général, artistique et orchestral ambitieux qui, pour être viable, doit être en adéquation avec les réalités et spécificités de notre territoire normand mais aussi avec les contraintes écologiques, économiques et sociales de notre temps ».