Le quotidien Paris-Normandie vient de consacrer deux pleines pages au suivi du dossier "Canal Seine-Nord Europe", dans son édition papier du mardi 13 septembre :

     Pour faciliter la lecture et l'analyse du contenu de l'article, votre serviteur a pris la peine de le transposer ci-dessous :

L'ECONOMIE

Transport fluvial

Canal Seine-Nord Europe : top départ du chantier pharaonique

Paris-Normandie - Mardi 13 septembre 2022 - GUILLAUME DUCABLE

Les annonces successives au début de l'été de Ia publication des premiers marchés de travaux ainsi que la confirmation par l'Europe d'un nouveau financement à hauteur de 270 M€ sont autant d'éléments qui marquent le top départ du chantier du futur canal Seine-Nord Europe.

Des dates

. 2010 : L'UE imagine le réseau fluvial à grand gabarit nord européen.

. 2019 : la Commission européenne notifie Ia décision d'exécution.

. 2022 : jeudi 15 septembre, "Rencontres du Canal" organisées à Amiens.

. 2050 : date prévue de la mise en service du canal. *

Commentaire :

     Espérons que le réseau fluvial imaginé par l'UE sera plus pertinent que... les sanctions économiques contre la Russie...

En reliant sur près de 107 km Compiègne, dans le département de l'Oise, et Aubencheul-au-Bac dans le Nord, le canal Seine-Nord Europe va permettre d'assurer la jonction entre la Seine et l'Escaut. Une porte ouverte sur un ensemble beaucoup plus large : le réseau fluvial à grand gabarit nord européen. Imaginé dès 2010 alors que l'Union européenne réfléchissait au développement de corridors multimodaux, le canal Seine-Nord aura dû attendre 2019 pour bénéficier d'une décision d'exécution notifiée par la Commission européenne.

Depuis, le calendrier s'égrène et les premiers travaux préparatoires ont déjà démarré. Désormais, c'est une nouvelle étape qui s'écrit avec un top départ symbolique marqué par l'organisation, à Amiens le 15 septembre, des « Rencontres du Canal ».

Un événement porté par la société du Canal Seine-Nord Europe (SCSNE) et qui réunit autour du président des Hauts-de-France, Xavier Bertrand, des élus locaux et des acteurs économiques concernés au premier chef.

LES CÉRÉALIERS EN ORDRE DE BATAILLE

Côté normand, après avoir fait quelque peu grincer des dents lors de son annonce il y a une dizaine d'années, le projet semble jouir aujourd'hui d'une relative unanimité. C'est le cas notamment chez les acteurs céréaliers du port de Rouen. « Chez Senalia, dès le début nous étions très favorables à ce projet qui favorise les transports alternatifs », explique le directeur général Gilles Kindelberger, actuel président de I'UPR (Union portuaire rouennaise). Des céréaliers qui à travers la création d'une structure commune, EuroSeine, ont rapidement travaillé sur la création d'une nouvelle plateforme logistique multimodale qui devrait voir le jour à Languevoisin-Quiquery, dans le département de la Somme.

« Le fait de pouvoir relier Le Havre à la Belgique va créer un grand corridor écologique et économique sur près de 1100 km ».

Pierre-Yves Biet

Commentaire :

     Il va sans dire que les principaux intéressés normands sont les céréaliers du port de Rouen, qui entrevoient l'opportunité d'acheminer plus facilement des céréales du Nord et du Nord-Est de la France vers le port fluvio-maritime de Rouen, 1er port exportateur de céréales de l'Europe de l'Ouest.

     C'est oublier que le même canal pourra permettre au céréalier (Nord-céréales) du port de Dunkerque d'acheminer lui aussi plus facilement lesdites céréales, sans subir l'inconvénient d'obliger les navires de haute mer à emprunter un chenal fluvial de 120 km de long...

Un emplacement central pour des organismes stockeurs de Reims, Amiens ou Rouen et qui permettra, estime Gilles Kindelberger, « d'aller chercher des marchandises dans tout l'Hinterland et de faire remonter en retour depuis Rouen d'autres marchandises comme des granulats, des conteneurs ou encore des vracs ». La coopérative Noriap, qui dispose déjà d'un silo le long du canal du Nord à Languevoisin, a d'ores et déjà réservé 30 hectares pour finaliser le projet, « un silo mutualiste » qui permettra aux céréaliers de rayonner « de Rouen jusqu'à la Belgique ».

LE CSNE VA « DÉSENCLAVER LE BASSIN DE LA SEINE »

Une position à l'unisson de celle des promoteurs du projet. « Le fait de pouvoir relier Le Havre à la Belgique va créer un grand corridor. »

Commentaire :

     Est-ce vraiment pour relier Le Havre à la Belgique que le CSNE est réalisé ? Tout l'article démontre que c'est l'axe Seine et le port de Rouen qui seraient les bénéficiaires...

     En outre, comme l'avait fait remarquer sans trop de conviction un maire du Havre il y a quelques années, le port du Havre est déjà relié à la Belgique par une voie d'eau plus courte que la voie fluviale : la mer...

« Ce sera un vecteur de croissance »

Gilles Kindelberger : « Tous les opérateurs Rouennais sont aujourd'hui favorables au canal Seine-Nord ». (Photo d’archives Stéphane Péron)

Président de l'Union portuaire rouennaise (UPR), Gilles Kindelberger est également directeur général du groupe céréalier Sénalia. Une double casquette qui lui fait voir le futur canal Seine Nord comme une opportunité dont les Normands doivent se saisir sans tarder.

Les premières annonces il y a une dizaine d'années sur le lancement du projet de canal reliant la Seine à l'Escaut ont suscité à l'époque un certain nombre de réserves à Rouen comme au Havre. Quelle est aujourd'hui la position de I'UPR sur ce sujet ?

« Tous les opérateurs rouennais y sont aujourd’hui favorables. Il faut rappeler qu’il s’agit d’une décision politique et que dire que l'on est « contre » serait contre-productif. Désormais, il faut apprécier les opportunités en termes de développement économique que cela peut déclencher un peu plus en amont. C'est vrai pour les granulats, les engrais liquides et d’une manière générale tous les trafics qui intéressent les opérateurs rouennais. »

Commentaire :

     Comme si les décisions politiques étaient toujours "bonnes et productives"... Des décisions politiques n'ont-elles pas conduit à... la désindustrialisation de la France...

Au-delà de Rouen, c'est, dites-vous, un vecteur de développement pour l’axe Seine...

« Édouard Philippe au Havre, Nicolas Mayer-Rossignol à Rouen ou encore Anne Hidalgo à Paris sont aujourd'hui sur la même ligne : développer le mode fluvial sur l'axe Seine. Je suis effectivement persuadé que le canal Seine-Nord sera un vecteur de croissance pour le développement de la vallée de la Seine, en permettant notamment de faire circuler des trains de barges plus importants et donc en favorisant le transport massifié. »

Commentaire :

     Il aurait été prudent de ne pas se référer à Mme Hidalgo en matière de décisions pertinentes quand on constate les résultats de sa gestion de la ville de Paris, au bord de la mise sous tutelle...

Les hypothèses les plus optimistes laissent entrevoir une mise en service d'ici une dizaine d'années. * Quelle doit être la feuille de route des opérateurs rouennais durant ce laps de temps ?

Commentaire :

* Entre l'hypothèse "officielle" de la mise en service du CSNE figurant en début d'article (2050) et les hypothèses les plus optimistes (d'ici une dizaine d'années), la fourchette est... pharaonique...

« Nous devons commencer par dresser un inventaire des possibles : quels types de bien pourra-t-on transporter sur cette zone. C'est un travail que nous menons déjà au sein de I'UPR. Ensuite il y a la question de la cale car il nous faudra probablement davantage de bateaux avec un fonctionnement peut-être différent pour s'assurer que l'on dispose en permanence de cale disponible. Et puis, enfin, il y a l'aspect humain avec la formation des futurs mariniers. Et là, le centre de formation de l'UPR a son rôle à jouer au côté de Ia région Normandie pour construire un module de formation spécifique. »

L’UPR milite pour que Rouen devienne le « port fluvial du futur ». Que recouvre concrètement cette ambition ?

« Dans la perspective de l'ouverture du canal, Rouen doit devenir la base arrière des mariniers qui opèrent sur l'axe Seine. En quelque sorte le « Conflans-Sainte-Honorine » de l'aval ! Nous avons perdu beaucoup de mariniers sur l'axe Seine à cause d'un manque de trafic. Et nous ne pourrons les récupérer qu'en échange de garanties de trafic, de formation et d'accueil car sur une péniche, un marinier ne vit pas seul mais en général avec sa famille. »

Sapeur de fond s/c Sire de Sei