Journées du patrimoine: à Verson, la maison de Senghor sera ouverte au public qui a déjà réservé sa visite...

On ne pourra que s'en réjouir: il n'y a pas que la pente glissante vers le Néant du "wokisme" lorsqu'il s'agit d'évoquer la couleur de la peau humaine...

Il y a aussi l'ascension qui nous élève vers le Haut, le ciel, voire la nuit étoilée lorsque l'on connaît et médite le sens étymologique du mot "considération" et du mot "nègre": le poète africain, sénégalais, francophone, francophile et normand Léopold Sédar Senghor a fait de cette contemplation le thème central de son oeuvre littéraire, poétique et politique au point de définir dans un essai aussi bref que lumineux, le principe même d'une identité normande puisé dans la lettre et l'esprit des grands auteurs normands de la littérature française, de Corneille à Flaubert en passant par Barbey d'Aurévilly ou Maupassant.

A Verson, près de Caen, la maison de l'illustre Senghor sera donc ouverte à l'occasion des journées "européennes" du patrimoine des 17 et 18 septembre 2022: le public normand ne s'y trompant pas contrairement à une certaine élite intello-bobo-écolo totalement déconstruite très minoritaire mais, hélas, majoritaire dans nos médias publics et institutions culturelles officielles, a donc décidé de plébisciter Senghor l'africain normand car tous les créneaux disponibles pour visiter la maison ont été pris d'assaut!

A terme, cette maison deviendra un centre culturel dédié à l'oeuvre de Senghor ouvert au public.

https://www.ouest-france.fr/normandie/la-normandie-et-leopold-sedar-senghor-une-veritable-histoire-d-amour-5189bfdc-2e89-11ed-a9d3-c56f0c2d178b

La Normandie et Léopold Sédar Senghor : une véritable histoire d’amour

Une première pour les Journées du patrimoine en Normandie. À Verson, aux portes de Caen (Calvados), la maison de Léopold Sédar Senghor ouvre ses portes. Une demeure qui a été l’écrin de l’amour du président sénégalais et de la Normande, Colette Hubert.

« À ma Colette, ce premier tome, où elle retrouvera, en liberté, les idées – fixes ? – de son Sédar. » Le tome I de Liberté-Négritude et humanisme est encore posé sur le bureau de l’ancien président de la République du Sénégal dans sa maison de Verson (Calvados). Des œuvres du président-poète dédicacées à son épouse. Ces ouvrages font partie des petits trésors à découvrir, bientôt, dans cette maison de maître du XIX^e siècle. Le couple Senghor y a vécu presque tous ses étés dès 1959 et s’y est retiré en 1981.

Union improbable

Tout dans cette demeure, dans son jus des années 1970-1980, évoque l’amour entre la Normande et le Sénégalais. Une union improbable née alors que le futur père de l’indépendance du Sénégal est député de l’Assemblée nationale française. « Une Africaine me présenta sa jeune amie, une Normande, et j’eus un coup au cœur », expliqua-t-il plus tard. Une Normande, Colette Hubert, descendante de la famille Daniel de Betteville, dont les origines remontent à la période Guillaume le Conquérant.

D’où la rencontre entre le président Senghor et la Normandie. « La maison de Verson a été construite entre 1837. Elle est dans la famille de Betteville à partir de 1850. Colette Hubert en hérite dans les années 1950 », décrit Marie-Hélène Brioul. L’adjointe au maire est en charge du patrimoine Senghor depuis plusieurs années.

À Verson (Calvados), 3 600 habitants aujourd’hui, le souvenir des Senghor est encore très fort. Même si le président est mort en 2001 et son épouse Colette en 2019. « Ils étaient d’un naturel discret, se souvient l’adjointe. Mais ils participaient à la vie de la commune, se rendant régulièrement à la messe et ne manquant presque jamais la Saint-Germain, la fête communale. »

Preuve de l’attachement des Versonnais aux Senghor. Les 234 places disponibles pour les visites des Journées du patrimoine ont été réservées en deux jours.

Cette première ouverture a été rendue possible par la signature, en juillet 2022, du legs faisant de Verson, la propriétaire de la maison d’environ 250 m² et du parc de 1,5 hectare l’entourant « ainsi que du mobilier meublant et du patrimoine écrit ».

Lieu vivant et accessible au public

Cette signature est l’aboutissement d’une volonté de Colette Senghor exprimée dès 2005. Dans son testament signé en 2009, elle la précise : « Que cet ensemble soit transformé en une maison du poète à la mémoire et l’œuvre de mon époux Léopold Sédar Senghor, à travers la conservation, la préservation et la valorisation de ce patrimoine versonnais. Que cette maison soit un lieu vivant accessible au public. »

À la mairie de Verson, aujourd’hui, de répondre à cette volonté. « Nous ne partons pas de zéro, se félicite Marie-Hélène Brioul. Dès 1995, la commune a ouvert l’espace Senghor. Une médiathèque mais aussi un lieu qui permet de transmettre les valeurs de Senghor, notamment grâce à des rencontres avec auteurs de la Francophonie. »

Dans la maison où le président Giscard et la famille d’Ornano étaient régulièrement reçus lors des vacances d’été, les premiers visiteurs découvriront un intérieur bourgeois mais sans ostentation.

Dans chaque pièce, l’on retrouve une photo du couple et une autre de leur fils, Philippe, mort dans un accident de voiture au Sénégal, en 1981.

Des photos, encore, dans le couloir du premier étage, avec une impressionnante galerie des illustres. Sont accrochées des dizaines de photos dédicacées à Léopold Sédar Senghor par les présidents, reines, rois et papes, rencontrés pendant sa présidence de 1960 à 1980. La Reine Élisabeth d’Angleterre, Mao, de Gaulle, Paul VI, l’empereur du Japon Hirohito… Un formidable travelling dans l’histoire du XX^e siècle.

 Dans les chambres, l’intimité retrouve sa place. Dans le dressing (ndlr: garde-robe, le mot français existe...) de Colette sont conservées ses robes dont certaines portées lors de cérémonies officielles. Dans la chambre du président, son habit de l’Académie française, est soigneusement conservé. Un pagne le représentant aux côtés du roi d’Espagne, Juan Carlos, protège l’habit vert.

La visite du bureau-bibliothèque de Senghor est très émouvante. Sur sa table de travail, un ancien coffre transformé en bureau, un livre de Malraux dédicacé au président… Dans un rayonnage de la bibliothèque, un coffret réunit des poèmes de Senghor illustrés par des artistes comme Soulages, Vieira da Silva ou Manessier… Le président Senghor, un ami des artistes.

Un passionné de la Normandie aussi. N’est-ce pas lui, un Africain, héros de l’indépendance qui a créé le concept de la Normandité. « Très souvent, je reste des heures à regarder en septembre, la lumière normande, où il n’y a rien qui sépare le sujet de l’objet : je regarde le gazon vert, les sapins, les sycomores et rien ne me sépare d’eux. Pour moi c’est alors la Normandie : un lyrisme lucide ».

Un patrimoine à sauver

Au-delà de la maison et du parc de Verson, c’est tout un patrimoine qui a dû être sauvé. Des archives papier, des photos, des objets du président Senghor dont les conditions de conservation les mettaient en péril. Une mission a été lancée avec l’appui de la Région Normandie, de la Drac, du département du Calvados et Caen pour traiter ces documents et en faire l’inventaire.

Sont ainsi stockés aujourd’hui dans un hangar, 1 900 objets (robes, cadeaux présidentiels…) et 25 ^m3 de documents papier. D’autres fonds sont conservés au Mémorial de Caen et à l’Imec (Institut mémoires de l’édiction contemporaine). La question aujourd’hui est de savoir de quelle façon ces archives pourraient être mises en valeur dans le cadre de la maison de Verson.

Une maison des illustres ?

La maison du couple Senghor à Verson ne sera jamais un musée. Sa configuration l’empêcherait. Le projet de la mairie est d’en faire un « lieu de vie, de rencontres ». Marie-Hélène Brioul, la maire adjointe en charge du dossier ne manque pas d’idées : « résidences d’artistes, rencontres avec des auteurs de la Francophonie, expositions temporaires, ouvertures régulières du parc. Pour que ce lieu d’une histoire devienne un lieu de mémoire et de transmission. » La demeure de Verson pourrait éventuellement rejoindre d’autres lieux réunis sous le label du ministère de la Culture, « Maisons des illustres ».

Ami des artistes, le couple Senghor possédait quelques œuvres de très grands peintres. Ces tableaux n’ont jamais été intégrés dans le legs à la mairie de Verson mais faisaient partie de l’héritage privé. Un Vasarely, un Vieira da Silva ont, depuis longtemps, quitté les murs de la maison versonnaise. Un tableau de Pierre Soulages a été vendu 1,5 million d’euros en 2021. L’acheteur européen est resté anonyme. Ce tableau typique de travail de Soulages dans les années 50 a longtemps été accroché dans le bureau du chantre de la négritude, à Verson.

Un tableau de Pierre Soulages ayant appartenu au poète et ancien président de la République du Sénégal, Léopold Sédar Senghor vendu aux enchères en 2021 | ARCHIVES OUEST-FRANCE, STÉPHANE GEUFROI

Comments

[Guérin]

un Soulage pour le chantre de la négritude, ça s'imposait, tout cela fait quand même visite pour bobo enseignant, quoi que vous en disiez, mais j'avoue n'avoir jamais rien lu de ce brave monsieur...