THE QUEEN, NOTRE DUC...
Communiqué du Cercle Normand de l'Opinion suite au décès de sa Gracieuse Majesté Elizabeth II reine d'Angleterre, d'Ecosse et d'Irlande du Nord et... duchesse de Normandie pour les îles anglo-normandes.
LA REINE ET LA NORMANDIE
S.M. la Reine Elizabeth II d’Angleterre vient de mourir après un règne de soixante-dix ans. Peu de régions en France doivent se sentir concernées par la disparition de la souveraine du Royaume-Uni et du Commonwealth autant que la Normandie. Le Cercle Normand de l’Opinion présente toutes ses condoléances à la famille royale et au peuple britannique, mais plus particulièrement aux habitants des bailliages de Jersey et Guernesey, nos cousins de la Normandie insulaire, ainsi qu’aux ressortissants britanniques habitant en Normandie. Malgré le Brexit, nous ne pouvons oublier que l’Angleterre nous est proche : la Manche est une frontière aisément franchissable… en temps de paix, faut-il le préciser ?
En tant que descendante de notre Guillaume le Conquérant et des Ducs de Normandie, Elizabeth II appartient par héritage à notre histoire. Si, par le Traité de Paris de 1258, la Monarchie anglaise a renoncé à ses droits sur la Normandie continentale et, par suite, à la Duché – Pairie de la Normandie, en tant que « Seigneur des Iles », le souverain d’Angleterre a continué à détenir la Normandie insulaire où, d’ailleurs, aujourd’hui, Elizabeth II, Reine d’Angleterre, est toujours désignée comme « Notre Duc » (au masculin). Il en sera de même pour le Roi Charles III.
Evidemment, comme on ne s’affronte généralement qu’entre voisins, la Normandie fut souvent opposée au Royaume-Uni et elle en porte les stigmates (fortifications à la Vauban, batailles navales, Blocus continental et contrebandes, etc.), mais nous n’oublions pas non plus que les Iles de la Manche furent souvent le refuge des persécutés normands du protestantisme ou de la période révolutionnaire et, bien entendu, les événements de la Seconde guerre mondiale (Saint-Valéry 1940 – Dieppe 1942 – 6 juin 1944 et bataille de Normandie : les nombreuses tombes du Commonwealth qui parsèment la Normandie en sont les témoignages poignants).
C’est aussi tout cela qu’a incarné S.M. Elizabeth II et elle honora de sa présence, en 2014, les cérémonies commémoratives de la Bataille de Normandie à l’invitation du Président Hollande.
Autre visite officielle de la Reine en Normandie : le 19 mai 1972, lorsqu’à l’issue d’une visite d’État en France, Elle vint à Rouen retrouver le yacht royal Britannia, après avoir parcouru les allées du plus grand cimetière britannique, à Saint-Sever.
En dehors de la fonction royale, Elizabeth II marqua toujours un grand intérêt pour la Normandie et vint plusieurs fois à titre privé dans des haras normands car, pour Elle, la Normandie était une « Terre de cheval » et que les paysages normands, notamment ceux du Pays d’Auge, lui rappelaient ceux du Sud de l’Angleterre. A noter que le Prince de Galles, Charles, fréquenta aussi souvent incognito une campagne normande où il se sentait tout à fait à l’aise : le Roi Charles III sera donc aussi très attentif au devenir de la Normandie : ses prises de position remarquées en faveur des A.O.C. normandes pourraient se révêler décisives pour le renom de l’excellence normande.
Les obsèques de la Reine vont se dérouler selon un cérémonial datant de la monarchie anglo-normande : cela ne peut nous laisser indifférents, de même que la dignité avec laquelle Elizabeth II a assumé sa mission royale. Les soixante-dix ans de son règne resteront le cadre incontournable de notre époque contemporaine : Adieu et merci, Majesté, Vous nous avez accompagnés.
C.N.O. - 9 septembre 2022
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A Jersey, dans un des nombreux couloirs de l'Assemblée, un portrait de la reine est accroché, mais sans sa couronne. Depuis Guillaume le Conquérant, Elizabeth II porte le nom de duchesse de Normandie. "Our duke"... voilà comment les habitants des Etats de Jersey, Guernesey, Aurigny et Seigneurie de Sercq la surnommaient depuis son couronnement le 2 juin 1953 à l'abbaye de Westminster, à Londres. Les îles Anglo-normandes font partie de la Normandie mais elles sont toujours sous couronne britannique et sont donc gouvernées par les rois et reines d'Angleterre.
Duchesse ou duc ?
Elizabeth était en réalité « Duc de Normandie », au masculin. Une règle grammaticale qui s’applique en Anglais comme en Français. En effet, elle était surnommée « Duke of Normandy » et pas « Duchess ».
L’explication est simple, dans la hiérarchie des appellations royales « Duke », « Duc » est plus fort que « Duchess » et rien ne peut être plus fort qu’un monarque, donc il ou elle, peut importe le sexe, doit demeurer le plus fort, d’où cette appellation qui reste masculine. Et si elle était « Duke of Normandy », elle était en revanche « Duchess of Edimbourgh » donc « Duchesse d’Edimbourgh », pourquoi et bien parce qu’elle était l’épouse du Duc, le Prince Philipp qui est décédé l’an dernier. L’étrange genre de ce titre de « Duc de Normandie » pour une femme, en tout cas cessera avec Charles III. La royauté redevient masculine.
Une Reine attachée à la Normandie
Elizabeth II connaissait bien la région. Faut-il rappeler ses innombrables visites lors des commémorations du Débarquement ? Sans oublier les haras. La reine est une "fan" d'équitation depuis son plus jeune âge, et une cavalière émérite.
Les visites officielles pour la mémoire
Elle est la dernière visite royale d’Elizabeth II en France : celle des 70 ans du débarquement en Normandie, sur la plage d’Ouistreham, le 6 juin 2014. À l’époque, Barack Obama, Vladimir Poutine, François Hollande étaient présents. Elle était alors la seule cheffe d’Etat à avoir connu la guerre.
Bien avant encore, en 1984, elle participe aux commémorations avec Ronald Reagan et François Mitterrand à Utah Beach et à Arromanches aux côtés des vétérans britanniques. En 1994 elle est à Omaha Beach où elle se recueille aux côtés de Bill Clinton et en 2004 elle retourne à Arromanches avec Jacques Chirac, Georges Bush et Vladimir Poutine.
Autre visite pour la mémoire. En 1972, elle se rend à Rouen et traverse la ville jusqu’à la Place du Vieux-Marché pour un hommage à Jeanne d’Arc et visite le cimetière britannique de Saint-Sever. L’un des plus grands de la Guerre 1914-1918.
Les visites privées de la reine
Pour la reine d’Angleterre, la Normandie recélait aussi un trésor : les chevaux , son intime passion. En 1967, elle fait une visite privée des Haras normands. Pendant trois jours elle prend ses quartiers dans le château de Sassy, entre Argentan et Alençon. Elle sillonne la campagne ornaise et visite notamment le Haras du Pin. Vingt ans plus tard en 1987, la passionnée d’équitation et d’élevage revient aux côtés des purs sang. Elle répond à l’invitation de l’entraîneur Alec Head, propriétaire du Haras du Quesnay.
Un lien fort, historique et affectif avec la Normandie. Et les Normands lui rendent bien. Au mémorial britannique de Ver-sur-Mer, dans le Calvados, une allée d’arbres va être offerte : 70 arbres locaux, pour les 70 ans de règne de la reine y seront plantés à l’automne prochain.
Le point de vue de Laurent Ridel, professeur d'histoire à l'université de Caen: le souverain britannique ne peut pas se prétendre "duc de Normandie" mais ce n'est pas ce que l'on dit dans la Normandie d'outremer!
En septembre 1987, celui qui n'était alors que le Prince Charles de Galles s'était rendu à Caen pour rendre hommage à Guillaume le Conquérant à l'occasion du 900ème anniversaire de sa mort.
9 septembre 1987. Caen et Bayeux (Calvados) reçoivent une (courte) visite d’importance : le prince Charles et sa femme Lady Diana. Le couple princier venait rendre hommage à Guillaume le Conquérant, duc de Normandie et roi d’Angleterre, à l’occasion du neuvième centenaire de sa mort. Ils ont passé quatre heures et trente minutes, montre en main, dans le département.
C’était le 9 septembre 1987, il y a trente-cinq ans jour pour jour. Le prince Charles et son épouse Lady Diana étaient venus passer pas moins de… quatre heures et trente minutes dans le Calvados. Le temps qu’il faut pour rendre hommage, au pas de course mais en grande pompe, à Guillaume le Conquérant, duc de Normandie et roi d’Angleterre, à l’occasion du neuvième centenaire de sa mort.
Le couple princier a d’abord été reçu à l’hôtel de ville de Caen, et a profité d’un somptueux buffet servi dans le réfectoire de l’abbaye aux Hommes. Abbaye qui abrite le tombeau de Guillaume le Conquérant. L’évêque de Bayeux, Mgr Badré, et le cardinal Hume, archevêque de Westminster, ont célébré un office commémoratif.
Vingt-cinq minutes à la Tapisserie de Bayeux
Ils se sont ensuite rendus à Bayeux, toujours sous les applaudissements d’un public nombreux, pour visiter la Tapisserie de Bayeux en… vingt-cinq minutes !
C’était il y a trente-cinq ans, mais Antoine Verney en parle comme si c’était hier. « Le prince Charles a prononcé un très beau discours à Bayeux », raconte le conservateur de la célèbre Tapisserie, avant de citer celui qui est aujourd’hui roi : « La tapisserie est un héritage exceptionnel, que nous avons en partage. » Et de commenter : « Je trouve cette phrase très juste et très belle. Et bien sûr, il l’a prononcée en français dans le texte ! »
À l’issue de cette visite, le couple a dévoilé la plaque qui commémorera leur passage et a officiellement remis à la Ville le fac-similé du Domesday book. Cet ouvrage, rédigé en 1086, consigne le nom de tous les propriétaires terriens récompensés par Guillaume après la bataille. (ndlr: erreur! Il s'agit de la déclaration fiscale générale de tous les habitants propriétaires du royaume d'Angleterre afin de permettre une plus juste levée de l'impôt, aussi juste que ne le serait l'ange du Jugement Dernier, d'où le titre de cet autre monument historique normand exceptionnel).
Et pour clore cette journée presque royale, le maire de Bayeux, Jean Le Carpentier, a lancé une invitation : « A votre fils William, que nous espérons recevoir bientôt à Bayeux. » A bon entendeur…
En 1984, le couple royal britannique faisait une visite privée "officielle" à Caen sur la tombe de Guillaume Le Conquérant:
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