Billet de Florestan:

Les macronistes à commencer par Macron lui-même n'aiment pas les conseils régionaux et les présidents de région surtout depuis la réforme Hollande de 2015 car le Prince-président Macron n'aime pas ces grands néo-féodaux qui pourraient lui faire de l'ombre ou de la concurrence. Pourtant la décentralisation régionale toute inaboutie et imparfaite qu'elle puisse être, fait partie de la réalité que cela plaise ou non à Monsieur Macron et il est dans l'intérêt national supérieur du pays que la coopération entre le préfet de région représentant l'Etat central et son gouvernement et le conseil régional et son président puisse fonctionner convenablement pour planifier et financer les grands projets du développement régional et de l'aménagement du territoire.

Mais tant que la décentralisation ne sera pas une vraie régionalisation avec un Etat central impécunieux qui n'a sur l'idée régionale qu'une réflexion médiocre ou instrumentale (par exemple: se défausser financièrement sur les régions) ou des régions qui ne maîtrisent pas vraiment ni leur budget et finances ni leur territoire (néo-régions trop grandes et artificielles au regard de la géo-histoire), il y aura toujours beaucoup de temps perdu et beaucoup d'erreurs ou de frustrations entretenant la pollution quasi permanente des enjeux régionaux réels par la querelle "politichienne" parisienne.

Après la première et indispensable rencontre entre les exécutifs régionaux et le nouvel excécutif gouvernemental Borne- Macron II (qui aura moins de latitude politique pour s'opposer aux pouvoirs régionaux que le gouvernement Philippe-Macron I de l'été 2017), les présidents de région rappellent l'évidence: on veut bien jouer le jeu et collaborer avec le gouvernement pour le bien commun de la France et des Français mais à condition que le gouvernement macroniste abandonne son prurit jacobin-techno-parisien-autoritaire pour qu'il laisse enfin les régions agir dans le cadre d'un contrat de confiance qui en passe nécessairement par le respect du principe constitutionnel de la libre administation des collectivités territoriales au sein de la République française une et indivisible. Très concrètement, cela passe par l'essentiel: la reconnaissance par le gouvernement d'une maîtrise libre et réelle des finances et des budgets par les régions.

Rencontre de la Première Ministre, Elisabeth Borne, avec les Présidents de région - LES RÉGIONS SONT DANS L’ÉQUIPE DE FRANCE  - Régions de France (regions-france.org)

RENCONTRE DE LA PREMIÈRE MINISTRE, ELISABETH BORNE, AVEC LES PRÉSIDENTS DE RÉGION – LES RÉGIONS SONT DANS L’ÉQUIPE DE FRANCE 

« Agir ensemble, nous le voulons, mais il faut que nous le puissions budgétairement et juridiquement » 

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L’ensemble des Présidents de région étaient réunis, ce jour, à Matignon, sur l’invitation de la Première ministre, Elisabeth Borne. 

A l’issue de cette rencontre, Carole Delga, Présidente de Régions de France, a partagé sa satisfaction d’avoir pu échanger dans un climat constructif . Cette réunion a permis d’aboutir à une déclaration commune qui fixe un premier cadre méthodologique et un calendrier précis. Un premier rendez-vous est déjà programmé avec la Première ministre, qui confirme sa venue au Congrès des régions qui se déroulera à Vichy, les 15 et 16 septembre prochain. 

La Présidente de régions de France a pu redire avec force que les régions sont prêtes à répondre aux grandes crises que traverse notre pays : démocratique, sociale, économique, climatique et sanitaire et qu’elles ne doivent pas en être empêchées par manque de confiance ou par des contraintes financières et/ou technocratiques.

Elle se félicite de l’ouverture de chantiers sur des sujets important comme l’emploi, le climat, les mobilités ou la réindustrialisation du pays qui feront l’objet de discussions bilatérales avec les ministres concernés et les autres associations d’élus.

Carole Delga tient également à rappeler l’attention que portent toutes les régions de France aux négociations qui s’ouvrent demain au sujet de l’avenir institutionnel de la Corse et aux réponses qui seront apportées à l’appel de Fort France adressé au Président de la République par les régions et collectivités d’outre-mer. 

A l’issue de cette réunion, Carole Delga a formulé le voeu « que la réunion de ce jour ouvre une première étape de travail autour des propositions émises dans le livre blanc des régions Vers une République de la confiance et ajoute que « nous jugerons sur les actes concrets. »

 Lire le communiqué de presse diffusé par l'association des régions de France:

Rencontre entre la Première ministre et les présidentes et présidents de région Hôtel Matignon Mercredi 20 juillet 2022

Dans des domaines tels que l’économie, l’emploi, la formation, l’éducation et l’orientation, la cohésion des territoires, la mobilité, la transition écologique, la santé, le tourisme ou l’agriculture, l’État et les régions sont mobilisés pour apporter des réponses concrètes aux besoins des Français.

La cohérence de leurs interventions, dans le respect des prérogatives de chacun, est une nécessité. Sur ces enjeux, les Français attendent que l’Etat et les collectivités travaillent mieux ensemble et identifient les solutions les plus simples et pragmatiques à leurs difficultés.

L’État et les régions doivent joindre leurs forces pour soutenir les services publics efficaces auxquels aspirent nos concitoyens.

Avec les acteurs locaux, publics ou privés, ils souhaitent poursuivre la démarche de modernisation dont notre pays a besoin, engager les transitions nécessaires, et assurer notre souveraineté nationale.

La réussite ne peut être que collective. Pour garantir la coordination de l’action respective de l’ensemble des acteurs, de l’Etat et des régions, le dialogue doit être permanent. Il en va de leur capacité à effectivement co-construire des solutions. C’est pourquoi, réunis ce jour à l’hôtel Matignon, la Première ministre et les présidentes et présidents de région de l’hexagone et des outre-mer ont décidé d’engager un travail visant à jeter les bases d’un nouveau partenariat avec l’ambition de donner à leurs travaux une dimension opérationnelle plus marquée.

Dans le cadre d’un programme de travail commun, l’Etat et les régions s’engagent en s’inspirant de ce qui est fait de bien, sur le terrain, à trouver des solutions prêtes à être mises en œuvre rapidement pour atteindre l’objectif du plein emploi et de transition écologique.

Sur ces enjeux l’ambition est partagée, les solutions doivent être pragmatiques et rapides.

Quatre premiers chantiers prioritaires ont été identifiés. Les chantiers prioritaires sans préjudice d’autres chantiers à ouvrir collectivement, en y associant l’ensemble des collectivités compétentes, l’État et les régions ont retenu les premiers axes suivants :

1 – LE PLEIN EMPLOI

L’Etat et les Régions s’engagent à joindre leurs forces pour atteindre l’objectif de plein emploi. Ils conviennent en particulier de travailler à améliorer ensemble le pilotage de l’offre de formation professionnelle et du service public de l’emploi. C’est l’objectif de France Travail, à la mise en place duquel les Régions seront étroitement associées. Parallèlement, dans le cadre de la concertation sur l’école, l’État et les régions s’engagent pour améliorer le système d’orientation des élèves et faciliter l’ouverture des établissements à la connaissance des métiers.

(Commentaire de Florestan: va-t-on revenir sur la réforme de l'apprentissage de 2018 qui a littéralement retiré cette compétence aux régions?)

 

2 – LA TRANSITION ECOLOGIQUE

La France doit être au rendez-vous des objectifs que l’Europe, sous son impulsion, s’est fixée : la neutralité carbone en 2050 avec la réduction des émissions de gaz à effet de serre de -55% d’ici 2030, ainsi que la restauration de la biodiversité. La planification écologique, nécessaire à l’atteinte de ces objectifs, doit être territorialisée dans une logique de subsidiarité et s’appuyer notamment sur les compétences de planification stratégiques des régions. L’État et les régions conviennent de travailler avec les maires, les présidents d’intercommunalité et les conseils départementaux à l’atteinte de ces objectifs par la sobriété foncière, la préservation de la biodiversité, l’accompagnement des nouveaux modes de vie, la décarbonation et l’adaptation aux conséquences du changement climatique. 

(Commentaire de Florestan: va-t-on persister dans l'erreur totale d'un développement à outrance d'un plan éolien terrestre aussi coûteux qu'inutile qui provoque la colère des populations rurales avec les conséquences électorales que l'on sait? On sait que de plus en plus d'élus locaux s'y opposent et que certains présidents de région ont pris clairement position contre aussi. La position mi-chèvre mi-chou de certains, on pensera à notre cher Hervé Morin, devient de plus en plus intenable. Pour ce qui est du cas normand, la contribution de notre région à la transition énergétique passe par le maintien et le développement de l'électro-nucléaire.)

3 – LES MOBILITES

Les opérations relatives aux mobilités doivent faire l’objet d’un programme d’investissement conjoint entre l’Etat et les régions dans un cadre pluriannuel. La discussion à venir sur le volet mobilités des CPER et des contrats de convergence sera l’occasion de définir ce programme d’investissements. Le ferroviaire est la colonne vertébrale d’une mobilité propre : en lien avec l’ensemble des acteurs ferroviaires, la programmation des investissements doit permettre sa pérennité et son développement.

 

(Commentaire de Florestan: la colonne vertébrale ferroviaire normande est en souffrance totale, les Normands en ont plein le dos... Au secours! A l'aide!!!)

4 – LA RECONSTRUCTION ECONOMIQUE ET INDUSTRIELLE

La réindustrialisation de la France est une condition indispensable à sa souveraineté. Le plan France 2030 a vocation à répondre à cet enjeu et doit, pour réussir, s’appuyer sur les écosystèmes régionaux. L’État et les régions s’engagent à travailler à une mise en œuvre territorialisée de France 2030.

(Commentaire de Florestan: désolé d'être encore dans le concret mais que va-t-on pouvoir faire d'un emploi industriel normand sur trois d'ici quinze ou vingt ans avec la mise en oeuvre de la décision ubuesque de la Commission européenne de Bruxelles d'interdire les moteurs automobiles thermiques après 2035? La Normandie sera-t-elle la Lorraine de la défunte industrie automobile?)

5 – OUTRE-MER

L’État prend acte des attentes exprimées par les régions ultramarines et engagera prochainement le dialogue sur les sujets évoqués par la déclaration de Fort-de-France.

(Commentaire de Florestan: on oublie trop souvent à Paris cette capitale terrienne que la France dispose du second domaine maritime mondial après celui des Etats-Unis, notamment dans les océans indien et pacifique. La présence française et la solidarité nationale doivent être sérieusement réaffirmées dans nos outremers vis-à-vis de certaines puissances régionales ou mondiales très, voire trop, entreprenantes...)

6 – CORSE

L’Etat a également pris acte de la nécessité de faire aboutir les discussions qui débutent dès jeudi 21 juillet dans le cadre du processus engagé le 16 mars 2022 relatif à l’avenir de la Corse. Sur chacune de ces thématiques prioritaires, au regard de l’approche stratégique partagée et des enjeux de coordination de l’action publique, les travaux initiés doivent être poursuivis. Les ministres compétents conduiront les chantiers identifiés avec les régions, chacun selon le calendrier et la méthode adaptés aux sujets traités. L’avancée de leurs travaux sera examinée lors d’une nouvelle réunion plénière d’ici la fin de l’année. L’État et les régions s’engagent à travailler à optimiser l’efficacité de leur action conjointe, en lien avec les autres collectivités et associations d’élus, pour répondre au mieux aux préoccupations de nos concitoyens. Cette démarche pourra s’appuyer sur des expérimentations et conduire à des formes de différenciation entre les territoires. Un principe de pragmatisme et de souplesse doit caractériser les solutions retenues

(Commentaire de Florestan sur la Corse: Macron doit comprendre qu'il doit cesser immédiatement toute instrumentalisation politicienne cynique ou opportuniste car autant jouer aux alumettes devant un baril de poudre. Les autonomistes corses sont au pouvoir et sont prêts à coopérer avec le gouvernement pour faire évoluer le statut de l'île vers une autonomie large comparable à d'autres territoires français d'outre-mer. Mais ils sont en concurrence avec des nationalistes toujours tentés par la violence politique pour aboutir au même résultat voire pour aller au-delà: la séquence de la mort d'Ivan Colonna dans sa prison en raison de la déglingue régalienne de l'Etat français et des conséquences de cet événement en Corse, a été catastrophique car le gouvernement a accepté dans les pires conditions d'ouvrir le dossier institutionnel corse alors qu'il avait jusque-là toujours refusé de le faire au risque de déstabiliser les autonomistes corses face à leurs concurrents nationalistes.)

(Commentaire de Florestan sur les autres questions régionales: il n'y a pas que la question corse. Par bêtise politicienne et médiocrité intellectuelle, le gouvernement Hollande-Valls a créé, de toute pièce, une question alsacienne avec la mise en oeuvre du néo-machin "Grand Est". A la lumière de ce qui doit se faire en Corse, il va falloir accepter la volonté des Alsaciens de retrouver leur exécutif régional supprimé en 2015. Il n'y a pas que la question alsacienne, il y a aussi la question de la réunification de la Bretagne (Loire-Atlantique) et au- delà de la question bretonne, va se poser la question de faire évoluer territorialement et institutionnellement l'institution du département dans le cadre de régions trop souvent trop grandes ou artificielles à l'exception notable de la Normandie. Tant que la carte des régions et des départements n'aura pas été modifiée pour ENFIN tenir compte des réalités géo-historiques françaises fondamentales, tant que le partage des compétences ne sera pas clairement établi entre conseils départementaux et conseils régionaux pour éviter des concurrences frontales stériles, il est totalement illusoire de reparler de la réforme du conseiller territorial comme l'a fait récemment un Emmanuel Macron qui écoute un certain Nicolas Sarkozy...)