Billet de Florestan:

http://normandie.canalblog.com/archives/2020/02/18/38034906.html

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Sous la pression de plus en plus forte d'une opinion publique inquiète quant à la préservation de l'environnement naturel, les institutions, les collectivités territoriales et les associations déploient des initiatives, des moyens financiers de plus en plus importants pour préserver les haies de bocage en Normandie, voire à organiser des opérations médiatiques de recréation de linéaires de haies disparues... Mais, on est trop souvent, hélas, rappelé au réel, un réel qui nous renvoie à une certaine forme de schizophrénie de notre société régionale normande sur l'usage dont elle fait, jusqu'aux pires abus, de ce patrimoine naturel végétal qui est pourtant constitutif de l'identité de la Normandie.

En effet, malgré toutes les subventions distribuées, le coup de pouce de l'Europe, le discours bien vert du président de l'intercommunalité ou la prose encourageante sinon volontariste du site Internet de la région, on continue d'arracher, de couper, d'essarter, de massacrer des haies en Normandie:

Cela signifie que du côté des exploitants agricoles la sauvegarde des linéaires de haies de bocage n'est toujours pas une priorité au regard de certaines pratiques agricoles qui imposent d'autres contraintes aux exploitants: des contraintes à ce point lourdes que l'urgence de préserver le bocage ne pèse pas grand chose.

Tant qu'un exploitant agricole ou un éleveur laitier trouvera son intérêt immédiat dans le massacre des arbres et des haies d'un bocage qu'il juge inadapté au passage d'engins agricoles trop lourds ou trop puissants ou qu'il considère comme un obstacle naturel à dégager de son exploitation agricole alors que d'autres pratiques permettraient, au contraire, de faire de la haie de bocage un atout précieux (par exemple: protéger un cheptel de vaches laitières des excès du ciel...), les déclarations et autres propositions décrites ci-dessous ne seront d'aucune utilité!

Il ne faut pas mettre la charrue environnementale devant les boeufs de l'agriculture: tant que les pratiques agro-industrielles intensives actuelles nées il y a 60 ans persisteront, probablement jusqu'à la mise à la retraite ou jusqu'au suicide du dernier exploitant agricole de la génération actuelle, il restera impossible de sauver et de valoriser le bocage.

En 2022, la moitié des exploitants agricoles français ont plus de 50 ans...

Le sujet va donc venir très vite avec des départs massifs à la retraite d'ici la fin de cette décennie, avec le risque d'un abandon d'une majorité d'exploitations agricoles faute de repreneurs car ce boulot, certes de passion et de vocation, est très dur et mal payé car l'agro-industrie mondialisée préférant la quantité à la qualité est structurellement incapable de garantir un revenu agricole décent à nos exploitants: c'est la raison pour laquelle certains d'entre eux s'en prennent aux arbres de notre bocage dans le vain espoir qu'ils pourraient y trouver quelques avantages en suivant quelques fausses lunes idéologiques de l'écologisme ambiant (par ex: la vente de bois de chauffage aux collectivités)... Quitte à être traîné devant les tribunaux et ce, de plus en plus, car les riverains, les associations et les collectivités n'hésitent plus, désormais, à porter plainte dès le constat d'un massacre à la tronçonneuse.

Gramsci, un philosophe communiste italien spécialiste du combat idéologique disait qu'il fallait s'armer de patience: les idées de nos adversaires meurent surtout lorsque ceux qui les font vivre... disparaissent.

Le départ massif à la retraite qui s'annonce dans l'agriculture française est donc l'occasion d'en finir avec le modèle idéologique encore dominant dans cette profession de l'agro-productivisme intensif à condition que la nouvelle génération qui doit prendre la relève ait la lucidité, le courage, l'intelligence, l'envie de faire autrement...

De toute façon, vu l'état de notre modèle agricole, ils ne pourront pas faire autrement pour qu'il y ait, demain, encore des exploitants agricoles ou des éleveurs en France, ce pays qui a vu, depuis un millénaire, se développer l'une des plus grandes civilisations rurale et agricole de toute l'histoire de l'Humanité et dont les haies de notre bocage normand restent encore le fier témoignage!


 

https://www.normandie.fr/preserver-et-restaurer-la-biodiversite-et-le-patrimoine-naturel#haies-bocageres

Avec près de 130 000 km de haies, la Normandie fait partie des régions de France aux linéaires de haies les plus importants, mais ceux-ci diminuent malgré tout d’année en année.

La Région Normandie mène des actions en faveur de la préservation bocagère et appelle les collectivités et les acteurs du territoire à se mobiliser pour la préservation et la restauration des haies, marqueur de la biodiversité normande. 

La préservation bocagère est indispensable :

  • à la préservation de la biodiversité : abris et zone d’alimentation pour les espèces, continuités écologiques…
  • à l’agriculture : protection du bétail, protection intégrée des cultures, préservation des sols…
  • à la gestion de l’eau : ralentissement du ruissellement, prévention des inondations, amélioration de la qualité des eaux, alimentation des nappes…
  • à l’atténuation des changements climatiques : production d’une ressource de bois énergie renouvelable, captation de carbone, zone de fraîcheur… 

Les lauréats de l'Appel à Manifestation d'Intérêt 2022 :

  • La Communauté d’agglomération Seine-Eure
  • La Communauté d’agglomération de Saint-Lô
  • Le Havre Seine Métropole - Caux Seine Agglo - Communauté de communes Campagne de Caux – Communauté d’agglomération Fécamp Caux Littoral
  • La Communauté de communes Côte Ouest Centre Manche
  • Le Pôle d'équilibre territorial et rural du Pays de Bray
  • Le Pôle d'équilibre territorial et rural du Pays du Bocage
  • Le Parc naturel régional du Perche
  • Intercom Bernay Terres de Normandie
  • La Communauté de communes de Honfleur Beuzeville
  • La Communauté urbaine Caen la mer