Fin de la cacophonie régionale des orchestres? L'unité normande ce n'est pas la fusion dans la confusion!

Billet de Florestan:

Blaise Pascal nous a rappelé l'évidence: le mal vient dans le monde des hommes lorsque ces derniers pratiquent la confusion des ordres. Si un monde réel existe, qu'il est vivable, intelligible et que la beauté ou la vérité peuvent en sortir c'est qu'il y a de l'ordre et de l'harmonie: on ne pourrait pas faire de musique si l'on devait l'ignorer. On le sait depuis Pythagore et tous les Anciens grecs...

De musique, justement, il sera encore question.

Et en musique, plus que dans tout autre art, il ne faut pas tout mélanger et en Normandie, plus qu'ailleurs, il ne faut pas confondre unité et fusion dans la confusion.

Il n'y aura donc pas de chimère symphonique issue d'une fusion entre une bande de musiciens qui vont par tous les chemins et un orchestre d'opéra attachée à sa maison: ce sont là deux métiers de musiciens différents aussi utiles que complémentaires. On ajoutera aussi (évidence que nous avions pourtant cessé de rappeler) que Caen n'est pas Rouen ou l'inverse!

La Normandie connait actuellement trois phalanges orchestrales:

L'Orchestre régional de Normandie, l'orchestre de l'opéra régional de Rouen, tous deux financés par la Région à 100% ou presque.

L'Orchestre du conservatoire de Caen est, quant à lui, financé par la communauté urbaine de Caen.

Si l'on doit aller vers la création d'un orchestre national de région en Normandie, le respect de l'ordre et des harmonies commande non pas de fusionner deux ou trois orchestres dans la confusion mais d'en faire grandir un de sorte à respecter un cahier des charges et un label d'un Ministère de la Culture qui, financièrement, n'assume plus sa politique de labelisation...

Compte tenu de la géographie toujours incomplète de la décentralisation culturelle en France, la création d'un orchestre national de Normandie établi à Rouen ou à Caen comblant le vide entre celui de Lille et de Rennes, serait une bonne chose: on y verrait la fin de l'un des nombreux passifs de la division normande et l'occasion de faire, enfin, rayonner un très riche patrimoine musical en lien avec la Normandie, notamment dans la musique française des années 1880-1940 (Camille Saint-Saëns, Claude Debussy, Gabriel Dupont, Erik Satie, André Caplet, Arthur Honneger, Paul Paray, Maurice Duruflé, Pierre Villette, etc...).

En attendant que la volonté politique soit mûrie et que les moyens régionaux soient sérieusement mis en oeuvre (la région ne doit plus être la seule à financer pareille structure), la sagesse recommande de ne pas confondre fusion et confusion.

En conséquence, il n'est plus question de fusionner l'orchestre régional de Normandie basé à Mondeville, près de Caen, avec l'orchestre de l'opéra régional de Rouen. Mais les deux orchestres régionaux ressortiront d'une structure mutuelle commune qui permettra à la région de faire d'éventuelles économies de gestion.

Il n'y aura donc pas de fusion des deux structures ne serait-ce que pour épargner nos oreilles d'un énième clochemerle caenno-rouennais cacophonique. Mais la contre-partie c'est que les autres grandes collectivités territoriales normandes, à commencer par les agglomérations urbaines concernées, prennent davantage leurs responsabilités financières alors que la transmission du patrimoine culturel de la musique savante européenne est aujourd'hui menacée par la démographie et l'idéologie...

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Orchestre Régional de Normandie et Orchestre de l’Opéra de Rouen Normandie : un rapprochement pour une ambition réaffirmée.

Lundi 27 juin, Hervé Morin, Président de la Région Normandie, Catherine Morin-Desailly, Sénatrice de la Seine Maritime, Présidente de la commission Culture, Tourisme, Attractivité de la Région Normandie et Patrick Gomont, Vice-Président de la Région Normandie, chargé de la Culture et du Patrimoine ont tenu une conférence de presse, à Rouen, pour présenter les scénarios préconisés et les orientations retenues pour l’avenir, suite à l’étude réalisée sur le rapprochement des deux orchestres de Normandie.

Cette conférence de presse fait suite à la présentation des conclusions de l’étude aux musiciens et aux personnels des deux orchestres.

En propos liminaires, Hervé Morin, Catherine Morin-Desailly et Patrick Gomont, ont réaffirmé leur souhait de repenser l’articulation des deux formations orchestrales basées à Mondeville et Rouen.

« Rassembler les deux orchestres permettra d’étendre les répertoires et de diversifier les formats, d’enrichir l’offre. Nous souhaitons que l’excellence du travail des deux orchestres exprimé à travers les co-productions de Normandie lyrique et symphonique s’incarnent de façon plus pérenne. La diffusion musicale sur l’ensemble du territoire est l’un des fondements du projet » ont déclaré Hervé Morin, Catherine Morin-Desailly et Patrick Gomont.

« Nous souhaitons un partenariat amplifié avec les collectivités, une meilleure coordination de la diffusion et de l’action culturelle permettant d’aller à la rencontre d’un public le plus large possible dans tous les lieux de diffusion et du patrimoine normand » a complété Patrick Gomont.

« Pour ce sujet comme pour d’autres, l’ambition depuis 2016 est de construire une identité normande tout en s’appuyant aussi sur l’héritage des deux ex régions. C’est un héritage qui place aujourd’hui la Région comme principal financeur des deux structures et qui a installé un ensemble orchestral à Mondeville et un Orchestre au sein de l’Opéra à Rouen. La prédominance de l’apport de la Région dans le financement de l’Orchestre Régional de Normandie et de l’Opéra de Rouen Normandie est atypique au plan national : ce sont les Villes ou leurs groupements qui sont les financeurs majoritaires de plus de la moitié des orchestres permanents » a souligné Hervé Morin. 

« La Région a, en étroite collaboration avec les services de l’Etat, projet d’inscrire ce projet au sein d’un schéma musical global. Celui-ci doit donner une place aux ensembles que nous soutenons et organiser le partage des missions pour qu’aucun territoire reste dans une zone blanche musicale » a affirmé Catherine Morin-Desailly.

Cette ambition c’est aussi de faire de ce sujet de politique culturelle emblématique un projet partagé à l’échelle du territoire avec toutes les collectivités qui revendiquent la diffusion culturelle et la compétence partagée.

« Nous avons augmenté le budget culturel de la Région de façon significative. C’est un engagement aujourd’hui de 46,8 millions d’euros. Nous consacrons une part importante de cette enveloppe à la politique musicale soit 14 millions d’euros an. La qualité artistique souhaitée et l’exigence professionnelle qui la soutient justifient de garantir l’emploi de celles et ceux qui la construisent en Normandie sur scène ou derrière la scène » a assuré Hervé Morin

« Cette ambition est une priorité régionale pour les années à venir. Je m’en félicite d’autant plus qu’elle intervient dans un contexte national qu’on ne peut plus ignorer et qui a pu engendrer sur d’autres lieux des décisions de baisse significative de moyens » a déclaré Hervé Morin.

Hervé Morin, Catherine Morin-Desailly et Patrick Gomont ont ensuite présenté les quatre scénarios proposés par l’étude réalisée sur le rapprochement des deux orchestres de Normandie.

Le scénario retenu pour la poursuite du projet propose de refondre les statuts de l’actuel Etablissement public de coopération culturelle (EPCC) qui porte l’Orchestre de l’Opéra Rouen Normandie afin qu’il devienne un EPCC à double objet et, ensuite, que la Région, avec l’accord et l’appui de l’État, déploie la conviction nécessaire pour élargir le socle des tutelles. L’engagement des deux sites, Rouen et Mondeville, est maintenu. Ce scénario, choisi conjointement avec l’Etat, validé en COPIL le 27 juin, est possible après négociations avec les autres tutelles pressenties et garanties apportées à l’ensemble des personnels.

En outre, ce scénario permettra  :

- D’unifier la Direction générale du projet et sa Direction musicale

- De s’attacher à un fonctionnement sur deux sites

- De valoriser ce qui caractérise les deux orchestres en termes d’identité grâce à l’identification des deux phalanges, permettant ainsi la réunion d'expériences et de savoir-faire complémentaires

- De rassembler des financements au sein d’une structure unique, d’assurer la sanctuarisation des budgets déjà consacrés aux deux institutions et d’ouvrir la perspective à d’autres financeurs de se joindre au projet artistique

- De travailler à construire un cadre réglementaire unifié, à travers une nomenclature cible capable de mettre en œuvre le cahier des charges, ainsi que des rémunérations harmonisées, et ce, dans une structure juridique solide et sécurisante

- De présenter des projets couvrants plus largement toutes les esthétiques, avec un effet vertueux liés à la mutualisation des équipes et des moyens

- De coordonner la diffusion et l’action culturelle et donc d’en assurer une meilleure efficience, dans le cadre de bonnes pratiques de transition écologique (sic!) conformément aux initiatives nationales prises par l’ensemble des orchestres, grâce à un plus vaste accès du réseau des scènes normandes, favorisant ainsi la circulation artistique et la présence du répertoire orchestral dans toute la Normandie

- De revendiquer une nouvelle forme d’orchestre exemplaire en matière de parité, de diversité et de soutien aux artistes émergents

« Ce scénario marque un nouveau départ porteur d’une émulation artistique inédite et garant de la pérennité de l’emploi musical en Normandie. Une ambition : faire de la musique une expérience partagée dans le quotidien des Normandes et des Normands au carrefour de toutes les scènes du territoire. Ce nouvel EPCC sera légitime pour s’engager dans une démarche d’obtention du label « Orchestre National en Région » ont déclaré Hervé Morin, Catherine Morin-Desailly et Patrick Gomont

Hervé Morin, Catherine Morin Desailly et Patrick Gomont ont enfin précisé que la poursuite d’une co-construction projet devra se traduire dans une logique de co-construction avec l’ensemble des personnels, les partenaires sociaux et l’ensemble des collectivités ainsi que l’Etat. Celui-ci aura pour mission de créer une nouvelle formation orchestrale dans ses dimensions administrative, juridique et sociale, en lien avec l’Etat et les partenaires concernés, en vue d’un rapprochement effectif pour le dernier semestre 2023.

Les deux Orchestres :

Orchestre régional de Normandie (ORN) :

• Créé il y a 40 ans à l’initiative de l’ex région Basse Normandie et de l’Etat, devenu peu avant la fusion des deux régions Orchestre Régional de Normandie, géré sous forme associative
• Association présidée par une personnalité qualifiée, Philippe Toussaint
• Orchestre composé de 18 musiciens (12 cordes, quintette à vent et piano) et 9 salariés administratifs et techniques
• Budget d’environ 2.6 millions € - subvention de fonctionnement de la Région 1.7 million € soit 67 % du budget de fonctionnement
• Activité (saison 2018 – 2019) : 283 prestations dont 155 concerts et 128 activités culturelles et de médiation

Orchestre de l’Opéra de Rouen Normandie:

• Orchestre intégré à l’EPCC Opéra de Rouen Normandie fondé en 2004
• Orchestre composé de 40 musiciens (27 cordes, 8 vents, 5 cuivres, 1 percussion)
• 62 salariés à l’Opéra de Rouen Normandie (hors musiciens) - 9 ETP dédiés au fonctionnement de l’orchestre
• Budget 4.2 millions € estimés pour l’orchestre
• une contribution statutaire de la Région estimée à 57 % du budget de fonctionnement 
• Opéra de Rouen Normandie labélisé Théâtre Lyrique d’Intérêt National
• Activité (saison 2018-2019) : 324 prestations dont 142 concerts et 182 activités culturelles et de médiation.

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Complément d'information avec Ouest-France:

Les musiciens, notamment ceux de Caen, obtiennent des droits qu'ils n'avaient pas pour être en harmonie avec ceux de Rouen. La direction musicale sera commune mais la question du chef d'orchestre n'est pas encore réglée...

Après la polémique, l’opéra de Rouen et l’orchestre régional de Caen dans une structure commune ? (ouest-france.fr)

Après la polémique, l’opéra de Rouen et l’orchestre régional de Caen dans une structure commune ?

Pas de fusion absorption de Caen par Rouen, mais un établissement public de coopération culturelle (EPCC) avec deux phalanges et deux sites, Rouen et Mondeville, et une direction artistique commune. C’est le nouveau rapprochement des deux orchestres envisagé par la Région Normandie.

Ce ne serait plus deux orchestres à Caen et Rouen comme aujourd’hui. Ni la fusion absorption de l’orchestre régional de Normandie (ORN) par l’orchestre de l’opéra de Rouen, mais quelque chose entre les deux. « Un troisième scénario » , soumettent Hervé Morin, président de la Région, Patrick Gomont, vice-président à la culture, et Catherine Morin-Desailly, sénatrice et présidente de la commission culture.

Devant la levée de boucliers des musiciens, qui ont quitté la table des négociations et se sont mis en grève, et des acteurs culturels caennais, la Région, principal financeur de l’opéra de Rouen comme de l’orchestre régional de Normandie (ORN) de Caen, amende son projet de rapprochement qu’elle soumettra aux musiciens cet été.

Deux phalanges, deux sites

Concrètement, l’ORN rejoindrait l’établissement public de coopération culturelle (EPCC) de l’opéra de Rouen, qui deviendrait l’EPCC « Orchestres de Normandie » avec deux phalanges, deux sites : Rouen pour l’opéra et Mondeville (Calvados) pour l’ORN. Mais une direction générale et artistique commune qui reviendra, a admis Hervé Morin, à Loïc Lachenal, actuel directeur de l’opéra de Rouen.

Il y aurait un seul chef d’orchestre qui aurait un adjoint et accueillerait des chefs associés. Jean Deroyer, chef de l’ORN, réfléchit s’il reste ou non dans cette nouvelle configuration alors que son contrat arrive à terme dans un an. Ben Glassberg, le chef britannique de l’orchestre de Rouen, vient d’être nommé. « Nous avons envisagé de créer une maison ad hoc, rappelle la présidente de la commission culture, mais cela aurait coûté trop cher et aurait fragilisé l’opéra de Rouen qui doit son label de théâtre lyrique d’intérêt national à son orchestre. »

Les deux orchestres permanents dans le même EPCC « poursuivront leurs missions de diffusion et de médiation culturelle sur les territoires. Ensemble, ils pourront proposer de nouveaux formats et développer le lyrique ». Les quarante musiciens de Rouen et les dix-huit de Caen auraient le même statut. Ce qui n’est pas le cas aujourd’hui : « Ceux de Caen n’ont pas de convention collective, ni de commission musicale », souligne Catherine Morin-Desailly.

Ouvrir à d’autres tutelles de financement

Par ailleurs, d’autres collectivités, les cinq Départements, la Ville et la communauté urbaine de Caen, la Ville de Mondeville et d’autres partenaires et mécènes, pourront rejoindre le conseil d’administration de l’EPCC Orchestres de Normandie et y contribuer financièrement. « Aujourd’hui, la Région assure les deux tiers du financement des deux orchestres, ne manque pas de rappeler Hervé Morin. 4,5 millions d’euros pour celui de Rouen (sur les 7,6 millions au global pour l’opéra) et 1,7 million d’euros pour celui de Caen. Ces financements seraient maintenus. Sous le précédent mandat, nous avons augmenté le budget de la culture de 15 %. » Hervé Morin et Catherine Morin-Desailly le soutiennent : « Nous avons une ambition pour la musique en Normandie. »