Billet de Florestan:
Quand ça ne veut pas, ça ne veut pas! Le réel est ainsi fait, à l'instar de nos quétons, bouris et autres bodets: on a beau s'échiner contre le pauvre animal si celui-ci refuse d'avancer, il n'avancera pas! De même, faire entrer un carré dans un cercle ou l'inverse c'est compliqué... Quant à pousser une brouette avec des roues carrées, cela reste possible mais uniquement lors d'une performance artistique conceptuelle!
Archive de l'Etoile de Normandie:
http://normandie.canalblog.com/archives/2019/02/09/37087303.html
Madame Catherine Morin-Desailly, grande prêtresse de la culture en "région Normandie" (sans en avoir officiellement la fonction exécutive), impose ses vues au réel comme certains artistes dits créateurs qui se prennent pour des dictateurs... Et tandis que certains coulent des bronzes improbables, Madame Morin-Desailly aime déposer ses EPCC (Etablissement Public de Coopération Culturelle) un peu partout y compris sur les pieds des artistes et des professionnels directement concernés.
Nous avions déjà parlé ici de l'oeuvre conceptuelle cacophonique en cours d'élaboration chez le cabinet de plasticiens institutionnels Morin-Desailly et associés consistant à fusionner dans une même masse informe l'orchestre de l'opéra régional de Rouen et l'orchestre régional de Normandie qui font, dans la réalité régionale, des choses bien différentes: un enfer pavé de bonnes intentions le devient lorsque l'apprenti sorcier démiurge décide de tout mélanger dans l'ordre de la réalité.
Et le désordre et la confusion, la réalité déteste ça! On le sait depuis les sages philosophes de l'antiquité grecque et Blaise Pascal nous avait averti aussi: malheur à ceux qui confondent l'ordre des choses!
En attendant, sourde comme un pot, Madame Catherine Morin-Desailly tient à la réalisation de son chef d'oeuvre: tant pis pour les musiciens concernés qui ne sont pas écoutés! Tant pis pour la fragile transmission sur l'ensemble du territoire normand d'un patrimoine musical classique européen menacé de disparition par le grand remplacement culturel à venir...
Dernier écho dans la presse régionale (Paris-Normandie, 11 juin 2022):
Commentaire de Florestan:
Par pitié! Prière de ne pas fusionner n'importe qui avec n'importe quoi ou l'inverse! La solution de bon sens serait de faire grossir l'actuel orchestre de l'opéra de Rouen scène lyrique nationale pour qu'il soit possible d'avoir à Rouen et en Normandie un véritable orchestre national de région respectant le cahier des charges précis d'une telle institution, un cahier des charges connu et reconnu par les musiciens professionnels et leurs syndicats.
Cela impliquerait que cette structure d'intérêt général pour toute la Normandie et son rayonnement soit financée non plus seulement par la région mais aussi par la métropole de Rouen et les cinq départements normands.
En conséquence, il faudrait redessiner le périmètre d'action de cet orchestre national de région basé à Rouen avec l'actuel orchestre régional de Normandie, plus petit basé à Mondeville près de Caen et qui fait, actuellement, le travail indispensable de diffusion du répertoire de la musique classique dans tous les territoires normands... Sans oublier le 3ème orchestre normand dont on ne parle jamais: l'orchestre symphonique du conservatoire de Caen.
Assumer ce paysage musical institutionnel normand, en optimiser les atouts voilà qui serait plus sage que de vouloir fusionner à toute force deux orchestres aux cultures et pratiques totalement différentes.
Lire aussi cet article d'Antoine Pecqueur, tiré de la lettre du musicien (9 juin 2022)
Préavis de grève à l’Opéra de Rouen
Un enjeu national
« L’objectif est de se remettre à la table des négociations. Nous ne sommes pas contre des collaborations ponctuelles entre les deux orchestres », souligne un autre musicien. Mais tous veulent alerter contre le risque que fait peser cette fusion sur l’ensemble du paysage musical français. D’autant que les chevilles ouvrières de ce projet ont un rayonnement qui dépasse la seule Normandie : Loïc Lachenal, directeur de l’Opéra de Rouen, est vice-président du syndicat professionnel des Forces musicales, et Catherine Morin-Desailly, sénatrice de Seine-Maritime, est présidente de l’Association française des orchestres. « Si la fusion se fait, cela créera une jurisprudence. On peut déjà imaginer des scénarios similaires dans le sud de la France », met en garde un musicien, avant d’ajouter : « On se bat pour le métier ».
Par Louis-Valentin Lopez Publié le vendredi 10 juin 2022 à 18h46
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"La fusion se traduirait par un appauvrissement musical et culturel pour les Normands", estiment des musiciens, qui ont déposé un préavis de grève pour le mardi 14 juin. Annoncé à l’automne 2021, le grand projet de fusion des deux orchestres normands hérisse leurs musiciens. Ces derniers viennent de déposer un préavis de grève, pour la journée du mardi 14 juin. "Nous considérons que nous sommes des orchestres complémentaires, pas concurrents, et que la fusion se traduirait par un appauvrissement musical et culturel pour les Normands", argumente Teona Kharadze, violoniste au sein de l'orchestre de l'Opéra de Rouen, interrogée par France Musique. Une crainte s'exprime, notamment : la disparition à court terme de l’orchestre régional de Normandie, composé de 18 musiciens "qui font un travail essentiellement sur l’ancienne Basse-Normandie, se déplacent dans les petites salles, les églises et les villages..." (ndlr: c'est en partie faux, l'ORN est le seul orchestre payé par la région qui met en oeuvre dans sa pratique la réunification normande...)
Par cette fusion, les élus aimeraient aussi décrocher à terme le convoité label d'"Orchestre national en région". Là encore, "le label est sans doute beau et prestigieux, mais nous pensons que si nous travaillons sur deux sites différents, nous ne pourrons pas atteindre la qualité requise", redoute Teona Kharadze.