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Sire de Sei, la Normandie en toute liberté!
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Sire de Sei, la Normandie en toute liberté!
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27 février 2022

Au salon international de l'agriculture de Paris: le retour en grâce de la haie de bocage.

Billet de Florestan:

Quand une idéologie dominante se retire comme se retire la mer, on voit enfin la réalité: sur l'estran, beaucoup d'épaves, de dégâts, de désolations...

Après plus de 60 années de massacre et d'éradication du bocage qui est pourtant un patrimoine végétal, naturel et culturel essentiel à l'aménagement de notre territoire national, qui est même identitaire pour certaines de nos régions, que l'on songe à la Normandie et à la Bretagne, à l'Anjou ou le Maine, les huiles officielles qui plastronnent dans la paille et les paillettes parisiennes du Salon international de l'Agriculture, conviennent, enfin, qu'il faut replanter les haies après avoir tout fait pour les arracher: ainsi vont les Shadoks qui nous gouvernent...

Sur le terrain et dans la réalité, la situation du bocage est aujourd'hui périlleuse: nous sommes en pleine confusion...

D'un côté, se mutiplient les initiatives privées, publiques ou professionnelles pour replanter des linéaires de haies ou pour proposer des aides, des financements, voire des labélisations sans beaucoup de coordination et de lisibilité avec le paradoxe de cacher l'urgence de replanter une haie de bocage derrière un... maquis de paperasses et de bureaucratie.

De l'autre, se perpétuent les mauvaises habitudes agricoles et de gestion des haies bocagères qu'il ne faudrait plus maintenir: les coupes rases se poursuivent ainsi que les remembrements de parcelles, certes à un rythme moins soutenu qu'auparavant pour transformer des herbages en labour (blé, soja ou maïs d'ensilage). Pis! certaines méthodes d'élagage d'entretien sont trop agressives: les arbres et arbustes sont blessés par le passage des disqueuses et autres broyeuses (par exemple, le long des routes départementales) favorisant la prolifération de certaines maladies... C'est ainsi que le fresne, le roi du bocage normand est victime d'un champignon qui menace directement sa présence identitaire. Enfin, certaines initiatives soi-disant "écologiques" peuvent avoir quelques effets pervers: par exemple, le développement du chauffage urbain au bois peut inciter une survalorisation des haies de bocage existantes avec multiplication des coupes agressives...

Dans un contexte de difficultés et d'incertitudes financières chez les exploitants agricoles, notamment dans la filière laitière, il est donc tentant de faire feu avec tout... bois !

Un exemple récent de mauvaises pratiques scandaleuses: massacre d'une parcelle bocagère en Normandie près de Pont-D'Ouilly

(2021, archive de l'Etoile de Normandie)

http://normandie.canalblog.com/archives/2021/07/19/39063778.html

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Il va donc falloir que l'Etat central, tradition française oblige, finisse par mettre bon ordre en imposant un cadre législatif et financier clair pour tous quitte à reprendre à son compte les meilleures initiatives prises localement par les collectivités territoriales et les organismes professionnels afin de les généraliser dans la mesure du possible afin d'éviter un autre paradoxe typiquement français: celui d'accélérer la disparition du bocage tout en disant vouloir le sauver.

Lire, ci-après, l'article paru dans le Journal du Dimanche (26/02/22):


 

https://www.lejdd.fr/Societe/apres-des-annees-doubli-les-haies-font-leur-grand-retour-dans-les-campagnes-4096006

Après des années d'oubli, les haies font leur grand retour dans les campagnes
  • Par Adrien Cahuzac

Bannies des campagnes depuis cinquante ans, les haies commencent à revenir pour préserver la biodiversité.

Ce sont des champs de blé, de colza et de betteraves comme il peut y en avoir des centaines dans la campagne marnaise. Pourtant, en périphérie de ­Châlons-en-Champagne (Marne), ceux de Philippe Gerbaux ont quelque chose de particulier. Depuis une vingtaine d’années, l’agriculteur de 57 ans, père de trois enfants, replante des arbres et des haies dans ses parcelles. Un véritable pionnier. « L’image des agriculteurs auprès du grand public m’a toujours tenu à cœur, explique Philippe Gerbaux, à la tête de 11 kilomètres de haies sur 375 hectares de terres. Planter des haies est très bien perçu. Il y a vingt ans, je passais pour un extraterrestre auprès de mes voisins ­agriculteurs. »

Aujourd’hui, alors que se tient le Salon international de l’agriculture à Paris jusqu’au 6 mars, beaucoup s’y mettent, quitte à revenir sur les choix de leurs aïeux qui les avaient bannies de leurs champs pour gagner en productivité durant les trente glorieuses. Même Christiane Lambert, l’emblématique présidente de la FNSEA , a appelé les céréaliers le 1er juin 2021 à replanter des haies lors de leur congrès annuel. Pour elle, cela répond à la problématique du changement climatique et « permet de gagner aussi en cote de popularité dans les communes ». « Les haies ont de multiples intérêts : elles sont un réservoir de biodiversité, freinent l’érosion, limitent le réchauffement climatique et ont un rôle de stockage du carbone dans les sols, rappelle Gaëtan Le Seyec, agriculteur dans le Morbihan et référent agroforesterie pour les chambres d’agriculture. Dans les élevages, elles permettent de nourrir les animaux et apportent de l’ombre. » Mais elles représentent un coût d’investissement non négligeable pour les agriculteurs et un manque à gagner. « Aux frais d’entretien s’ajoute une perte de rendement en bordure de haie, jusqu’à 50 % parfois, due à l’ombre et à la concurrence des racines », souligne Philippe Gerbaux, qui vient d’investir 26 000 euros pour replanter 2,2 kilomètres de haies en 2021. En 2019, des agriculteurs et l’association Afac-Agroforesteries ont lancé, avec le soutien financier des Régions Normandie, Pays de la Loire et Bretagne, un label pour valoriser leurs haies. Il certifie les bonnes pratiques de gestion des haies par les agriculteurs et garantit une production de bois durable et locale. L’objectif est d’atteindre 3 500 agriculteurs labellisés d’ici à 2024, pour produire 175 000 tonnes de bois plaquette labellisées chaque année.

Mise en place du programme Plantons des haies

Conscient des coûts et des contraintes que les haies représentent pour les agriculteurs, le ministère de l’Agriculture a lancé en 2021 le programme Plantons des haies, doté de 50 millions d’euros, issus du dispositif France Relance. Objectif : replanter 7 000 kilomètres de haies en deux ans. Au 31 décembre 2021, 1 870 projets ont été validés pour replanter 2 500 kilomètres, soit 25 millions d’euros en cours d’investissement, selon le ministère de l’Agriculture .

Chaque Région s’est vu allouer une enveloppe et un objectif de kilomètres de haies à atteindre, selon son type d’agriculture, son historique et son dynamisme. « Les dossiers sont parfois longs et complexes à établir ; heureusement, il n’y a pas d’essences spécifiques à planter, car cela aurait freiné les ardeurs », souligne Gaëtan Le Seyec. Les agriculteurs doivent d’abord réaliser les plantations et attendre les subventions, qui arriveront plusieurs mois plus tard.

Dans le Grand-Est, l’objectif de replantation a par exemple été fixé à 1 000 kilomètres. L’association Symbiose, à Reims (Marne) se charge de faire le lien entre les agriculteurs et les services de l’État. « Une fois que les dossiers ont été remplis, nous les vérifions et les présentons en commission une fois par mois », explique Isabelle Kouamo, animatrice de Symbiose. L’association a déjà fait valider 141 projets fin décembre, pour 162 kilomètres de haies et 49 kilomètres d’arbres alignés, soit « beaucoup plus que l’objectif initial de 90 kilomètres annuels ». Pour elle, les investissements vont devoir être étalés dans le temps car il y a beaucoup de demandes. « Cela entraîne une pénurie pour certaines essences, qui n’avait pas été anticipée, indique Isabelle Kouamo. Le temps de production est long. » L’association milite également pour un budget rallongé à 4 millions d’euros, contre 2,7 millions d’euros prévus initialement, afin de répondre aux besoins. « Sinon, tout le monde ne pourra pas être accompagné », regrette l’animatrice.​

Lire aussi - Comment lier urbanisme et agriculture 

Si le dispositif Plantons des haies suscite un réel intérêt chez les agriculteurs, l’objectif de 7 000 kilomètres de replantation apparaît encore comme une goutte d’eau. Depuis 1950, 750 000 kilomètres de haies ont été arrachés en France sous l’effet du remembrement agricole et du déclin de l’activité d’élevage, selon l’Office français de la biodiversité (OFB). Après des pertes de 45 000 kilomètres par an dans les années 1960 à 1980, le recul s’est stabilisé à 15 000 kilomètres dans les années 1990, avant de s’établir aujourd’hui à 7 000 kilomètres environ annuellement. Soit l’objectif du plan Plantons des haies réparti sur deux ans. « L’objectif du programme peut paraître modeste, mais ça va marquer une réelle inflexion », souligne-t-on au ministère. Avant peut-être que le mouvement ne se confirme avec les dispositifs de la future PAC de 2023. Philippe Gerbaux y croit. « Les agriculteurs qui, comme moi, ont planté des haies devraient se voir exemptés de l’obligation de jachère », se réjouit-il.

 

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Commentaires
G
une fondation bien plus utile que les subventions saupoudrées par des élus en mal de bulletins de vote et qui replantent avec caméras et enfants des écoles en période pré électorale.<br /> <br /> Je le constate tous le jours en arpentant à vélo, en voiture et à pied le pays d'Auge, nos haies sont malades, malades comme les frênes, malades d'une absence d'entretien ou d'un entretien trop mécanique et sans discernement. <br /> <br /> <br /> <br /> https://fondspourlarbre.fr/<br /> <br /> <br /> <br /> panorama des actions<br /> <br /> <br /> <br /> https://fondspourlarbre.fr/devenir-operateur-criteres-candidat-arbres-haie/
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