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Sire de Sei, la Normandie en toute liberté!
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Sire de Sei, la Normandie en toute liberté!
27 février 2022

Art du dessin dans la Normandie pittoresque du XIXème siècle : Achille BLIGNY, un artiste normand talentueux et discret...

Billet de Florestan:

Des les années 1820, la paix retrouvée avec l'Angleterre, touristes et artistes d'outremanche débarquent en Normandie pour visiter, admirer, contempler puis croquer, colorier et dessiner notre Normandie monumentale médiévale qui se révèle être le musée à ciel ouvert des origines de la civilisation britannique.

Et avant ou après le passage du génial Turner explorant les vues pittoresques de la vallée de la Seine, ce sont de nombreux artistes anglais puis français et normands qui se lancèrent dans cette nouvelle fantaisie romantique consistant à dessiner, croquer en plein air, sur le motif...

La Normandie devient alors une destination et s'invente ici le tourisme culturel et patrimonial mais aussi la préoccupation nouvelle d'étudier, de sauvegarder et de restaurer les "monuments historiques" grâce à l'impulsion d'un Arcisse de Caumont qui fonda en France la discipline nouvelle de l'archéologie monumentale et médiévale...

Sur les liens culturels et artistiques importants unissant la Normandie à l'Angleterre au XIXème siècle, voir les archives suivantes de l'Etoile de Normandie:

http://normandie.canalblog.com/archives/2015/04/20/31920158.html

http://normandie.canalblog.com/archives/2013/05/20/27201074.html

http://normandie.canalblog.com/archives/2013/08/25/27892289.html

Stendhal, grand touriste devant l'Eternel, fera ainsi de Rouen "l'Athènes du genre gothique"... Et c'est dans cette ambiance typiquement normande faite d'érudition historique, archéologique et d'émulation artistique et esthétique devant le pittoresque de notre région, qu'un certain Achille Bligny se passionnera pour l'art du dessin, en Normandie puis en Italie...

https://actu.fr/normandie/rouen_76540/rouen-achille-bligny-dessinateur-meconnu-pour-la-premiere-fois-expose-au-musee-des-beaux-arts_48822465.html

Rouen. Achille Bligny, dessinateur méconnu, pour la première fois exposé au musée des Beaux-arts

bligny-dessin-960x640

Pendant trois mois, le public va découvrir une quarantaine d’œuvres du Rouennais Achille Bligny (1826-1862) au musée des Beaux-arts de Rouen. Une première pour cet artiste méconnu.

l y a peu de temps encore, jusqu’à la parution l’an dernier d’un ouvrage qui lui est consacré, son nom et son prénom ne disaient pas grand-chose aux habitants de Rouen (Seine-Maritime). Achille Bligny dessinait beaucoup mais ne cherchait pas à vendre. Pas d’exposition, pas de vente ! Il voyageait en diligence, croquait des lieux et des monuments chargés d’histoire, rentrait chez lui, 25, rue de l’Hôpital, pour y stocker ses feuillets et ses petits carnets d’esquisses. Le hasard croisera son souvenir après-guerre.

Avocat passionné de dessin

Achille voit le jour en 1826 dans une famille de notables cultivés. Un père, Pierre-Louis, notaire, premier adjoint du maire de Rouen Adrien-Charles Deshommets de Martainville, une mère Rosalie née Gratien attentive à ses cinq enfants. Brillantes études en internat au Collège royal, actuel lycée Corneille, puis Droit à paris. Il devient avocat. Au bout d’un an, toujours célibataire, il délaisse son cabinet pour plonger corps et âme dans sa passion de toujours ; le dessin, l’illustration, appris aux côtés d’Eustache Berat. Il sillonne la Normandie, s’attarde devant les architectures anciennes de Dieppe, Étretat et Rouen, puis élargit son horizon pendant une décennie.

Le patrimoine monumental

« Il pratiquera son art en amateur, explique Diederik Bakhuys, conservateur et commissaire de l’exposition. À rebours d’une culture savante qui a pendant des siècles privilégié une architecture inspirée de l’Antiquité classique, la sensibilité romantique réhabilite le pittoresque des constructions du Moyen Âge et de la Renaissance. Bligny s’attache à décrire ce patrimoine monumental alors très dégradé et qui parfois disparaîtra lors des transformations urbaines de la seconde moitié du XIXe siècle. Il parcourt sa ville natale en dessinant Saint-Ouen, la cathédrale, la rue du Gros-Horloge, la Maison des mariages. Il rapporte des moissons de croquis de ses déplacements à travers la Normandie, l’Angleterre, la Belgique, l’Allemagne et l’Italie, en adressant des descriptions illustrées à plusieurs revues comme la Semaine des familles ou le Magasin pittoresque ».

Défendre la cause papale

En 1861, ce catholique fervent s’enrôle après versement d’une contribution dans les zouaves pontificaux pour défendre la cause papale contre les troupes piémontaises qui combattent pour l’unité italienne. Quelques mois plus tard, le 26 août 1862, au terme d’une campagne harassante, il contracte la malaria et meurt à Marino, près de Rome où il est inhumé. Il n’a que 36 ans .

« Il avait exécuté, en marge de son service, certains de ses dessins les plus ambitieux, inspirés de monuments romains ou de maisons gothiques du Latium, ajoute le commissaire de l’exposition. Son intérêt pour l’architecture médiévale de l’Italie, que peu de Français de sa génération partagent au même degré, contribue à donner aux dernières œuvres de son corpus un caractère très personnel ».

En salle des ventes

Georges Lanfry, l’architecte rouennais, archéologue, mécène et spécialiste de la restauration des monuments historiques se voit un jour confier les centaines de dessins d’Achille Bligny. Il en consulte certains pour mener à bien ses restaurations. Une fois utilisés, il a la géniale idée de les proposer à la famille Bligny mais il décède à 84 ans en janvier 1969. L’affaire ne se conclut pas.

Dans les années 80, les descendants Lanfry confient la collection à la Salle des ventes de la rue de la Croix-de-fer. Les 5 et 6 mai 1984, Francis Bligny, chef d’entreprise, acquiert 73 des 112 lots de la vente. Les années défilent, Francis Bligny, admiratif de l’œuvre de son lointain ancêtre et « voulant l’honorer à la hauteur de ses mérites » offre généreusement l’an dernier, au musée des Beaux-Arts de Rouen, 268 feuilles, dessins graphite sur papier et aquarelle, des carnets et des estampes avec l’espoir qu’une exposition les fera mieux connaître du public. C’est désormais chose faite !

Infos pratiques :
« De Rouen à Rome, itinéraire d’un dessinateur, Achille Bligny (1826-1862) », exposition temporaire à voir jusqu’au 2 mai 2022, au musée des Beaux-arts de Rouen. Entrée libre.
À l’accueil du musée, vente du livre de Noël Coret, Bruno Delarue et Francis Bligny : Achille Bligny, campagnes d’un paysagiste romantique normand. Éditions Terre en vue/Fécamp. 25 euros. En librairie.


 

Voir aussi ce volume du colloque de Cerisy (N°644 ) qui fut consacré en 2021 à "Ecrire et peindre le paysage en France et en Angleterre 1750-1850".

https://cerisy-colloques.fr/paysage-pub2021/

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