Billet de Florestan:
Pourquoi "Sire de sei" soutient ces convois foutraques et populaires qui tentent d'écrire un récit sur nos libertés face à l'arrogance autoritaire de notre caste dirigeante qui se barricade physiquement et symboliquement et qui fait pleuvoir une répression financière et policière féroce sur ces citoyens français très "sire de sei"...
Tandis qu'une pétasse qui se croit drôle sur l'antenne de "sévice public" de France Inter étale un répugnant mépris de classe en se moquant des participants aux convois de la Liberté, alors que le juge administratif tant au conseil d'Etat ou au conseil constitutionnel s'est couché pendant deux ans devant l'empereur romain Macron au lieu d'être un garde fou, alors que, de plus en plus, la règle devient la norme et la liberté devient l'exception...
Alors que le libéralisme politique classique qui nous vient de notre droit normand qui reconnaît la personne humaine souveraine d'elle-même sur elle-même et sa propriété comme fondement de la société, est aujourd'hui défendue par... Eric Zemmour, alors que l'inflation législative n'a plus de limite et que s'effondre devant nous et dans l'indifférence générale des médias de "grand chemin" et dans le silence lunaire de nos grands intellectuels, le principe de séparation des pouvoirs et de l'action des contre-pouvoirs malgré la résistance d'une poignée de sénateurs, alors que nos bonnes vieilles libertés "grégaires" de base sont idéologiquement sabotées par le militantisme de nouvelles libertés individuelles sociétales diversitaires...
ON SE POSE LA QUESTION :
Mais où est donc passé Tocqueville?
Alexis de Tocqueville ayant observé avec sa lucidité et sa précision toutes normandes la société civile démocratique américaine, avait perçu déjà tous les défauts qui pourraient transformer une démocratie en dictature, notamment le conformisme communautaire au nom de l'intérêt général qui peut écraser la volonté individuelle ou, plus finement, le confort intellectuel et moral consistant à ne plus prendre de décisions souveraines et libres par soi-même puisque le consensus social sur l'intérêt général les a prises à votre place... Où l'on retrouve, une fois de plus, le génial Etienne de la Boétie qui disait aussi : "l'habitude est l'ennemie de la liberté".
Le savoyard Loïc Hervé, un sénateur, justement, centriste et attaché à la tradition libérale classique de notre grand normand Alexis de Tocqueville, ouvre sa gueule pour dénoncer cet oubli inquiétant, ce silence sidérant:
(Précision importante, l'entretien de Loïc Hervé donné au site Atlantico a été publié avant la réunion publique de Valérie Pécresse du dimanche 13 décembre à Paris et sur le thème majeur des libertés, le sénateur savoyard n'a pas été entendu...)
Loïc Hervé : "Mais pourquoi la droite ne s’empare-t-elle pas d’un grand récit sur nos libertés menacées ?"
Loïc Hervé, Sénateur de la Haute-Savoie (Union Centriste), estime que les solutions pour la reconstruction de la société de l'après Covid doivent être au coeur de la campagne présidentielle. La question des libertés doit être une thématique forte pour la droite pour les élections de 2022.
Atlantico : Vous avez déclaré sur Twitter : "Comment voulez-vous exister politiquement si le projet de la droite c'est l'alignement sur Emmanuel Macron pour le sanitaire et sur Éric Zemmour sur le sécuritaire ?" Avez-vous le sentiment que pour l’instant la campagne de Valérie Pécresse ne fait que naviguer entre ces deux positions ?
Loïc Hervé : Justement, elle ne navigue pas et c’est bien le problème. Sur le sanitaire, elle s’aligne sur le passe sanitaire et vaccinal, choix de la vaccination, etc. On ne conteste donc pas le gouvernement sur sa stratégie. Et on se fait dicter tout le discours sur la sécurité et l’immigration par Eric Zemmour. On ne sait pas naviguer entre les deux alors qu’il le faudrait. Il nous faudrait un discours fort sur les différents sujets et nous n’en avons pas. Et comme on ne se distingue pas, les gens préfèrent l’original à la copie. On a de la difficulté à trouver si ce n’est un roman, en tout cas un discours, une authenticité, un récit, qui soit celui de la droite républicaine. C’est ce qu’on doit avoir si on veut être au deuxième tour et gagner l’élection présidentielle. Quand le sujet principal devient les questions de voile islamique dans le sport, il y a un vrai problème. Je me demande si les Français ont vraiment envie qu’on ne leur parle que de cela.
Est-ce ce manque de récit qui explique la panne de la campagne Pécresse ?
La panne vient évidemment de cela. Elle ne vient pas de la personnalité de Pécresse, qui est une femme intelligente, positionnée, qui a une expérience de ministre, de présidente d’une grande région. C’est une femme reconnue, intelligente, bosseuse. Ce n’est pas un problème de profil, ce n’est même pas un problème de positionnement politique. Valérie Pécresse est à l’épicentre d’une droite assez dure et du centre droit. Le problème, c’est le choix des thèmes. Quand sur le sanitaire, on est sur la position du président de la République, cela signifie que nous n’avons pas un discours propre sur les grands sujets. Pire que ça, nous ne sommes pas du tout sur les sujets du quotidien, économiques et sociaux. Quel est le discours sur l’école ? Quel est le discours sur le pouvoir d’achat ? Il n’y en a pas, alors que ça bouchonne à l’extrême droite avec plusieurs candidats, que l’espace politique de la droite républicaine n’est pas contesté à Valérie Pécresse. Si on fait le bilan, elle a des éléments capacitaires importants mais un problème sur le discours. Ce que j’attends d’elle dimanche, c’est qu’elle incarne une ligne politique. Pour moi, c’est comment restaurer les libertés publiques et la liberté individuelle dans notre pays. Cela fait un an et demi que je me bats sur le passe sanitaire et les restrictions de liberté. Il faut imposer ce discours des libertés, qui est un discours qui n’est tenu par personne. Et il faut le décliner à l’ensemble des sujets. C’est ce qu’il faudrait dimanche. Sinon, on sera toujours en parallèle du discours d'Emmanuel Macron ou d'Eric Zemmour.
Vous dites que le sujet central est celui des libertés et de la reconstruction de la société de l'après COVID. Avons-nous trop minoré la question des libertés pendant la crise sanitaire y compris dans l’opposition ?
Evidemment. Nous avons été trop peu nombreux au sein de la classe politique à alerter sur l’équilibre entre les mesures sanitaires et la liberté. Le passe vaccinal perdure, le port du masque reste généralisé alors même que l’efficacité est parfois contestable. Et on va avoir le président de la République qui fin mars, début avril va nous libérer et nous affranchir de ces contraintes parce qu’on s’est bien comporté. Et ce, alors qu’elles sautent en Grande-Bretagne, en Suède, etc. Le discours des libertés a été abandonné. Et pour la droite libérale dont je fais partie, Valérie Pécresse doit être positionnée sur ces sujets-là. On ne peut pas se réjouir que les Français s’accoutument à porter le masque toute la journée et soient ravis de présenter le passe vaccinal. Le problème est que lorsqu’on est focalisé sur les sondages d’opinion et qu’on se met en tête que les gens de droite veulent un discours sécuritaire, on donne aux gens ce qu’ils veulent entendre. Les élus ont renoncé à forger l’opinion publique et animer le débat. C’est pour ça que je me suis battu sur le sujet des libertés. Il est nécessaire que des gens alertent lorsque cela dépasse le raisonnable.
Pourquoi ce pourrait être une thématique forte pour une campagne de droite ? Qu’est-ce qui pourrait séduire ?
D’abord, c’est la culture traditionnelle de la droite française que d’avoir un discours sur la liberté. Les mesures privatives collectives de liberté, ce n’est pas l’ADN de la droite. En tout cas pas celle dans laquelle je me reconnais, celle de Tocqueville, etc. La droite française, ce n’est pas le recours à de moins en moins de libertés. Deuxièmement, parce que personne dans la vie politique française ne parle de cela depuis des mois. Lorsque je réfléchis à la société d’après Covid, celle dans laquelle vont vivre mes enfants, je n’ai pas envie de leur faire rêver d’une société moins attachée aux libertés publiques. Nous devons rétablir les libertés et les incarner à la présidentielle. Si Valérie Pécresse ne veut pas incarner ça, soit, mais qu’elle en fasse le choix stratégique. Force est de constater néanmoins que personne ne le fait et que cela manque au débat politique.
Est-ce que vous avez le sentiment que c’est une demande forte chez les Français ?
Comme je vous l’ai dit, je pense que les élus doivent être non pas seulement des girouettes mais des personnes qui indiquent le cap dans l’intérêt du pays. Je sens un ras-le-bol dans le pays. Les Français en ont marre. Le discours sur les libertés parle énormément à la jeunesse. La jeunesse française n’est pas un sujet de campagne et on ne lui parle pas, pire on ne l'écoute pas. Nous n’avons pas de discours porté vers la jeunesse, sur la jeunesse ou inspiré d’elle. Je suis effaré de voir qu’il n’y a pas d’échanges avec la jeunesse et que cela ne pose pas question.
Comment décliner la question des libertés pour en faire un grand thème de campagne ?
Hier, j’ai rencontré Gaspard Koenig et nous avons beaucoup parlé de la question des contraintes administratives en France, qui compliquent tout, tout le temps. Ce sont des choses auxquelles les gens sont confrontés dans leur vie quotidienne dans leur rapport à l’administration sous toutes ses formes. Rendre de la liberté aux Français, c’est être capable sur tous les aspects de la vie quotidienne, de montrer qu’après le Covid on peut construire une société de vraies libertés. Donner la possibilité à ceux qui veulent entreprendre de le faire plus rapidement, redonner un cap. Le risque c’est que l’on garde dans notre droit et nos manières d’être des traces de la crise Covid, avec un Etat qui impose des règles, qui interdit. C’est une question de philosophie de l’action publique. Il faut aussi donner des perspectives optimistes : l’économie va mieux, la saison touristique a été préservée. Il faut décoincer le pays, rétablir les grandes libertés constitutionnelles.
Quel regard vous portez sur les convois de la liberté inspirés du mouvement canadien ?
Je me méfie toujours des mouvements de mimétisme. Ce qui se passe à Ottawa arrive pour des raisons de fond qui n’existent pas en France. En revanche, les problèmes de la crise des Gilets jaunes n’ont pas été réparés structurellement et sont toujours des sujets : le pouvoir d’achat, le prix des carburants, la crise de la représentation politique. Aussi, au lieu de dire, ce week-end, qu’il faut cadenasser Paris, on ferait mieux d’écouter ce que le pays a à dire. Il est urgent d’écouter les Français et ce qui se passe dans le pays. Aucun candidat n’est dans cette dynamique et le gouvernement, n’en parlons pas.
Chez Les Républicains, Éric Ciotti s’est montré très ferme avec les convois de la liberté, est-ce une erreur de ne pas les considérer plus ?
A partir du moment où les formes d’expression ne se manifestent pas de manière violente et n’ont pas de conséquences économiques trop importantes, elles sont légitimes. Le principe de la liberté d’expression et de manifestation est important. Il vaut mieux écouter ce qui se passe que de réagir violemment.
Si jamais Valérie Pécresse ne se saisit pas du discours sur les libertés, comme vous l’y appelez, est-ce que vous pourriez vous détourner de sa campagne, vous mettre en retrait ou même soutenir un autre candidat ?
Je ne suis qu’un sénateur de base. Mais ce qui est sûr c’est que s’il elle ne s’en saisit pas, quelqu’un d’autre le fera. Et puisque ça ne viendra pas de l’extrême-droite ou de l’extrême gauche, ce sera sans doute le président de la République à la fin de la campagne. Et à ce moment-là, il sera trop tard pour dire « nous aussi nous sommes pour la liberté ». J’aurais donné les conseils que j’ai pu à l’instant T. Je préfère le dire avant le meeting de dimanche plutôt qu’après sur le mode du regret. Moi, je ne sais pas, on verra. La présidentielle est dans deux mois.
Valérie Pécresse tiendra donc son grand meeting au Zenith ce dimanche, beaucoup disent que c’est son va-tout, qu’en attendez-vous d’autre que cette impulsion sur les libertés ?
J’attends qu’elle parle d’elle, de son rapport à la France, qu’elle sorte les tripes, qu’elle trace un plan pour le pays pour les 20 ans qui viennent. Et surtout, qu’elle se positionne sur le créneau des libertés qui me semble en jachère aujourd’hui car on pense à tort que l’électorat de droite attend un discours autoritaire et sécuritaire. Comme homme de centre-droit, je pense l’inverse. J’attends un discours libéral et sur les libertés. Car il y aura toujours plus sécuritaire qu’elle. Et le risque c’est que fin mars ou début avril, ce soit Emmanuel Macron qui rétablisse les libertés publiques, qui supprime le port du masque, le passe vaccinal. Si elle ne le fait pas, elle aura abandonné cet espace et c’est à mes yeux une erreur. Quand vous êtes à 14-15 % dans les sondages, quels risques vous prenez à être le candidat des libertés ? Qu’on lui reproche d’être trop engagée sur les libertés publiques ? C’est au contraire ce qu’un homme de centre-droit, modéré, père de famille de 41 ans, comme moi, attend de la candidate du camp auquel il appartient à la présidentielle. Ne pas le faire, risque de nous coûter tous très cher. Cela va coûter au pays et au camp auquel elle appartient. Ce n’est pas la ligne Ciotti qui a été retenue à la primaire.
Le Figaro évoquait de difficiles négociations entre LR et l’UDI pour les investitures aux législatives. Est-ce qu’il y a des fritures importantes sur la ligne dans votre camp ? Est-ce quelque chose qui vous inquiète ?
Je suis dans le parti d’Hervé Morin, les Centristes, pas à l’UDI,mais je suis parfaitement au courant de ce qui se passe effectivement entre Les Républicains, l’UDI et les Centristes. Il y a un énorme problème. Les discussions se passent très mal. Dans mon département, l’UDI a investi trois candidats sur six circonscriptions, le Nouveau centre a fait remonter un nom… et Les Républicains ont investi six Républicains. Donc ça se passe très mal et cela contribue à l’ambiance de la campagne. Je ne suis pas sûr que Valérie Pécresse soit assez attentive à ce qu'il se passe. C’est une stratégie de rabougrissement, de repli sur soi, pensant que la présidentielle est gagnée, ce qui est loin d’être le cas, et que les Centristes n'existent plus. Je suis élu d’une vieille terre centriste, modérée. Si on veut exister politiquement, on ne peut pas aller uniquement sur la droite la plus dure mais aussi en occupant l’espace politique du centre droit. Et ils n’ont pas compris l’enjeu stratégique que cela représentait. Donc il y a bien plus que de la friture sur la ligne. LR est complètement fermé. Nous aurons des candidats qui défendront leur ligne et on verra qui gagne à la fin. Mais si la présidentielle se passe mal, je souhaite bien du courage à ceux qui auront empêché de faire l’union de la droite et du centre droit pour recoller les morceaux. Ils se comportent comme un vieux RPR rabougri, on fera les comptes. A la fin, ce sont les Français qui tranchent.
Propos recueillis par Guilhem Dedoyard