10 février 2022: Nous allons commémorer le 80ème anniversaire de la Mort du Normandie, le plus beau navire de tous les temps!
10 février 1942. Date funeste, une de plus, dans la tragique descente aux enfers de la France en ce début de Seconde guerre mondiale: le plus beau, le plus puissant, le plus rapide et le plus grand paquebot de tous les temps chavirait dans sa darse à New York après un terrible incendie qui dévora ses entrailles.
Le Normandie est un navire mythique. L'évocation de cette alliance confinant à la perfection sinon au sublime entre la puissance technologique et le luxe le plus raffiné peut faire pleurer d'émotion: le Normandie fut, assurément, le plus beau poème écrit sur la mer par le génie humain.
Et cette merveille des merveilles portait le nom de notre région pour rappeler l'importance depuis la seconde moitié du XIXème siècle de la ligne transatlantique ouverte entre le port du Havre et New York.
A une vitesse inégalée de 30 noeuds soit un peu plus de... 55 km/h! sur la houle de l'Atlantique, le Normandie emportait ses milliers de passagers vers l'Amérique en moins de cinq jours, dans un confort et un luxe exceptionnels. Au coeur du géant? Une extraordinaire salle à manger de 80 mètres de long entièrement parée de glaces, de cristaux et de verres conçus et dessinés par les plus grands artistes: l'une des plus belles créations des arts décoratifs de tous les temps! Disparue corps et biens mises à part quelques précieuses reliques disséminées dans quelques collections particulières...
L'extraordinaire salle à manger...
... Sur laquelle s'ouvraient les deux monumentaux ventaux d'un porte de bronze, ornée de médaillons représentant les principales villes de notre chère province: la porte existe toujours. Elle à New York et elle orne la cathédrale libanaise de Brooklyn. On y reconnaît la cathédrale de Lisieux, l'église de Saint-Lô (avant guerre, hélas!), le beffroi d'Evreux, l'église Saint-Pierre de Caen, le Gros horloge de Rouen...
Quelques pièces de mobilier issu de cet ensemble prodigieux ont été sauvés. Ils font la joie des collectionneurs quand ils apparaissent dans des ventes... Ainsi ce fauteuil tapissé à nos deux léopards qui se trouvait dans la salle à manger du paquebot:
A ne pas manquer, pour tous les nostalgiques de ce paquebot de légende, la soirée spéciale organisée sur France 3 ce jeudi 3 février 2022 avec un documentaire exceptionnel qui reprend l'enquête autour de ce tragique incendie de février 1942 alors que le Normandie, réquisitionné par le gouvernement américain pour son effort de guerre, était en cours de transformation en navire transporteur de troupes sous le nom de "La Fayette" avec pour destination finale...
Les côtes de la Normandie, un certain matin de juin 1944!
Le martyre du Normandie à New York en 1942 annonçait le martyre de ... la Normandie pour la Liberté, deux ans plus tard!
À Saint-Nazaire, l’étonnant album géant du paquebot Normandie (ouest-france.fr)
Bouquiniste à Saint-Nazaire, berceau du célèbre transatlantique, Philippe Raffin a déniché une curiosité : un exceptionnel portfolio XXL de quelque 140 photos, pesant 9 kg d’histoire navale. À l’heure où l’on commémore les 80 ans de l’incendie fatal dans le port de New York, qui mit fin à la carrière du liner mythique, il accepte de montrer cette pièce exceptionnelle.
C’est un bel objet, rare et ancien, certes un peu fatigué, mais de dimensions respectables pour un album photo : 52 cm par 41 pour 7 cm d’épaisseur… et 9 kg. Il vaut son pesant d’histoire, semble penser Philippe Raffin en le serrant contre lui. C’est ce bouquiniste de Saint-Nazaire qui l’a déniché voici « une quinzaine d’années ».
Lire aussi : La mafia, les nazis ? Qui a réellement détruit le paquebot « Normandie » à New York, en 1942 ?
Mais le poids de ce portfolio de 82 pages, renfermant quelque 140 photos du paquebot Normandie, réside aussi dans son originalité et sa rareté. Quantité de documents et d’objets circulent sur l’histoire de ce liner mythique parti de Saint-Nazaire en 1935. Mais, de mémoire de libraire spécialisé dans l’ancien, peu ressemblent à celui-ci.
Et à l’heure où l’on commémore les 80 ans de l’incendie du « plus beau bateau du monde », comme le nomment ses admirateurs, Philippe Raffin a accepté de montrer cette pièce exceptionnelle.
Le paquebot Normandie à l'essai devant Saint-Nazaire (1935). (Collection particulière de Philippe Raffin)
Un luxueux cadeau d’affaires
Son origine est assez facile à deviner. Outre le titre Normandie, la couverture porte des initiales gravées : « A. de M. ». À l’intérieur, la toute première vue de l’album renseigne sur leur signification.
C’est un portrait de René Pugnet, premier commandant du Normandie, accompagnée d’une dédicace signée de sa main : « A Auguste de Montaigne, en toute amitié et en souvenir de la construction de Normandie et des belles parties de chasse qui, pour moi et grâce à lui, l’ont accompagnée. »
Très probablement un cadeau d’affaires de luxe et de prestige. On n’en apprend pas davantage, en revanche, sur le personnage à qui il est destiné.
Des photos du Courrier de Saint-Nazaire
Quant aux photos elles-mêmes, difficile de dire qu’elles sont totalement inédites. Il en existe tellement. En revanche, beaucoup d’entre elles ne figurent dans aucune des publications, pourtant nombreuses, consacrées au paquebot.
Sur leur origine, peu de précisions là encore, sauf cet indice : au verso de celles qui se décollent légèrement, on aperçoit la mention tamponnée « Reportage photographique du Courrier – Saint-Nazaire ».
On peut en déduire qu’une bonne partie au moins des clichés proviennent des archives du Courrier de Saint-Nazaire et de sa région. Cet hebdomadaire local et dominical, publié de 1867 à 1944, a en effet largement couvert la naissance du fameux transatlantique.
La trace du peintre René-Yves Creston
Enfin, en guise d’annexe, la toute dernière page montre un collage de coupures de presse dont la signature retient l’attention. Il s’agit d’un reportage de René-Yves Creston, « envoyé spécial », intitulé À bord de « Normandie » pendant ses essais, en 1935. Un article illustré des dessins de cet artiste et ethnologue nazairien, cofondateur du mouvement artistique breton des Seiz Breur (les sept frères).
Comme en écho, l’un des plus célèbres tableaux de ce peintre officiel de la Marine orne justement le domicile de Philippe Raffin. Une lithographie numérotée d’un bois gravé, intitulé La construction du Normandie à Saint-Nazaire.
« Ce qui est grisant, ce n’est pas de vendre, c’est de trouver »
Mais le patrimoine maritime ne résume pas à lui seul l’activité de bouquiniste et de bibliophile de Philippe Raffin, plutôt animé par la quête de la rareté en général, pourvu qu’elle soit de papier. Car « ce qui est grisant, confie-t-il, ce n’est pas de vendre, c’est de trouver ».
Alors, pour cet album photo XXL dont il n’est pas encore résolu à se séparer, avis aux éventuels chineurs : « Un jour peut-être, mais dans une vente spécialisée. »
Lire aussi : Saint-Nazaire. Des œuvres d’art du paquebot Normandie restaurées à Escal’Atlantic
Un hors-série Ouest-France et une projection de documentaire à Saint-Nazaire
Hors-série Normandie, une star mondiale. Quatre-vingts ans après l’incendie qui a signé la fin du Normandie, Ouest-France retrace la vie du navire dans un hors-série de 64 pages, 90 photos (un poster offert), 5,90 €, disponible en points presse et sur editions.ouest-france.fr ; et publie le livre L’Incendie du Normandie, un sabotage nazi ?, de Jean-François Pahun, disponible vendredi 4 février en librairie (196 pages, 15 €).
Projection du documentaire Normandie l’ombre d’un doute, Incendie accidentel ou criminel ? Négligence ou sabotage ? Le documentariste Jean-François Pahun livre aussi, dans un documentaire de 52 minutes, une enquête de plusieurs années en avant-première, à Saint-Nazaire. À l’issue de la projection, Daniel Sicard, ancien directeur de l’écomusée de Saint-Nazaire, et Tiphaine Yvon, responsable du Pôle patrimoine de Saint-Nazaire agglomération tourisme, répondront aux questions des spectateurs et à celles des journalistes de Ouest-France Véronique Couzinou et Stéphanie Germain.
Projection mercredi 2 février, de 19 h à 22 h, au Cinéville de Saint-Nazaire (gratuit sur inscription: bit.ly/Normandie0202 et my.weezevent.com/rencontreOFlenormandie).
Deux diffusions du documentaire sont également programmées sur France 3 en deuxième partie de soirée, jeudi 3 février, en régions Normandie et Bretagne, et mercredi 9 février en Pays de la Loire.