Billet de Florestan:
Avant de lire l'article ci-dessous proposé par "la rédaction de la Presse de la Manche", il faut se rappeler quelques évidences au sujet des journalistes:
1) Un journaliste objectif ça n'existe pas, cela tient plutôt de l'oxymore.
2) Les journalistes sont les seuls intellectuels professionnels qui s'autorisent le droit de travailler avec leurs préjugés.
3) Charles Péguy, un auteur que l'on peut étudier dans les écoles de journalisme, disait: "Il faut toujours dire ce que l'on voit ; surtout, il faut toujours, ce qui est plus difficile, voir ce que l'on voit." Chez de nombreux journalistes, sous prétexte d'avoir choisi "un angle", autrement dit un préjugé, on prend sans vergogne le risque du mensonge par omission en relatant le seul point-de-vue du réel qui intéresse le journaliste qui croit savoir ce qui pourrait intéresser aussi ses lecteurs...
Exemple parfait avec ce qui suit avec un projet mal traité par la presse locale et régionale depuis le début...
Albert Camus, un auteur qu'on aime bien chez les journalistes, disait: "malnommer les choses c'est ajouter du malheur au monde". C'est précisément le cas avec ce projet de spectacle d'histoire publique imaginé par des scénographes québécois dédié à la mémoire de tous les héros de l'été 1944 en Normandie désobligeamment nommé "D-day Land" par quelques opposants qui n'ont toujours pas compris la démarche d'éducation populaire proposée par les projets d'"histoire publique".
C'est ainsi faire preuve d'une grande paresse intellectuelle ou d'un certain confort moral indigne de notre sujet que de confondre, par exemple, le parc d'attractions "Disneyland", parc de pur divertissement, avec celui du Puy-du-Fou en Vendée où le ludique est toujours prétexte à une éducation populaire à l'Histoire à partir de scénographies basées sur des éléments scientifiques.
Dans le cas du projet normand sur l'été 1944, la démarche consiste à s'inspirer de ce qui a été développé sur plusieurs thèmes au Puy-du-Fou mais en concentrant la mise en oeuvre avec force et sobriété sur un thème unique: raconter l'histoire épique et tragique de tous les héros, qu'ils soient militaires ou civils de la bataille de Normandie pour la Libération de la France et de l'Europe durant l'été 1944.
Rien à voir, donc! avec Disneyland ou Hollywood et encore moins avec la boutique à souvenirs touristiques plantée devant un camp de concentration sinistrement célèbre du centre de la Pologne!
Manche : quel avenir pour le projet mémoriel « D-day Land » ? | La Presse de la Manche (actu.fr)
Manche : quel avenir pour le projet mémoriel « D-day Land» ?
Le Comite montois d'opposition à la création du site projet mémoriel "Hommage aux héros" (ou "D-day Land") fait le point sur la situation.
En janvier 2020, le président de la Région Normandie, Hervé Morin, approuvait l’idée de la création d’un parc mémoriel consacré au Débarquement. Rapidement repris sous le nom « D-day Land », notamment par Jean-Marc Lefranc – alors président du Comité du Débarquement – le projet a suscité de vives critiques. Et une pétition a été lancée.
Pour le Comité montois d’opposition au projet D-Day Land, Bertrand Legendre revient sur le sujet en ce début 2022.
« Sur le plan moral, tout d'abord, l'ambition ouvertement commerciale affichée par les promoteurs a choqué les familles et les associations de vétérans, les responsables de nombreux organismes liés à la mémoire de la Seconde Guerre mondiale, des historiens et un grand nombre de personnes qui, à titre individuel, ont exprimé leur désapprobation face à un projet qui, sous prétexte d'assurer la transmission de la mémoire, vise en réalité à faire de l'argent sur une des plus grandes tragédies de l'Histoire. »
Bertrand Legendre Comité montois d'opposition
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« Saccage environnemental »
Sur ce plan éthique, poursuit Bertrand Legendre, « le tourisme intensif », « le projet de rue commerçante au sein du parc », la recherche d’un « effet waouh » voulu par Régis Lefebvre (l’un des trois concepteurs) ont « cristallisé les critiques ».
Les conséquences environnementales de ce projet constituent le second aspect, tout aussi important, de l’opposition qu’il rencontre. « Le D-Day Land est en effet supposé occuper une trentaine d’hectares de terres agricoles situées à Saint-Hilaire-Petitville, « alors même que les signaux d’alarme et les contraintes se multiplient à l’échelle locale » (montée du niveau de la mer, nécessité d’augmenter la capacité totale de logements tout en conservant la qualité de vie et la biodiversité, restrictions imposées par le Scot) comme à l’échelle planétaire (dernier rapport du Giec). Les comités d’opposition au D-Day Land et les associations de protection de la nature ont à plusieurs reprises dénoncé la perspective d’un « saccage environnemental ».
À ce jour, deux ans après l’annonce retentissante de ce projet, c’est le silence qui est de mise. Pour le Comité montois d’opposition au projet D-Day Land, l’objectif d’une ouverture pour le 80e anniversaire du Débarquement (juin 2024) semble « hors d’atteinte ». Aucune nouvelle présentation n’a eu lieu et les promoteurs « ne se montrent pas pressés de faire connaître les progrès de leur Hommage aux héros ».
Et de conclure : « Quel crédit accorder à la rumeur selon laquelle ils se seraient découragés ? Deux ans après le début de cette affaire, ne serait-il pas temps que l’on nous dise clairement ce qu’il en est, et que chacun sache si l’effet waouh annoncé fera ou non autre chose qu’un simple effet pschitt ».
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