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La relation des Normands à la mer a changé: de moins en moins fonctionnelle... De plus en plus ludique et sportive!
Grand port maritime, pêche et conchyliculture...
La Normandie fut et demeure la grande région des "travailleurs de la mer" (Victor Hugo).
De là, une conception très pragmatique et fonctionnelle de la relation d'abord nourricière et professionnelle entretenue par les Normands du littoral à la mer...
Raoul Dufy: les charbonniers du port du Havre. Premier grand tableau du célèbre peintre havrais qui donne à voir les dures réalités du travail portuaire...
Comme les Normands sont plus faiseux que diseux, une relation plus bavarde et esthétique à l'espace marin c'était surtout une affaire de Parisiens en villégiature pour les bains de mer de la saison estivale.
De là à dire, faute que les intéressés n'en disent davantage, que les Normands "avaient tourné le dos à la mer" contrairement aux... Bretons (on les voit venir avec leurs gros sabots...) qui seraient, à l'inverse des Normands, des "paysans rêvant de la mer"! Voilà une baliverne sinon un préjugé médiatique que l'on voit parfois traîner dans la presse quotidienne régionale... bretonne (évidemment!)
Le lien économique, social et culturel entre les Normands et la mer demeure essentiel sinon évident. Mais comme toute chose évidente, concrète, quotidienne ou prosaïque, on n'en parle pas.
Sauf lorsqu'il y a un drame, un "péri en mé" pour reprendre la magnifique chanson du poète normand du Cotentin Côtis-Capel... Sauf quand les travailleurs de la mer sont privés de leur gagne-pain pour des raisons qui n'ont rien à voir avec la mer: C'est le cas, ces temps-ci, avec les conséquences du Brexit ou de l'implantation absurde d'éoliennes marines...
Comme toujours, les réalités normandes qui ont le défaut d'être authentiques, sont en retard avec l'évolution symbolique et médiatique de l'époque: s'il doit y avoir une différence entre un marin Normand et un marin Breton c'est dans le faire savoir et la capacité à la mythomanie qu'elle pourrait se trouver. En Bretagne, la mer on la vend aussi et là-bas, ils savent raconter les histoires qui font plaisir aux clients, généralement des touristes Parisiens qui rêvent de réalités maritimes qui n'existent pas ou qui ne correspondent pas à l'essentiel de la réalité.
Vendre du rêve sinon du vent pour cacher la misère et arrondir les fins de mois: voilà ce que la maritimité bretonne est capable de faire car, contrairement à la maritimité normande plus vaste dans son organisation et ses trafics, plus riche aussi, les gagne-petits sont obligés d'avoir plus d'idées que ceux qui bénéficient d'un certain confort matériel et intellectuel.
En un mot, la maritimité normande n'a rien à voir avec la piraterie et ses aventures... Même symboliques ou médiatiques.
Mais les temps changent: le modèle maritime britanno-vendéen du nautisme qui s'est développé depuis les années 1970 sur les côtes plus austères de l'Ouest atlantique, intègre la Normandie à son système symbolique et médiatique.
On rappelle, pour finir, que la Normandie est de loin, toutes activités économiques confondues réalisées sur son littoral et sur sa façade maritime, la première région française pour l'économie maritime.
Mais tout le monde s'en fout!
Car un voilier de course et son skipper lancés à toute allure sur l'Océan sous un grand pavois publicitaire, c'est plus sympa à regarder à la télé que les manoeuvres de lamanage d'un porte-conteneurs géant dans les eaux huileuses d'une darse du port du Havre!
ENTRETIEN. Nautisme : pourquoi la Normandie fait le pari du sport (ouest-france.fr)
La Région Normandie affiche ses ambitions dans le secteur du nautisme en développant un plan tourné vers le sport, le tourisme et l’économie.
Marie-Agnès Poussier-Winsback, vice-présidente de la Région Normandie en charge du tourisme et du nautisme.
Nous sommes sur les quais de la Transat Jacques-Vabre. La Normandie est devenue co-organisatrice de cet événement. Pourquoi cette montée en puissance ?
Pendant la campagne des régionales en 2015, nous étions venus avec Hervé Morin sur le village de la Transat. Nous avions découvert avec surprise que la Région n’était absolument pas présente. Dès 2017, la Région Normandie est devenue partenaire. Un événement de cette nature est une excellente occasion de promouvoir la Normandie, ses produits, ses industriels. En 2019, l’on a senti que la course devait franchir une étape. Les organisateurs historiques, le groupe JDE et la Ville du Havre se sont tournés vers nous. Nous avons accepté de devenir co-organisateur. Cela rentre parfaitement dans notre volonté de miser sur la voile dans sa dimension de sport de haut niveau.
La Normandie accompagne d’autres rendez-vous de la voile, Normandy Channel Race à Caen, Fastnet à Cherbourg. Une démarche que vous allez poursuivre ?
Nous accompagnons naturellement les événements à dimension régionale et d’autant plus s’ils ont un retentissement national, voire international. Cela a du sens. Cette semaine au Havre, les hôtels, les restaurants sont pleins. L’événementiel est incontournable pour assurer la promotion de nos collectivités. Et beaucoup de business se crée autour de ces événements.
Pendant longtemps, la Normandie semble avoir tourné le dos à la mer. Sentez-vous une évolution ?
À une époque, la mer a nourri beaucoup de monde en Normandie. Et puis, la grande pêche a disparu dans les années 70. Un choc pour de nombreuses personnes. Je pense qu’il a fallu une génération pour se tourner à nouveau vers la mer et en refaire un atout. Disposer de 600 km de côtes est un formidable outil pour notre attractivité.
Le tourisme figure en bonne place dans le plan nautisme de la Normandie. Sur quel axe travaillez-vous ?
Aujourd’hui, sur le tourisme, il faut travailler l’expérience-client. Un exemple, je viens au Havre pour faire de la voile. J’arrive en train. Ai-je un accès facile aux bateaux ? Dans mon hôtel, sera-t-il possible de faire sécher mes vêtements ? Est-il possible de louer un bateau ? Selon mon niveau, trouverai-je des professionnels pour me conseiller ? Il faut s’interroger sur tous ces détails. Enfin, globalement, nous devons monter en qualité pour nos équipements. La Région est toujours aux côtés des villes qui investissent sur ce dernier point.
La question des places dans les ports est-elle un problème en Normandie ?
Sur cette question aussi, la Normandie accompagnera les collectivités qui ont des projets de développement. Je pense à Granville ou à Barneville-Carteret (Manche). Mais les élus locaux doivent faire preuve de vigilance. De nouvelles pratiques se développent. Les gens n’ont plus forcément l’envie d’être propriétaire de leur bateau. L’on va vers des pratiques de « co-navigation ». L’on a envie que son bateau soit à Granville un week-end, puis à Fécamp (Seine-Maritime) quelques jours plus tard. À nous de créer des outils pour répondre à ces nouvelles évolutions.
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