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Sire de Sei, la Normandie en toute liberté!
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19 octobre 2021

Travailleurs amers: le rêve perdu de la "mer commune" anglo-normande...

On vous signale un article plutôt pertinent de la rédaction de Paris-Normandie sur les conséquences concrètes du Brexit dans la vie quotidienne et professionnelle de nos pêcheurs Normands qu'ils soient du continent (Normandie française) ou des îles (Normandie anglaise):

Lorsque Victor Hugo écrivit en 1866, "les travailleurs de la mer", il voulut, dans son monumental ouvrage, rendre hommage à ce peuple de marins et de pêcheurs enracinés dans les traditions et les héritages de notre Normandie ducale. A Saint-Pierre-Port (Guernesey) on peut lire gravé sur le rocher qui supporte la statue du grand écrivain ce qui suit:

Capture d’écran du 2021-10-19 09-08-00

En 1839, après des années de tensions et de conflits engendrés par la guerre séculaire opposant la France et l'Angleterre de Louis XIV à Napoléon 1er, un accord fut trouvé dans le cadre de la nouvelle "Entente cordiale" pour poser le principe d'une "mer commune" entre les pêcheurs des îles et les pêcheurs du continent. Ce cadre a duré, peu ou prou, jusqu'à la Seconde guerre mondiale avec le traumatisme de l'occupation des îles anglo-normandes par l'armée allemande nazie. C'est donc cette mer commune anglo-normande que le poète Hugo a célébré.

En 1949, les conflits entre pêcheurs français et jersiais avaient repris quant aux droits de pêche du plateau des Minquiers: on se souvient encore de l'expédition des pêcheurs granvillais emmenés par le peintre Marin Marie vers la "maîtresse île". Le conflit fut tranché en faveur de Jersey avec une nouvelle ligne de partage des eaux et le maintien des usages réciproques.

Depuis les choses suivaient leurs cours avec, à partir des années 2000 et l'affirmation régionale normande tant du côté du continent que sur les îles, la volonté de renforcer tous les liens entre la Normandie et Jersey, Guernesey ou Aurigny au nom d'une histoire culturelle normande commune: dans ce contexte favorable, les accords de la baie de Granville avaient été négociés en 2000 dans l'esprit de retrouver "la mer commune" du XIXe siècle. Des projets communs entre Jersiais et Normands continentaux avaient même vu le jour pour valoriser le même trésor tel que le homard bleu.

Du côté des responsables politiques concernés, un sommet annuel de la Normandie et des îles fut institué. Il a lieu en septembre, en alternance dans les îles ou sur le continent et réunit les états de Jersey, de Guernesey, Aurigny, le département de la Manche et la région Normandie.

Ainsi, le 1er janvier 2016, lorsque s'était réunie pour une séance historique et fondatrice le tout nouveau conseil régional de la Normandie réunifiée, les représentants officiels des bailliages et états de Jersey et de Guernesey étaient présents à Rouen.

Puis est arrivé le Brexit et un nouvel accord de libre échange entre le Royaume-uni et l'Union européenne négocié en catastrophe par des bureaucrates lointains et un Michel Barnier peu au fait des réalités concrètes maritimes: la suite, hélas, on la connaît!


 

https://www.paris-normandie.fr/id241801/article/2021-10-18/le-traite-de-la-baie-de-granville-ou-le-reve-perdu-de-la-mer-commune-entre

Le traité de la baie de Granville ou le rêve perdu de la « mer commune » entre Normands et Anglais

Le Brexit n’en finit pas de polluer la vie quotidienne des pêcheurs normands. Zoom sur la baie de Granville, une zone capitale pour les bateaux immatriculés en Normandie.

Le traité de la baie de Granville a régi pendant 20 ans le partage des droits de pêche entre Jersey et côtes françaises voisines: son abolition par l’accord post-Brexit a ouvert une période d’incertitude pour les pêcheurs normands.

«La baie de Granville, c’était un des derniers bastions d’une pêche artisanale forte: c’est cela qui va disparaître, emporté par la vague populiste du Brexit», regrette Eric Leguelinel, négociateur puis responsable du traité de la baie pour le comité régional des pêches de Normandie.

Dans le port de Granville, le sentiment général est celui d’un «immense gâchis». «On avait un système unique, on gérait nous-mêmes la mer commune et tout le monde s’y retrouvait», estime le patron-pêcheur Pascal Delacour.

Le gouvernement de Jersey est désormais seul habilité à délivrer les autorisations de pêche dans ses eaux. Les discussions actuelles ne portent que sur l’octroi des licences dont les modalités précises seront fixées dans un deuxième temps. «A terme, nous savons avec certitude que nous perdrons tous nos droits», affirme Eric Leguelinel.

Les précieuses licences «baie de Granville »
Signé le 4 juillet 2000, l’accord de la baie de Granville délimitait un secteur de mer commun chevauchant les eaux territoriales des deux parties où les pêcheurs normands, bretons et jersiais avaient accès à la ressource halieutique sur un pied d’égalité. Cette ressource était gérée conjointement dans le cadre d’une commission mixte.

Une des particularités de ce traité, cité en son temps comme un exemple de coopération transfrontalière réussie, est qu’il actait la décorrélation du tracé des frontières et des droits de pêche et favorisait une pratique artisanale et locale.

«Cette mer commune était fermée aux bateaux extérieurs et rien ne pouvait être fait sans l’accord des pêcheurs», souligne Eric Leguelinel.

Côté français, les licences « baie de Granville » étaient accordées par les Normands, plus proches voisins de Jersey, avec des règles strictes: quotas, périodes de jachères et réduction des licences accordées au fil des ans. Depuis 2000, on est passé «de 122 licences à environ 90 pour les crustacés», selon le comité régional.

Une gestion à laquelle s’est toujours refusé Jersey qui n’impose ni quotas ni périodes de pêche dans ses eaux.

Deux pêches complémentaires  ?

La campagne du Brexit a alimenté les tensions et le président de l’association de pêcheurs jersiais, Don Thomson, a répété à l’envi que les navires français venaient«piller les eaux de Jersey» et qu’il était «temps de retrouver sa souveraineté».

Une « absurdité » pour le comité normand qui explique que les deux flottes ne sont pas en concurrence: les Français pêchent 30% de leurs prises dans les eaux jersiaises, mais surtout du coquillage et des poissons de fond, quand les Anglo-Normands sont essentiellement spécialisés dans le homard.

Les Jersiais livrent la quasi-totalité de leur pêche en France, dont 70% à Granville.

Au moment du Brexit, «on avait commencé à discuter pour limiter l’accès aux eaux de Jersey aux bateaux qui y allaient vraiment ces dernières années», affirme Eric Leguelinel.

Ce dialogue local a laissé place à de rudes négociations internationales pilotées par l’Union européenne «sans les gens du terrain», déplorent les pêcheurs des deux bords.

«Qu’ils nous laissent négocier notre accord avec la France ensemble, sans Londres, sans Bruxelles», plaidait en mai Loïc Farnham, pêcheur jersiais de 30 ans.


 

Commentaire de Florestan:

Nous avons ici et ailleurs défendu la mise en place d'un "Plan Hugo" à négocier à partir des réalités maritimes locales avec le soutien des collectivités territoriales concernées entre Paris, Londres et Bruxelles sur la base du principe de rétablir "la mer commune" au nom de la défense d'un patrimoine culturel et naturel unique et précieux.

Archive de l'Etoile de Normandie:

http://normandie.canalblog.com/archives/2020/10/29/38616656.html

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