Jean CASTEX ou le jacobinisme techno-parisien financier bête et méchant!
L'année 2022 n'échappera pas au bilan consternant d'Emmanuel Macron en matière de décentralisation depuis 2017:
cinq années de recentralisation, de mépris, d'infantilisation mais aussi de méfiance, malgré la promesse inaugurale d'un candidat Macron annonçant un nouveau "pacte girondin": quelle méprise! Quel mépris!
Une fois de plus, l'empoignade entre l'Etat central et des régions que l'actuel chef de l'Etat juge trop grandes et artificielles (sur ce point on ne lui donnera pas tort... sauf pour le cas normand) se fait sur une histoire de gros sous faute de n'avoir toujours pas accordé aux collectivités territoriales de ce pays une authentique autonomie de finances et de budget. Résultat? C'est Macronaparte qui, depuis l'Elysée, décide lui-même, via son factotum de Matignon, de la taille de la bourse ou de la poire pour la soif accordées aux régions...
Jean Castex a annoncé un geste de 107 millions d’euros pour les régions. Celles-ci déplorent une dotation en baisse, et le ton « choquant » du Premier ministre.
Jean Castex a provoqué l’ire des présidents de région, jeudi 30 septembre. Lors du congrès de Régions de France, dont la présidente n’est autre que la socialiste Carole Delga, à la tête de l’Occitanie, le Premier ministre a annoncé un geste financier de plus de 100 millions d’euros à destination de ces territoires, mais son discours a eu bien du mal à passer auprès de ses interlocuteurs. L’association d’élus a dénoncé le ton « choquant et humiliant » selon elle, employé par le chef du gouvernement.
Le Premier ministre était attendu par les élus sur des questions budgétaires, Carole Delga ayant dénoncé en amont de son discours une chute de 177 millions d’euros des recettes et dotations prévue dans le projet de budget 2022 présenté il y a une semaine. « Dans le projet de loi de finances pour 2022, le gouvernement tiendra son engagement de neutraliser les conséquences de la suppression des impôts de production, en compensant l’année prochaine la baisse des frais de gestion perçue au titre du financement de la formation professionnelle », a affirmé le chef du gouvernement lors de son intervention.
« C’est un engagement fort pour vos finances, à hauteur de 107 millions d’euros, qui portera la compensation totale à 127 millions d’euros », a-t-il ajouté, répondant ainsi partiellement à la demande de Carole Delga. « Nous n’irons pas plus loin », a toutefois prévenu le chef du gouvernement, en référence aux 50 millions de dotation restants dont les régions ont dénoncé la suppression lors de la présentation du budget la semaine dernière.
Après son discours, Carole Delga a immédiatement organisé une réunion extraordinaire des présidents de région. En conférence de presse, Carole Delga, aux côtés du LR Renaud Muselier, président délégué, a fustigé une baisse de dotation qui ne concerne que les régions et épargne les autres collectivités. « Nous avons été très choqués par le ton employé dans ce discours », a-t-elle affirmé, le qualifiant « d’humiliant ». « Il n’est pas possible de recevoir des leçons sur ce ton, données de cette façon pensant que nous n’avons pas su travailler. Nous avons autant de légitimité que les ministres », s’est-elle exclamée.
La présidente de l’Occitanie a d’ailleurs reçu le soutien du président LR du Sénat Gérard Larcher : « Les dotations ne sont pas des variables d’ajustement budgétaire », a-t-il déclaré lors du congrès. Dans son intervention, Jean Castex a assuré que l’État n’avait pas « laissé tomber les collectivités territoriales » pendant la crise sanitaire. Selon lui, l’impact de la crise s’est élevé à 92 milliards d’euros en 2020 pour le budget de l’État, contre 4 milliards de pertes pour les collectivités. Quant aux dotations, elles « sont restées parfaitement stables » sous ce quinquennat, a-t-il souligné, rappelant qu’elles avaient diminué de 10 milliards entre 2013 et 2017.
Les Régions et le gouvernement ne partagent pas la même vision de la réalité du pays !
Le Premier Ministre a été accueilli par les Régions de France réunies en congrès avec une proposition de main tendue et une volonté de travailler en partenariat avec l’État au vu de la situation du pays et des besoins de nos concitoyens.
Les réponses du Premier ministre ne sont pas à la hauteur des attentes des français qui ont été clairement exprimées dans le sondage IFOP réalisé avec la Fondation Jean Jaurès : des décisions plus rapides et mieux adaptées aux différentes réalités de vie. Au contraire, nous avons entendu le portrait idyllique d’un État apportant seul les réponses à tous les problèmes du pays. Les questions posées par les Régions qui sont, comme toutes les assemblées d’élus locaux, en proximité avec nos concitoyens, étaient pourtant claires. Les Régions voulaient notamment avoir les moyens réels d’agir pour les mobilités, pour la santé, pour la transition écologique, pour tous ces sujets qui concernent la vie quotidienne de nos concitoyens.
Nous voulions savoir comment le Premier ministre voyait la «République de la confiance», indispensable à la réussite de la relance et au redressement de la France. Et bien, la réponse est restée : la «République de la centralité» conforme à la ligne du quinquennat d’Emmanuel Macron.
C’est très regrettable et ça ne peut pas être masqué par une annulation partielle de baisses de dotations qui ne visent que les régions, ni par un réabondement des financements sur la formation des demandeurs d’emploi. Le partenariat que nous appelons de nos vœux reste au point mort.
Nous croyons nous à la République du faire ensemble et du partenariat incarné par Territoires Unis. Pour les présidentes et présidents de Régions, ce quinquennat s’achève donc comme il avait commencé : la volonté clairement exprimée de l’État de ne pas travailler avec eux. Nous le regrettons. Carole Delga va réunir dans les prochains jours un conseil des Régions extraordinaire pour tirer les conséquences de cette prise de position.