Billet de Florestan:

On apprend donc que les "Anglo-américains", pour parler comme le Général de Gaulle débarquant le 14 juin 1944 à Courseulles-sur-Mer dans le cadre d'une opération "Overlord" décidée dans le dos de la France Libre et résistante, ont décidé de reprendre la main sur l'équipement en sous-marins nucléaires de la marine australienne alors que l'Australie, pays membre du Commonwealth et dont le chef de l'Etat est toujours la Reine d'Angleterre, avait osé signer avec la France (Naval Group) "le contrat du siècle" d'un montant total de 56 milliards d'euros.

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Ce contrat devait assurer des dizaines d'années de travail et des miliers d'emplois pour l'arsenal de Cherbourg et son réseau de sous-traitants dans toute la Normandie et dans le reste de notre pays.

Cette nouvelle fourberie de la perfide Albion, version anglo-américaine, annoncée au lendemain du retrait calamiteux de l'armée américaine d'Afghanistan, révèle qu'un grand redéploiement stratégique est à l'oeuvre du côté de Washington et de Londres consistant à se retirer du bourbier trop complexe du théâtre arabo-musulman où il n'y a que des coups à prendre, pour se consacrer prioritairement à une nouvelle politique d'endiguement mondiale non plus contre la Russie mais contre la Chine. Nom de code de l'opération: l'acronyme AUKUS pour "Australia; United Kingdom et United States" qui baptise ainsi un nouveau pacte militaire tourné contre la Chine qui n'a pas manqué de réagir vivement...

En clair: le combat à mener contre la menace islamiste revient d'abord aux Européens... Qu'ils se démerdent!

Mais aussi: avec le Brexit, les Britanniques confirment qu'ils retournent au grand large. Priorité à l'alliance avec les USA et réactivation du Commonwealth. En France, certains ont oublié que l'Australie s'appelle officiellement "Commonwealth of Australia": contrairement à nous, les Anglo-américains tiennent leur "pré carré" international et les véléités australiennes d'une totale indépendance à l'égard de Londres et de la couronne britannique ont fait long feu face à la menace chinoise...

Dans cette consternante affaire, version sous-marine de Fachoda, la France tient le rôle peu amène du cocu, fesses à l'air, le pantalon sur les pieds... On peut parler d'humiliation et de discrédit. Discrédit renforcé par un Emmanuel Macron qui, avec son habituelle naïveté idéologique ignore jusqu'à ce jour deux réalités géopolitiques essentielles:

1) Les états réellement souverains n'ont pas d'amis, ils n'ont que des intérêts.

2) La "souveraineté européenne" est un mirage.

Et, ce faisant, il commet une grave erreur qui consiste à maintenir sinon à développer les outils indispensables à l'exercice d'une souveraineté nationale française (par ex: un système d'armes complet de la logistique à la puissance atomique) tout en refusant de s'en servirLa France reste dans le commandement intégré de l'OTAN - Merci Sarkozy!-  alors que Macron avait osé affirmer, non sans raison, que cette organisation militaire qui nous vassalise à la puissance américaine était "en état de mort cérébrale". Cherchez l'erreur!

Ce camouflet australien mériterait que nous en tirions toutes les conséquences...

Par exemple: la France devrait se retirer du commandement intégré de l'OTAN afin de reprendre le contrôle total opérationnel et technique de son système d'armes.

Mais aussi: la France doit renforcer sa présence dans la zone Indo-Pacifique, à commencer par la Nouvelle-Calédonie qui doit encore voter prochainement pour ou contre son indépendance (les Chinois sont à l'affût), car notre pays y possède aussi le second domaine maritime mondial avec bien peu de moyens pour le protéger ou le mettre en valeur.

Mais Macron ne fera rien ou pas grand chose...

Pis! S'il devait être réélu après avril 2022, Macron tout à son rêve européen, envisage de mutualiser avec l'Union Européenne ce qui reste de l'appareil de puissance stratégique de la France (le siège permanent au conseil de sécurité de l'ONU et la force de frappe nucléaire stratégique) sous prétexte que la France est, depuis le départ des Britanniques de l'UE, le seul état européen a disposer encore des outils et des moyens qui permettent d'accéder au statut de grande puissance ayant une influence internationale, au grand dam de l'Allemagne qui a fait de l'Union Européenne, le cadre privilégié d'une prépondérance continentale quitte à instrumentaliser les institutions de Bruxelles au profit de ses intérêts.

Au 1er janvier 2022 Macron présidera le Conseil des états membres de l'UE en étant à la tête d'une France totalement isolée en Europe car de son projet de "souveraineté européenne" aucun état membre de l'UE n'en veut: la maison de retraite de l'Histoire sous protection militaire et stratégique des Etats-Unis leur suffit même si c'est surtout le sang des soldats français qui coule pour défendre la sécurité collective des Européens face à la menace du terrorisme islamiste.

Quant aux Allemands, depuis la leçon infligée par les Américains au chancelier Conrad Adenauer qui fut à deux doigts d'accepter le projet d'armée franco-allemande proposé par le Général de Gaulle en 1963 lors de la signature du traité de l'Elysée, ils préfèrent, eux aussi, demeurer au sec sous le parapluie américain et, du fait de leur passé militaire et politique pathétique, ils ne veulent plus assumer le fardeau d'aucune responsabilité stratégique ou géopolitique.

Et si l'Allemagne se montre officiellement ouverte à la proposition française de partager ensemble le fardeau d'assumer la sécurité collective du continent européen entre les Etats-Unis à l'Ouest et la Russie à l'Est c'est surtout pour se trouver dans la situation favorable d'avoir à négocier avec la France certaines contreparties intéressantes pour les intérêts allemands telles que le partage de technologies sensibles dans l'aéronautique (par ex: Dassault) ou le démantèlement du parc électro-nucléaire d'EDF qui concurrence dangereusement les opérateurs énergétiques allemands qui ont fait le choix hasardeux de faire tourner des éoliennes avec du gaz... russe!

La veille au soir (16 septembre 2021) Macron recevait Angela Merkel pour un dernier souper à l'Elysée: on peut craindre le pire car avec un Emmanuel Macron finalement incapable d'agir et de trancher pour la défense des intérêts vitaux de la France, un compromis est surtout une compromission.

Bref ! L'imposture Macron fait perdre à la France sa posture internationale.

On se consolera en méditant l'Histoire de notre pays depuis notre chère Normandie et le passage glorieux du Général de Gaulle dans les rues de Bayeux dans la liesse de la Libération du terrible été 1944:

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La France tombe mais se relève toujours.


 https://www.lefigaro.fr/economie/sous-marins-l-australie-pourrait-annuler-le-contrat-du-siecle-avec-la-france-20210915

Sous-marins : l'Australie annule le «contrat du siècle» avec la France