Rentrée politique: lettre envoyée à Hervé MORIN, président de la Normandie

Dimanche 5 septembre 2021, à l'occasion de la fête de la Pomme, Hervé Morin fera sa rentrée politique dans le pré du manoir de la Fortière d'Epreville dans son Lieuvin normand où son enfance s'enracine...

Nous y serons pour couvrir l'événement. Mais avant cela nous avions envoyé le 30 juillet dernier une lettre au président de la Normandie dont nous vous donnons à lire le texte ci-après:

A l’attention de Monsieur Hervé Morin,

président de la Normandie

 Objet : diverses considérations normandes

A Caen, le 30 juillet 2021

 Cher monsieur,

 Je n’avais pas encore eu l’occasion de vous le dire directement mais, recevez de la part de notre collectif « Bienvenue en Normandie » toutes nos chaleureuses félicitations pour votre réélection à la tête de notre Normandie car, contrairement à beaucoup d’autres, vous démontrez que vous êtes au service de la Normandie et des Normands au lieu de mettre la Normandie au service d’intérêts personnels, partisans ou idéologiques qui lui sont étrangers.

 Au plus fort de la crise sanitaire du printemps 2020 grâce à l’action menée par votre majorité régionale, la Normandie est littéralement devenue le « bouclier social des Normands. »

 Certains s’en sont souvenus en allant voter pour vous en juin dernier et ce sont les vrais Normands qui se sont déplacés pour des élections régionales dont on a tout fait pour en annuler l’intérêt ou l’attrait : l’idée régionale a reculé comme jamais ces cinq dernières années et il serait dangereux pour l’avenir de notre France, plus que jamais en doute sur elle-même et sur son avenir, qu’elle ne recule davantage car les solutions viennent des territoires (subsidiarité). Il est vrai que la réforme de 2015 a engendré une catastrophe géographique… Sauf pour notre Normandie ! Et pour une refondation de la décentralisation régionale qui s’avère indispensable face à la complexité du fameux mille-feuilles des compétences, des finances et des périmètres, il faudra revoir la géographie : gageons que la Normandie puisse servir de modèle pour que l’idée régionale soit enfin prise au sérieux à Paris !

 Vous avez annoncé que cela sera votre dernier mandat : un mandat de confirmation de l’unité normande recouvrée mais aussi un mandat où il faut, enfin, attaquer quelques passifs structurels hérités d’une division normande qui a duré plus de 50 années. La question du retard socio-scolaire des jeunes normands issus des classes populaires, la fuite des jeunes normands les plus ambitieux, la faiblesse de l’enseignement supérieur. Mais aussi la crise du recrutement dans certains métiers et plus largement, le maintien d’un secteur industriel fort en Normandie sont des défis qu’il fallait identifier. L’autre passif, c’est le sous équipement sanitaire et médical de notre région qui s’apprête à accueillir dans les prochaines années de nouveaux habitants fuyant les contraintes de la mégalopole parisienne.

 Ajoutons à ces défis celui d’éviter que la Normandie ne soit littéralement expropriée d’elle-même quant au pilotage de l’enjeu logistique national de l’Axe Seine alors qu’elle va en être le principal financeur du développement : étant présent lors du dernier colloque sur l’Axe Seine qui s’est tenu au Havre le 6 juillet dernier, colloque organisé à l’initiative des socio-professionnels, je peux vous témoigner, à la fois, de l’agacement de ceux qui font le réel face à certaines postures ou impostures politiques faites d’annonces tapageuses et de la reconnaissance du travail réalisé par la région Normandie désormais identifiée comme le partenaire public numéro un.

 Après ces considérations d’ordre général, vous me permettrez de vous exposer quelques doléances normandes que nous avons identifiées :

• Ordinateurs proposés aux lycéens entrant en classe de seconde : est-il prévu d’équiper ces ordinateurs d’un contenu présentant la Normandie de façon exhaustive ? (histoire, géographie, héritages, patrimoine, savoir-faire, portrait économique et social, enjeux, potentiels en matière de formation…)

• Vous êtes probablement au courant du décès brutal de Mme Lecoffre qui assurait au collège de Bricquebec le seul cours de langue normande au sein de l’Education Nationale dans l’académie de Caen-Normandie : la région a-t-elle pris des mesures, une position ou une décision pour que ce cours puisse reprendre à la rentrée prochaine ?

• Nous nous félicitons, bien entendu, que l’État confirme sa décision de construire le contournement Est de Rouen mais cette construction, en l’état du projet, risque de détruire totalement le site et les derniers éléments du manoir de la Chapelle à Oissel. Ce manoir étant un haut lieu historique de notre Normandie ducale, ne serait-il pas possible de le sauver en utilisant les crédits prévus pour l’accompagnement environnemental du projet ? Si ce manoir était sauvé vous ôteriez de la bouche l’un des principaux arguments des adversaires au contournement Est. Nous avons, par ailleurs, envoyé un courrier à Mme Bourra la nouvelle DRAC pour l’alerter de cette urgence patrimoniale.

• Patrimoine normand toujours : l’association « la Demeure Historique » dans une lettre circulaire diffusée en juin dernier nous fait savoir que la région Normandie n’aide pas assez les propriétaires privés d’un patrimoine de manoirs, châteaux et maisons anciennes qui est pourtant très dense en Normandie. Par ailleurs, on note que le Comité Régional du Patrimoine mis en place en 2017 ne s’est, à notre connaissance, jamais réuni. Le patrimoine c’est le pétrole de la Normandie, la région d’Arcisse de Caumont qui a inventé l’archéologie médiévale et le concept de protection des Monuments Historiques. Nous avions fait à vos équipes pendant la campagne électorale la proposition suivante : élargir au patrimoine normand la politique d’intelligence économique et territoriale qui réussit si bien à nos entreprises car le patrimoine est un élément stratégique pour le développement régional.

• Fierté et identité normandes : nous avons appris, quelque peu ébahis que le maire de Caen voulait fêter dès 2025 le millénaire de sa ville alors que l’occasion se présente de fêter deux années après, le millénaire de la naissance de Guillaume le Conquérant (1027-2027) ce qui reviendrait au même ! Servir la Normandie ou s’en servir ? Compte tenu du calendrier des mandatures publiques, on peut se poser la question ! Par ailleurs, on apprend qu’à l’occasion de ce projet de millénaire caennais à défaut d’être normand, une tour signal de 90 mètres sera construite près des rives de l’Orne. Pourquoi pas ! Mais pourquoi cette tour doit-elle s’appeler « tour Rosa Parks ? » Je sais bien que la mode actuelle est à la cuisine américaine au « woke » mais on se permettra de préférer la gastronomie normande et l’histoire prestigieuse de notre région. En conséquence, nous espérons qu’un autre nom sera trouvé à cet édifice et que les Caennais et les Normands pourront être consultés quant au nom définitif et il est probable que Guillaume et Mathilde feront, à cette occasion leur grand retour dans la cité qu’ils ont quasiment fondée, il y a presque mille ans.

Avec nos meilleures salutations normandes,

M. Philippe CLERIS p/o le collectif « Bienvenue en Normandie »

Sur la nécessité vitale d'avoir des relations privilégiées dans la confiance et le respect réciproque entre la Normandie et l'Ile-de-France, on lira avec intérêt cette brève parue dans l'édition du 29 août 2021 (p.7) du Journal du Dimanche: